Le permis de construire, le Plan directeur d’aménagement urbain (PDAU), le Plan d’occupation du sol (POS) des outils de régulation aussi bien du foncier que de l’urbanisme sont royalement ignorés à Oran.
Des tours et des habitations poussent en pleine anarchie avec la bénédiction de certains responsables locaux qui laissent faire pour on ne sait quelle raison.
À Bir El-djir, le rubicond est franchi et les citoyens assistent impuissants à la transgression des lois par des promoteurs immobiliers qui ont pillé les réserves foncières de cette localité, soumise à un véritable dépeçage depuis les années quatre-vingt du siècle dernier.
Durant la décennie noire, de nombreuses coopératives y avaient vu le jour et le tout foncier avait fait de cette commune, une destination très prisée par une mafia qui avait usé et abusé du patrimoine public.
D’ailleurs, plusieurs responsables de cette collectivité, située à l’entrée Est du chef-lieu de wilaya, avaient, à cette époque, fait des séjours en prison pour des atteintes gravissimes au domaine public et aux lois.
Mais depuis quelques mois, la quiétude des habitants, qui se sont ruinés pour construire un petit nid douillet dans la localité a été perturbée par l’intrusion de promoteurs immobiliers qui se sont lancés dans la construction de tours d’habitation et d’affaires sans respect des lois et des outils de régulation foncière et urbaine. Il y’a quelques jours, des citoyens, excédées par cette situation avaient organisé un sit-in de protestation et avaient menacé de se rassembler devant le siège de la wilaya si des solutions ne sont pas apportées au calvaire qu’ils vivent.
Ces derniers qui avaient réalisé des habitations au titre de coopératives ou individuelles ont vu leurs demeures écrasées par des tours de plusieurs étages qui ont dénaturé l’aspect urbain de leurs quartiers. « Ces tours sont réalisées sur des assiettes qui accueillaient autrefois des habitations individuelles.
Des promoteurs ont acquis, au prix fort, ces assiettes et ont entamé les travaux sans respecter le cahier de charges qui spécifie dans un de ses articles que les constructions ne doivent pas dépasser les deux étages. Fors de permis de construire acquis en totale contradiction avec la loi, ils sont en train de dénaturer l’aspect du quartier.
L’intimité de nos habitations est violée. On ne pourra plus profiter de la cour ou du jardin, car on se retrouve sous la menace du regard perçant d‘un voyeur juché sur un balcon plusieurs étages au dessus », ont affirmé des habitants dans une lettre adressée aux autorités locales.
Ces derniers affirment que certains de leurs voisins qui ont construit leurs habitations continuent de s’acquitter des traites des crédits bancaires qu’ils ont contractés. « Comment vont-ils faire, vendre eux aussi » , s’interrogent-ils.
Un promoteur qui réalise lui aussi une tour dans cette partie de la ville d’Oran qui affirme qu’il a acquis son assiette qui abrite son projet auprès d’un particulier et qu’il détient un permis de construire en bonne et due forme. À la question de savoir s’il respectait les clauses du cahier de charges du Plan d’occupation du sol qui fixait la hauteur de la construction à deux étages, il s’est fendu d’un sourire narquois en répliquant, « mais qui le respecte maintenant».
Le malheur dans cette situation est qu’elle se déroule au vu et au su des responsables de la commune qui laissent-faire. Le permis de construire est devenu l’arme ultime pour des promoteurs qui ont gagné des procès en justice en exhibant ce document acquis on ne sait comment. Récemment, le nouveau wali d‘Oran, avait dépêché une
commission d’enquête pour faire la lumière sur les dépassements relevés en matière d’urbanisme et d’atteinte aux terres agricoles qui se sont également multipliées dans la commune. À ce jour, ses conclusions n’ont pas été rendues publiques, mais parmi les premières mesures qu’aurait pris le premier responsable de l’exécutif, la suspension du responsable du guichet unique, ont affirmé plusieurs sources. Et en attendant, la commune de Bir El-djir est en train de subir les pires outrages.
Slimane B.