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Soudan : Béchir, l’homme qui se moque de la justice internationale

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Âgé de 71 ans et à la tête du Soudan depuis un quart de siècle, le doyen des présidents soudanais doit sa longévité aux liens qu’il a su conserver avec l’armée. Le président soudanais Omar el-Béchir, assuré d’être réélu aux élections du 13 avril, est un militaire de carrière sous influence islamiste qui défie depuis des années la justice internationale. Omar el-Béchir était devenu, en 2009, le premier chef d’État à faire l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour, une région de l’Ouest soudanais meurtrie par les violences. La CPI a ajouté l’année suivante l’accusation de génocide. Âgé de 71 ans et à la tête de ce pays pauvre d’Afrique depuis un quart de siècle, le doyen des présidents soudanais depuis l’indépendance, en 1956, doit sa longévité aux liens étroits qu’il a su conserver avec l’armée. Crâne dégarni, large moustache et silhouette enrobée, Omar el-Béchir a parcouru le pays pour faire campagne. Il a prononcé des discours aux accents populistes avant de participer aux danses traditionnelles en remuant sa canne dans les airs, sans être apparemment affecté par ses deux opérations au genou l’année dernière. Ses années au pouvoir ont été jalonnées de conflits armés avec les rebelles, au Sud, jusqu’à la paix de 2005, au Darfour et dans plusieurs autres régions. Elles ont également été marquées par une économie exsangue et des relations tumultueuses avec l’Occident. Né le 1er janvier 1944 dans une famille rurale de Hosh Bannaga, village à une centaine de kilomètres au nord de Khartoum où il demeure très populaire, Omar Hassan Ahmed el-Béchir est fasciné dès son plus jeune âge par la carrière militaire.

« Béchir le militaire »
Le 30 juin 1989, le général Béchir et un groupe d’officiers renversent le gouvernement démocratiquement élu de Sadek al-Mahdi. Ce coup d’État est appuyé par le Front islamique national, le parti de son mentor Hassan al-Tourabi, devenu aujourd’hui l’un de ses pires opposants. Sous l’influence de Tourabi, il oriente le Soudan – pays morcelé en une pléthore de tribus et alors divisé entre le Nord majoritairement musulman et le Sud peuplé de chrétiens – vers un islam radical. Khartoum devient la plaque tournante de l’internationale islamiste avec la présence de nombreux djihadistes ayant combattu en Afghanistan. Est ainsi accueilli le chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, plus tard expulsé sous la pression des États-Unis et tué par un commando américain au Pakistan en 2011. Les relations entre « Béchir le militaire » et « Tourabi l’islamiste » tournent à l’aigre à la fin des années 1990. Béchir tente alors de se démarquer de l’islamisme radical et d’améliorer ses relations avec ses adversaires et ses voisins. Il signe l’accord de paix avec les rebelles du Sud en 2005, qui ouvre la voie à un partage du pouvoir et à un référendum sur l’indépendance de cette région, où sont concentrées les réserves pétrolières. Celle-ci deviendra en 2011 l’État du Soudan du Sud. Malgré les accusations de la CPI, Omar el-Béchir consolide son pouvoir, le Parlement lui octroyant de plus larges prérogatives. Il continue de défier ouvertement la Cour en se rendant dans plusieurs pays arabes et africains. Outre les conflits armés, il fait face aussi à une économie au bord de la faillite, alors que les États-Unis imposent au Soudan un embargo économique depuis 1997 et que son pays a perdu les trois quarts de ses ressources pétrolières depuis la sécession du Sud. Béchir a deux femmes, mais pas d’enfant.

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