Suite à la fluctuation du marché pétrolier mondial, ayant induit à une chute continue des prix du brut, le gouvernement a décidé de revoir, à la baisse, les budgets de certains départements ministériels, jugés comme étant «névralgiques». Cette mesure a été prise, lors du Conseil des ministres restreint, présidé par le le chef de l’État, tenu décembre dernier. Cette réunion de crise intervenue dans une conjoncture qualifiée d’«inquiétante», a regroupé les ministres du Budget, des Finances, de l’Énergie, de l’Industrie et des Mines, du Commerce et celui de l’Agriculture. Le gouverneur de la Banque d’Algérie et le vice-ministre de la Défense ont également pris part à ce conseil, où il a été question de suivre «l’évolution du marché pétrolier et ses retombées sur la démarche économique et sociale du pays». Abdelaziz Bouteflika a instruit ses ministres de rationaliser la dépense publique et de diversifier les ressources de financement de l’économie. Si la démarche, elle-même, relève d’une décision stratégique, il n’en demeure pas moins que la mise en œuvre des mesures sur le terrain reste confuse, dès lors que le gouvernement n’a pas identifié les secteurs concernés par les coupes budgétaires, et ceux qui ne le sont pas. C’est, du moins, le constat établi à travers les déclarations des membres du gouvernement. À titre d’exemple, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a annoncé au lendemain de ce conseil que «le recrutement sera gelé en 2015, dans tous les secteurs de la Fonction publique». Partant de cette déclaration, une question s’impose : du moment que cette mesure concernera tous les secteurs, pourquoi, alors, le ministère de l’Éducation nationale est épargné? En effet, Nouria Benghebrit l’a indiqué, fin décembre, au forum de la Radio nationale, en affirmant que «le concours de recrutement des enseignants aura lieu comme prévu en mars 2015». En outre, elle a précisé que son département «n’est pas concerné pas cette mesure étant un secteur stratégique qui a besoin de combler les postes vacants». Autrement dit, s’agit-il de restrictions qui toucheront les ministères «importants», qui engagent, notamment, des budgets colossaux, ou bien, ceux jugés de «moindre importance», lesquels, a contrario, ne sont pas dotés de financements conséquents? C’est là où réside justement la complexité de l’interrogation. Car, si un secteur est considéré important, c’est qu’il est budgétivore. Dans ce cas précis, peut-on justement procéder à une réduction sur le financement d’un projet relevant du secteur de l’Industrie, par exemple, alors que des décisions sont d’ores et déjà prises à même de pallier à la crise. Pas loin qu’avant hier, Abdeslam Bouchouareb, a annoncé la reconfiguration de son secteur par la création de 12 groupes industriels. Une décision, par ailleurs, qui répond aux orientations du président de la République, selon lesquelles, il doit y avoir une création de richesses qui aboutira à une plus-value, susceptible d’améliorer la croissance économique, en vue justement de parer aux effets de la crise financière, qui prévaut actuellement. Ceci dit, l’Industrie qui requiert des moyens financiers importants, n’est pas concernée par des coupes sur son budget d’investissement, aussi bien que celui de l’Énergie d’ailleurs. Avant-hier, le P-DG de Sonatrach, Saïd Sahnoune, a annoncé sur les ondes de la Radio nationale, que 70 milliards de dollars vont être investis pour développer l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste. Partant du fait que les ministres, rassemblés en conseil restreint par le président de la République, avaient représenté les secteurs les plus stratégiques. Abdelmadjid Tebboune de l’Habitat et Nouredine Bedoui de la Formation professionnelle, ont fait savoir, dans leurs déclarations, que leurs secteurs respectifs ne sont nullement concernés par les mesures de restrictions budgétaires.
Farid Guellil