Au demeurant, le temps est aux initiatives politiques de sortie de crise en Algérie. La classe politique, les organisations syndicales, les personnalités nationales, les universitaires et les intellectuels de divers horizons s’y impliquent activement. Il y a au moins deux feuilles de routes qui disputent la transition démocratique.
D’un côté il y a les partisans d’une Constituante et de l’autre il y a ceux qui soutiennent un processus de transition qui déboucherait sur une Présidentielle. Le tout dans un contexte de manifestations populaires et citoyennes qui ne lâchent rien, face à un pouvoir qui veut faire passer son propre plan à travers des figures honnies et dont la rue demande le départ.
Invité du Forum du Courrier d’Algérie dans son édition d’hier, Rachid Malaoui, syndicaliste de longue date, analyse la situation actuelle dans notre pays, aborde le rôle «important» de l’armée dans la démarche de transition, et opte pour une assemblée constituante comme solution à la crise.
«Constitutionnellement, l’armée n’a pas le droit de s’ingérer dans les affaires civiles et politiques. Nous, on a dit que si les 4 B (Bensalah, Belaïz, Bedoui et Bouchareb) doivent démissionner- avec la dissolution de l’APN et du Sénat- on revient à la Constitution qui devient le Conseil de sécurité. Et, majoritairement, ce Conseil est géré par les militaires, en plus des ministères de l’Intérieur, la Défense, les AE et les autres services de sécurité. Cette quatrième voie implique directement l’armée avec le peuple. C’est la solution qui nous permettra d’avancer. Ainsi on aura tout le temps nécessaire pour, par exemple, discuter d’un gouvernement de transition ou d’une équipe présidentielle qui gérera la transition…Mais le tout, spécialement pour préparer une Présidentielle», défend comme idée notre invité.
Malaoui enchaine ensuite pour aborder la dialogue et les discussions qui devraient opter, suivant les feuilles de route qui s’imposent sur la scène à l’heure actuelle, entre un processus électoral ou une Constituante. «C’est le seul problème qui se pose», estime l’orateur qui prend la deuxième option et laquelle présente, selon lui, la solution idoine à l’Algérie, même s’il dit respecter le choix de ceux qui prônent une voie allant dans le sens d’une période de transition qui déboucherait sur une Présidentielle.
Revenant au rôle de l’Armée qu’il estime être «important» dans l’accompagnement de la transition démocratique, d’autant plus qu’elle «a rallié le peuple», Malaoui appelle l’institution militaire à aller davantage à l’écoute du peuple, qui demande le départ des figures qui incarnent le pouvoir actuellement. Entendre les «4 B», dont la démission est un préalable à l’entame d’une transition démocratique suivant les aspirations du peuple. C’est-à-dire, «l’armée doit se rallier à la position actuelle du peuple. Autrement, à Gaïd Salah de faire maintenant un discours pour dire qu’on doit écouter le peuple. S’il le dit comme ça, d’ici demain Bensalah et les autres vont démissionner», suggère le syndicaliste qui augure déjà d’un départ de l’actuel chef de l’Etat par intérim, Belaïz et de Bedoui, arguant du fait qu’ils «ne sont soutenus par personne»
Toutefois, tant que ces têtes au pouvoir restent aux fonctions, il y a comme un soutien «non déclaré» à leur égard, laisse entendre Malaoui, dont un probable rebondissement de Gaïd Salah sur la situation politique serait perçu comme un «signe de bonne volonté» de sa part amenant à croire qu’il est du côté du peuple et non pas sur la démarche de Bensalah.
Par ailleurs, tant que les choses ne sont pas encore claires sur la mise en place d’une transition négociée et telle que revendiquée par la rue, Malaoui suggère de continuer les manifestations populaires du vendredi et les actions corporatistes s’inscrivant dans la dynamique citoyenne, jusqu’à l’avènement d’une transition démocratique.
Farid Guellil