Le Qatar, par l’intermédiaire de son ministre d’État aux Affaires étrangères, Mohammed Al-Khulaïfi, a exprimé hier sa profonde frustration face à la lenteur des négociations concernant la situation à Ghaza.
Selon lui, les critiques émises par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne sont qu’un bruit sans fondement, ce qui a exacerbé le sentiment d’impasse au sein des discussions. Le ministre qatari a réaffirmé que son pays continue de travailler sans relâche pour revitaliser l’accord relatif à Ghaza, malgré les obstacles. Il a également souligné que cette lenteur dans le processus de négociation est d’autant plus préoccupante qu’elle met en péril des vies humaines, en particulier celles des civils palestiniens pris dans le conflit. En réponse aux accusations de Netanyahu, qui avait accusé le Qatar de fomenter des troubles dans les universités américaines, Al-Khulaifi a catégoriquement rejeté ces allégations. Il a qualifié ces déclarations de « bruit » et d’arguments sans fondement, insistant sur le fait que le Qatar reste un acteur de la paix dans la région, œuvrant pour la stabilité et la sécurité du peuple palestinien. Il a insisté sur le fait que la priorité absolue du pays est d’arrêter l’effusion de sang palestinien et d’assurer l’accès de l’aide humanitaire à Ghaza, dans le but de soulager la souffrance d’une population déjà lourdement affectée par des mois de bombardements israéliens. La frustration de Doha s’explique également par la lenteur des discussions entre les parties concernées. Al-Khulaifi a affirmé que malgré les difficultés, le Qatar demeure résolu à faire avancer ces négociations et à atteindre un compromis qui pourrait mettre fin à l’horreur du conflit. Il a appelé la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour appuyer les efforts diplomatiques et à faire pression sur Israël afin que les conditions de cessez-le-feu et d’assistance humanitaire soient rapidement acceptées.
Les conditions israéliennes
Dans le même temps, un responsable de la résistance palestinienne a révélé certains détails sur le projet israélien concernant un cessez-le-feu et un échange de prisonniers. Selon ce responsable, le gouvernement israélien a proposé un plan qui inclut plusieurs conditions strictes, notamment la libération de neuf prisonniers israéliens, ainsi que du soldat américano-israélien Aidan Alexander. Ce plan stipule également un cessez-le-feu de 45 jours, pendant lequel des négociations seraient menées pour déterminer la suite des événements. Toutefois, les négociations seraient conditionnées par l’ouverture des points de passage et l’entrée de l’aide humanitaire, mais sous des conditions israéliennes strictes. L’une des propositions les plus controversées de ce plan israélien concerne le retrait de l’armée israélienne de certaines zones de Ghaza. Le projet inclut un « retour à la situation d’avant le 2 mars 2025 », ce qui signifie que l’armée israélienne serait censée se redéployer sur les positions qu’elle occupait avant la reprise des combats. Un autre aspect essentiel de ce projet israélien est la négociation sur la deuxième phase du plan, qui inclurait un cessez-le-feu permanent, le retrait total des forces israéliennes de Ghaza, ainsi que la question du contrôle des armes à Ghaza et la gestion de la région par les autorités palestiniennes. Le dirigeant de la résistance palestinienne a affirmé que cette proposition israélienne visait avant tout à désarmer Hamas et à garantir que le mouvement ne reviendrait pas au pouvoir à Ghaza. Toutefois, cette condition a été perçue comme une tentative de détruire l’autonomie palestinienne à Ghaza et d’affaiblir l’opposition à l’occupation israélienne. Cette proposition a été rejetée par Hamas, qui estime que ses conditions fondamentales, à savoir un cessez-le-feu durable et un retrait complet des forces israéliennes de Ghaza, ne sont pas prises en compte.
Le refus de Hamas
Le refus de Hamas de signer le projet israélien est motivé par plusieurs facteurs. Tout d’abord, le mouvement palestinien estime que le projet ne garantit pas un cessez-le-feu durable, et qu’il cherche à extorquer des concessions unilatérales de la part des Palestiniens sans donner de garanties sérieuses en retour. De plus, le plan israélien inclut des exigences qui portent atteinte à la souveraineté palestinienne, notamment en ce qui concerne la question du contrôle des armes à Ghaza. Hamas considère qu’un tel désarmement serait une forme de soumission aux diktats israéliens, et une négation de son droit à la résistance face à l’occupation. Le dirigeant de la résistance palestinienne a précisé que Hamas n’avait pas encore répondu officiellement à la proposition israélienne, mais qu’il l’examinait attentivement. Il a souligné que, bien que Hamas soit disposé à examiner toute offre qui pourrait permettre un cessez-le-feu équitable, la priorité demeure l’arrêt total des frappes israéliennes et le retrait des forces israéliennes de Ghaza. Par ailleurs, le mouvement a réaffirmé que la libération des prisonniers palestiniens et le respect de la souveraineté de Ghaza sont des conditions essentielles à toute négociation sérieuse. Parallèlement, le site israélien i24NEWS a rapporté que le gouvernement israélien a énoncé quatre conditions strictes qu’il estime nécessaires pour stopper la guerre contre Ghaza. Parmi ces conditions figurent l’exclusion totale de Hamas du gouvernement de Ghaza, le désarmement complet de la région, la libération de tous les prisonniers israéliens et l’exil de dizaines de leaders du mouvement palestinien. Cependant, ces exigences ont également été rejetées par Hamas, qui insiste sur le fait que la libération des prisonniers israéliens doit être conditionnée par la fin immédiate de la guerre, et non par la mise en œuvre de conditions préalables. Les tensions autour de ces conditions soulignent l’impasse actuelle dans les négociations. D’un côté, Israël cherche à imposer des conditions strictes qui visent à affaiblir Hamas, voire à éliminer ses capacités militaires. De l’autre côté, Hamas et les autres factions palestiniennes insistent sur le fait que toute négociation doit être fondée sur le respect des droits fondamentaux du peuple palestinien, y compris le droit à la résistance contre l’occupation. Le rejet par Hamas de l’exil forcé de ses dirigeants et du désarmement complet de Ghaza montre que les divergences sur les termes de l’accord demeurent profondes. Face à cette impasse, les efforts de médiation continuent, soutenus par des acteurs régionaux comme le Qatar et l’Égypte, qui jouent un rôle clé dans la facilitation des discussions. Le Qatar, notamment, a souligné qu’il restait engagé à aider à résoudre le conflit, malgré les critiques venant de certains cercles israéliens. Le rôle de ces médiateurs est crucial pour parvenir à un compromis, mais leur capacité à influencer les deux parties reste limitée tant que les positions israéliennes et palestiniennes restent aussi éloignées. Le processus de négociation semble être à un point critique, et il est essentiel que les parties concernées, soutenues par la communauté internationale, trouvent un terrain d’entente pour éviter une escalade du conflit. La situation reste volatile, et des efforts soutenus sont nécessaires pour parvenir à une solution juste et durable.
M.Seghilani