Le camp de l’opposition au FLN veut prendre le dessus sur ses adversaires au sein de l’actuelle direction du parti, à sa tête Amar Saâdani. C’est ce qui fait croire, du coup, à une reprise de la contestation, après une accalmie qui aurait duré trois mois, soit au lendemain de la tenue du 10e congrès «controverse» de l’ex-parti unique. Ceci intervient au moment où le premier responsable de cette formation politique s’apprête à réunir son comité central, le 18 septembre prochain, une rencontre à l’issue de laquelle, il sera question de révéler la composante du bureau politique (BP) du parti. Ainsi, le rebondissement subit des frondeurs et à leur tête les chefs de file de la protesta, montre clairement les intentions tenaces des adversaires à Saâdani de miser, encore une fois, la disqualification et la remise en cause «par voie de justice», et de la légalité du congrès de fin mai dernier et de ses résolutions finales y ont découlé. Les protestataires ne comptent pas attendre un probable verdict de la justice saisie de ce dossier, puisque, sur un autre front, ils prévoient de multiplier sur le terrain, accompagnés de la base militante, des actions à même de discréditer ce qu’ils considèrent d’une démarche mise en marche par Saâdani, depuis notamment sa désignation, pour la première fois, présidence du parti, le 29 août 2013, rappelons-le. Dans une déclaration rendue publique, par les cadres FLN parmi des députés à l’Assemblée nationale, des sénateurs, et des membres se proclamant du comité central (CC) issus du congrès de 2009, ont réitéré en somme tous les militants ayant rejeté «la mascarade du 10e congrès», leur détermination à poursuivre leurs actions en défaveur de l’actuelle équipe dirigeante du vieux parti. Officiellement donc, l’aile de l’opposition chapeautée par les ténors du parti comme Abderrahmane Belayat, Salah Goudjil, Abdelkrim Abada et Kassa Aïssi, pour n’en citer que ceux-là, a saisi d’une plainte, dossier lourd en main, le Conseil de l’État, en vue d’«invalider et d’annuler le 10e congrès», pouvait-on lire dans ce long document portant la griffe de Belayat. Pour rappel, il s’agit d’un énième recours introduit par l’opposition au niveau de l’institution judiciaire. Lors de la tenue de la session du comité central du parti en août 2013, les mêmes adversaires politiques avaient entrepris la même démarche. Le dossier de la plainte compte les mêmes griefs retenus contre les participants et les initiateurs du congrès de fin mai dernier. Globalement, il s’agit pour eux d’une rencontre anti-statutaire, empreinte de violations flagrantes des textes du parti. «Le dossier de l’affaire qui a été engagé et déposé au mois de juillet dernier, suit toujours son cours», affirme Kassa Aïssi, responsable à la communication au sein de l’aile de l’opposition, joint par téléphone hier, pour plus de précisions à ce sujet. Croyant à la justesse de leur cause, «pour nous, notre retour sur la scène est une preuve de la poursuite de notre lutte. Pour cela, au-delà de la saisine du Conseil de l’État, d’ores et déjà, nous nous projetons dans les prochains jours l’organisation d’une réunion avec les parlementaires du parti, afin d’arrêter un plan d’action qui traduira notre détermination et notre résistance. Plus que ça, nous avons également prévu plusieurs rencontres régionales avec cadres et militants authentiques et fidèles aux principes originaux du FLN, en vue de discréditer le 10e congrès et tous les documents ayant sanctionné cette rencontre illégale», a-t-il ajouté. Pour le même responsable politique, l’opposition tient à ses revendications et sa position honnête et transparente qui refuse toute soumission et toute résignation, encore moins de la fuir devant ses responsabilités. Interrogé au sujet de la réunion programmée par Saâdani le 18 septembre prochain, Kassa Aïssi, estime là encore qu’il s’agit d’un rendez-vous «nul et non-avenu» du point de vue législatif, car, a-t-il argumenté, tout ce qui a été décidé au 10e congrès n’est pas légitime, ni ses résolutions, ni les instances du parti. Et pour cause, «je vous invite à demander à voir la liste complète des membres du CC, celle du BP ou encore le texte des nouveaux statuts adopté lors du dernier congrès», a-t-il expliqué. En effet, notre interlocuteur regrette que les décisions n’aient pas été rendues publiques, un fait qui ne relève pas de la transparence, selon lui.
Cap sur les sénatoriales
Au-delà de l’action des protestataires qui visent au risque de la répéter l’invalidation du 10e congrès et son annulation pure et simple, l’opposition s’apprête à barrer la route à Amar Saâdani, en prévision notamment de la tenue, en décembre prochain, des élections sénatoriales. à ce titre, d’ores et déjà, l’action de la base militante est engagée pour appuyer les candidatures probables des partisans du changement au sein de l’ex-parti unique. C’est du moins ce qu’a révélé notre source. «Nous allons proposer des listes de vrais militants et vrais cadres fidèles aux idéaux du parti. Nous allons les soutenir et cela risquera de surprendre Saâdani. D’ailleurs, même la base militante derrière nous les appuiera à bras le corps, car elle distingue entre les vrais et faux militants», a laissé entendre Aïssi. En effet, à s’en tenir aux mêmes propos, le secrétaire général du FLN procédera non pas à des élections parmi les députés du parti en vue de sortir des urnes ses prochains représentants au sein de la deuxième chambre du Sénat, mais, «procédera par leur désignation par un tri sélectif», a-t-il avancé. En effet, à l’approche des échéances électorales, les manœuvres consistant à des tirs croisés entre militants et cadres partisans est une pratique courante chez les formations politiques. Plus que ça, elles représentent une aubaine aux partisans de l’opposition, qui leur ouvrira ainsi une tribune pour se faire peau neuve et rebondir. Le FLN ne déroge pas à cette règle. En effet, croyant dur comme fer en leur cause, les adversaires à Saâdani comptent bien prendre à revers leur ennemi politique, en lui barrant la route devant la porte du Conseil de la nation.
Farid Guellil