Réalisés sans étude de faisabilité ni d’impact, les locaux dits de l’ancien président ont été un énorme gâchis qui pèse, encore, lourdement sur les budgets des communes. En effet, lors de sa campagne pour sa réélection pour un second mandat, l’ancien président de la République, avait promis 100 locaux à usage professionnel dans chaque commune du pays. Cette promesse électorale qu’il devait concrétiser, une fois réélu s’est avérée être un gouffre financier et un exemple parfait de la mauvaise gestion. Les communes, sommées de remplir cet engagement se sont retrouvées à gérer un dossier qu’elles devaient mener à terme. Le choix des assiettes foncières pour réaliser ces équipements ne répondait à aucune logique, tout comme la conception architecturale, conçue parfois en R+2, qui frôlait le ridicule. Lors de l’affectation de ces locaux dans certaines régions du pays, des tôliers ou encore des ferronniers se sont retrouvés affectés dans des espaces situés dans les étages supérieurs. C’est de l’argent jeté par la fenêtre, puisque cette promesse électorale, censée résorber une partie du chômage et offrir aux artisans la possibilité de bénéficier d’une activité professionnelle soutenue n’a pas atteint ses objectifs. Dans plusieurs communes du pays, ces espaces ont été réalisés dans des zones désertes, comme c’est le cas à Ouargla, où se trouvent une trentaine de locaux, situés sur la route entre El-khefdji et Chott, deux localités, excentrées par rapport au centre-ville du chef-lieu de wilaya. Ces locaux, qui n’étaient dotés ni d’électricité ni raccordés au réseau d’Aep et d’assainissement ont été vandalisés et aujourd’hui ils offrent le spectacle de ruines de l’époque antédiluvienne. Certes, l’opération ressemble beaucoup plus à une « folie électoraliste », mais les communes auraient dû en faire un moyen pour créer une dynamique de création d’emploi, notamment dans le secteur de la PME-PMI. Elles ont failli dans leur mission car au lieu de lancer des études de faisabilité et d’impact, elles ont répondu à une injonction venue d’en haut. Les locaux aujourd’hui sont devenus des espaces de non-droit, squattés en majorité par des délinquants qui en ont fait leur repaire, des familles à la recherche d’un toit ont squatté certains espaces au moment où d’autres tombent carrément en ruine. Il y’a quelques jours, des locaux réalisés dans la commune de Bir El-djir, non loin du siège de la daïra ont été la cible d’un incendie. Le wali d’Oran a dépêché une commission d’enquête pour faire la lumière sur cet incident. Et quelle que soit la teneur des conclusions de cette commission, l’erreur incombe à ceux qui avaient répondu ‘bêtement » à l’injonction des proches de l’ancien président. À Benfreha, dans la même wilaya, 16 locaux professionnels sont squattés par des familles depuis plus de 6 ans. Ces familles, avec leurs enfants, ont occupé ces locaux suite à la crise de logement et des prix prohibitifs de la location d‘habitation pratiqués dans la région. Elles ont trouvé refuge dans ces locaux abandonnés. Ces dernières revendiquent leur relogement et déplorent les mauvaises conditions dans lesquelles elles vivent. Cette situation pénalise aussi les bénéficiaires de ces locaux. On parle souvent du problème du chômage qui sévit dans la wilaya d’Oran et de la création d’emplois en faveur des jeunes en quête d’un local pour exercer chacun sa profession. La distribution des locaux commerciaux n’a pas donné les résultats escomptés. Le programme annoncé par l’ancien président de la République, lors de la réunion avec les walis en 2003, prévoyait la réalisation de 150.000 locaux à travers tout le territoire national. Il avait pour ambition, la création moyenne de deux emplois par local, ce qui aurait généré prés de 300.000 emplois dans le secteur de la PME-PMI. Saccagés et livrés au pillage des délinquants qui y ont trouvé refuge, la plupart des locaux construits dans le cadre du programme visé offrent aujourd’hui un spectacle désolant et certaines communes n’ont, à ce jour, pas encore réglé les dépenses engagées pour offrir à l’ancien président de la République l’occasion d’affirmer qu’il avait tenu sa promesse.
Slimane Ben