L’affaire des 10 personnes accusées en 2010 de plusieurs chefs d’inculpation, liés au terrorisme, a été ouverte, hier, au tribunal criminel près la Cour d’Alger. Plusieurs griefs ont été retenus à l’encontre de ces personnes issues de la région d’Illizi. Ils ne sont autres que les membres de la famille et proches de Mohamed Ghdir, dit Abou-Zeid, ancien dirigeant d’Al-Qaïda au Maghreb, tué par les services de sécurité, en 2013, au Nord du Mali.
Il s’agit principalement d’appartenance et de soutien à un groupe terroriste international activant à l’intérieur et à l’extérieur du pays, lequel est spécialisé dans le rapt de touristes étrangers, dans le Sud algérien, en vue de demander des rançons. Les autres accusations portent notamment sur le trafic de tabac, drogue, carburant et armes à feu. Pour rappel, le même tribunal a prononcé, en 2012, des peines de 10 ans d’emprisonnement à l’encontre des prévenus. Huit d’entre eux sont en détention depuis 2010. Quant à l’émir Abou-Zeid, il a écopé d’une peine capitale par contumace. En effet, après un recours introduit par les avocats de la défense des prévenus, auprès de la Cour Suprême, cette dernière a pris la décision de réexaminer l’affaire au bénéfice des accusés, exception faite à Abou-Zeid, puisqu’il est décédé. Ce terroriste qui dirige une nébuleuse islamiste ayant des ramifications internationales a adopté «une nouvelle stratégie de recrutement», en ralliant à son groupe des contrebandiers spécialisés dans le trafic de stupéfiants et de carburant, selon l’arrêt de renvoi de cette Cour. Ces éléments sont utilisés par ce sbire pour le ravitaillement en denrées alimentaires, de gasoil pour véhicules, d’acheminement et vente d’armes à feu etc. Ainsi, après l’ouverture de la séance criminelle, le juge a appelé à la barre les prévenus. Suivant le dossier d’instruction, le président du tribunal a interrogé les mis en cause, un à un, et a écouté leur version, durant toute la matinée. En effet, selon le dossier instruit sur la base des déclarations de ces personnes lorsqu’ils ont été interrogés par les services de sécurité. En somme, ces mis en cause ont nié toutes les accusations, dont ils sont incriminés concernant leur soutien direct ou d’appartenance à un réseau terroriste. Bien qu’ils aient avoué, en partie, avoir fait dans le trafic de tabac, drogue et carburant, ils ont rejeté catégoriquement avoir eu contribué au soutien au terrorisme. Aussi, la plupart d’entre eux ont indiqué qu’ils ne peuvent nier le fait de connaître ou d’être en contact avec Abou-Zeid, du fait qu’il fut membre de leur famille, et même ceux, d’ailleurs, avec qui il constitue son groupe terroriste. Cependant, ils ont déclaré ne pas être au courant de ces activités terroristes dans le Sud du pays.
En effet, dans le dossier de cette affaire, il est fait référence aux appels téléphoniques, aux déclarations des prévenus, eux-mêmes, durant l’instruction et aux photos montrant des armes à feu et de chasse. Après avoir entendu les prévenus, qui se sont présentés à tour de rôle devant la barre, le procureur a déclaré que le terrorisme n’est plus idéologique, ces dernières années, mais il est devenu une source de rentabilité pour les trafiquants de drogue, de carburant, a-t-il précisé. Et partant du fait que les prévenus ont nié les faits liés à leur appartenance au terrorisme, il a accusé les prévenus de fuir leur responsabilité, sachant, a-t-il ajouté, qu’ils ont commis, volontairement, ces délits. De fait, il a prononcé à leur encontre des peines allant de 5 à 20 ans de prison, et d’une amende s’élevant à 1 million de dinars. Après quoi, l’audience fut levée. Dans l’après-midi, la séance a repris. Les avocats de la défense, au nombre de cinq, se sont présentés devant le juge pour présenter leur plaidoirie. D’emblée, l’un d’eux a précisé que leur seul tort est qu’ils soient proches d’Abou-Zeid, dont la renommée fait le tour du monde. Pour l’avocate, ses clients n’ont connu leur «proche terroriste», après avoir arrêté, en 2010, le groupe qu’il dirigeait. Justement, a-t-elle noté, c’est à partir de là que certains des prévenus se sont rendus aux services de sécurité, alors que le dossier d’instruction indique qu’ils sont «arrêtés». «Sur quelle base, sur quelle preuve, vous accusez les prévenus d’appartenance au terrorisme. Le procès doit être celui de la conviction, pas celui des déclarations», a-t-elle indiqué, avant de soulever des interrogations. A-t-on posé la question de savoir si les accusés ont subi la pression, lors de la constitution du dossier ?, a-t-elle dit, avant d’affirmer qu’Abou-Zeid a, bel est bien, utilisé et mis la pression sur ces proches. «Le dossier comporte des contradictions», a-t-elle ajouté. À l’heure où nous mettons sous presse, les avocats continuent leur plaidoirie, où ces derniers ont récusé les peines annoncées par le procureur à l’encontre de leurs clients. En tout cas, tout porte à croire que le procès serait reporté.
Farid Guellil