L’allègement des mesures de lutte contre le Coronavirus en Algérie, en assouplissant les horaires du confinement sur tout le territoire national à partir du premier jour du Ramadhan, a suscité une baisse remarquable du respect des mesures de prévention contre la pandémie qui menace toujours la vie des personnes dans le monde entier.
Lors du premier jour du mois sacré, des citoyens ont fait preuve d’inconscience du danger que peut procurer leurs comportements « irresponsables » dans les marchés, les rues et les magasins.
En effet, après avoir été rassurés par les autorités concernant la situation sanitaire actuelle, par la diffusion de derniers bilans qui montrent une baisse sensible du nombre des décès, indiquant que la situation est « sous contrôle » et « est stable ». En effet, sur les réseaux sociaux, de nombreux messages, sous forme image ou vidéo, ont été publiés, sur Facebook notamment, montrant une violation manifeste des mesures de prévention contre le Covid-19 surtout dans les wilayas les plus touchées et qui représentent un foyer de l’épidémie, tel que la ville de Blida, passée du stade de confinement total à un couvre-feu de 14h00 jusqu’à 7h00 du matin. Du coup, les vidéos qui circulaient sur les pages Facebook montraient visiblement les citoyens incommodés par ces mesures et « impatients » de reprendre leurs habitudes quotidiennes d’une vie ordinaire comme si aucun danger ne menace leur santé. L’on rapporte également le non-respect des règles de distanciation. Causeries en groupe, afflux dans les marchés et autres supérettes et des images qui montrent de plus en plus de monde dans les rues. D’autres vidéos témoignent des embouteillages dans les rues d’Alger. Dans ce sens, de nombreux appels des internautes ont été lancés dans l’espace bleu, pour sensibiliser les Algériens qui continuent à violer les règles du confinement, indiquant que les conséquences de cette violation seront « très lourdes » voire « graves » et « catastrophique ». C’est pour cela que seul le respect total du confinement et des mesures de prévention peuvent sauver les citoyens.
Dr. Merabet : « Le dispositif de prévention doit être de mise »
Pour le Dr. Lyes Merabet, Président du Syndicat national des praticiens de la Santé publique (SNPSP), « La stabilité de la situation et les chiffres communiqués par les autorités n’est qu’une question temporaire ». Sur une publication faite sur son compte Facebook, Dr. Merabet explique : « Certains responsables exagèrent dans ce sujet en ignorant les conséquences de leurs déclarations », affirmant que la chloroquine n’ « est pas la solution » pour se débarrasser de cette pandémie, et que la vaccination, « ce n’est pas pour demain». Sauf que, précise-t-il, « le confinement, la distanciation physique entre personnes, les mesures d’hygiène et le port obligatoire de masques doivent être maintenus ». Ajoutant aussi que le dépistage massif et ciblé « doit être un choix stratégique » dans le plan d’action sanitaire.
De son côté, Messaoud Amraoui, ancien syndicaliste de l’UNPEF, a exprimé hier dans un post publié sur sa page Facebook son étonnement et sa surprise par rapport aux nombres des cas affectés par le Covid-19 enregistré à la wilaya de Biskra, Blida et Tiaret, en raison, dit-il, du « non-respect des mesures de prévention et du confinement ».
Dr. Berkani : « Le déconfinement n’est pas à l’ordre du jour »
Également, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du coronavirus, a indiqué que ce relâchement contre le virus risque, non seulement de différer le déconfinement, mais aussi de conduire à la « catastrophe », appelant les Algériens à s’armer de patience. Précisant que le déconfinement n’est pas encore à l’ordre du jour.
« On aura remarqué qu’il y a encore une dizaine de décès et une centaine de cas (positifs) par jour et des cas en réanimation même si la situation s’est stabilisée ».
Pour rappel le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a fait savoir récemment qu’il n’est pas question, pour le moment, de procéder à un déconfinement, d’autant que le mois de Ramadhan est une occasion de rencontres, de sorties, etc. « Cela risque d’affecter tout le travail qui a été fait jusqu’à présent ayant permis de stabiliser la situation », souligne-t-il. Selon Benbouzid, le « déconfinement progressif » n’interviendra qu’une fois la situation stabilisée et que de nouveaux foyers ne réapparaissent plus.
Sarah Oubraham
