Installée samedi par le président de la République pendant une période difficile et devant constituer pour le système de santé national un outil important, l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS), longtemps revendiquée par les spécialistes, a reçu le satisfécit des professionnels du secteur.
En effet, contactés, hier, par nos soins, les praticiens de la santé ont salué la décision de la création de cette Agence. Ils affirment ainsi que cette institution de santé aura pour mission de tracer une feuille de route et une stratégie sanitaire contre les problèmes qui se posent dans ce domaine, tout en tirant les leçons des expériences précédentes, notamment celle du Covid-19 qui a remis en question le système de santé du monde entier.
Lyes Merabet, Président du SNPSP
Le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), Lyes Merabet, a salué la mise en place de l’ANSS. « Je salue cette décision qu’on espère qu’elle travaille d’une manière continue en réfléchissant sur l’anticipation et non pas dans la réaction », suggère-t-il. « Notre syndicat a longtemps revendiqué l’installation d’une telle agence sanitaire dotée d’une autorité de gestion, d’autonomie financière et d’action », souligne-t-il, surtout dans le côté « polytechnique, sur ses réflexions et projections ». Ajoutant à ce titre que la dépendance à l’administration et l’opinion politique a entravé le bon fonctionnement de beaucoup de commissions et de comités relevant soit du secteur de la santé ou d’autres secteurs depuis des années. Docteur Merabet a rappelé dans ce cadre que le SNPSP a appelé « plusieurs fois » les professionnels du secteur à s’organiser dans une agence ou comité sanitaire comme c’est le cas dans tous les pays du monde. « Nous avons dû installer en urgence un comité pour faire une lecture de la situation sanitaire, alors que si cette agence existait bien avant, on aurait anticipé », conclut-il.
Mohamed Yousfi, Président du SNPSSP
Le même avis est partagé par le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), Dr Mohamed Yousfi. « C’est une agence dont on salue l’installation. Car on l’attendait depuis longtemps, voire depuis 20 ans, on doit pouvoir au moins prendre en charge toutes les problématiques qui se posent du point de vue sanitaire et non pas du secteur de la santé », déclare-t-il d’emblée. Et d’ajouter que cette agence, comme son nom le révèle, sera sûrement composée des spécialistes qui vont réfléchir sur la mise en place d’une stratégie de lutte contre des « maladies et des épidémies », notamment dans les axes «technique, préventif, et stratégique » de l’agence. D’un autre côté, le volet gestion et politique qui doit être « indépendant de l’administration » afin de réussir une réforme du secteur qui ne pourra être sans une volonté politique, plaide notre interlocuteur. Pour mieux expliquer la mission et les prérogatives de l’ANSS, Dr Yousfi avance qu’elle aura la mission de « veiller sur tout ce qui est épidémique, traçant des stratégies et des ripostes ». Autrement dit, elle va aussi planifier dans le long terme tous ce qui rentre dans la sécurité sanitaire. « C’est une agence qui dépend non seulement du ministère de la Santé, mais aussi des autres secteurs », indique-t-il, ajoutant que pour réussir cette mission il faut d’abord « tirer les leçons à travers la pandémie du Covid-19 ».
Bekkat Berkani, président du CNOM
De son côté, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l’Ordre des médecins et membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la situation du coronavirus, a affirmé que cette agence est « un acquis ». « On a besoin d’une institution indépendante de la gestion sanitaire. Dans le passé le ministère de la Santé était responsable de la gestion et aussi de la réflexion du devenir de la santé », dit-il sur les ondes de la Radio Chaîne 1. Ajoutant que le rôle de cette agence est de « réfléchir une stratégie sanitaire », notamment en temps de pandémies et tracer les priorités du secteur. « On a besoin de ce genre d’agence qui trace dans le court, le moyen et le long termes une feuille de route dans le secteur de la santé », indique Dr Bekkat Berkani.
Sarah Oubraham