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Musique : Les Rolling Stones ont le blues

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Le nouvel album des dieux du rock rend hommage aux bluesmen qui les ont inspirés. Ambitieux, mais ennuyeux. Onze ans après leur dernier album et quatre ans après leur dernier single original, « Doom and Gloom », les Rolling Stones sortent enfin de leur silence discographique avec un album plutôt étonnant, « Blue & Lonesome », qui déterre de très vieux blues datant des années 1955-1960. Ce n’est pas une compilation façon « Greatest hits », ils ne revisitent pas les standards du genre, ils s’en tiennent même plutôt éloignés et réactivent des titres signés de bluesmen peu connus du grand public : Eddie Taylor, Jimmy Reed, Howlin’ Wolf et Little Walter. La seule chanson vraiment connue du lot est « I Can’t Quit You Baby » de Willie Dixon, à cause de la version incandescente qu’en avait faite Led Zeppelin sur son premier album. « C’est un hommage à nos artistes préférés, ceux qui nous ont donné envie de faire de la musique, explique Mick Jagger. C’est la raison pour laquelle nous avons fondé un groupe, nous étions fans et grands prosélytes du blues. Et nous voilà encore à en faire cinquante ans après. » Au départ, les Stones s’étaient retrouvés en studio pour travailler de nouveaux titres. Mais il est rare que les séances de travail (ou les soundchecks comme les répétitions) ne se transforment pas, à un moment ou à un autre, en improvisation bluesy. « Nous avions déjà supprimé quelques nouveaux morceaux, et, un jour, alors que nous nous escrimions sur l’un d’eux, on en a eu marre, continue Jagger. Alors, on a joué un titre de blues, puis un autre et encore un autre. J’ai dit à tout le monde “Ok, on revient demain et on en tente encore trois ou quatre”. Tout s’est fait très rapidement. » En trois jours exactement, dans les studios londoniens de Mark Knopfler, sous l’oreille attentive du producteur Don Was. Mick joue beaucoup d’harmonica et ses nombreuses interventions apportent à l’album son parfum vintage. Tout comme l’utilisation du studio où tout fut enregistré en quasi live. « Il y a le strict minimum en termes d’overdub et de travail de post production, précise Keith Richards. Le disque s’est presque fait tout seul. Nous n’avons jamais terminé d’enregistrer aussi rapidement, pas plus de deux ou trois prises par titre et, pour certains, notamment “Blue and Lonesome”, il n’y en a eu qu’une. » Les Rolling Stones, un album de reprises blues, voilà qui semble bien réjouissant. Osons cependant la question qui peut fâcher : il est comment, ce disque ? Car vous sentez bien qu’il y a comme un léger malaise, que nous tournons autour du truc sans vraiment oser y aller franchement. En réalité, le problème est qu’on s’ennuie un peu sur la longueur avec ces douze titres très semblables dans le son, la forme et l’esprit. Cet album trop intègre et trop radical ressemble plus à une visite au musée du blues qu’à une soirée dans un club torride de Chicago. Autre constat, les morceaux sont relativement courts et ne laissent que peu de place aux guitaristes, c’était ainsi dans les années 1950, les longs solos ne viendront que plus tard. Avec le british blues, justement. Les interventions d’Eric Clapton, invité d’honneur sur deux titres, sont donc modestes dans le temps mais toujours remarquables de sobre élégance. « Blue & Lonesome », album complètement à part dans leur discographie, est un hommage à une musique qui survit difficilement et à des musiciens que tout le monde a oubliés. Les Stones rendent à César ce qui lui appartient. On ne peut que s’incliner devant ce geste aussi noble que gratuit (ils savent bien qu’avec un ovni pareil ils vont naviguer très loin du Top 10) en espérant qu’il leur a redonné le goût du studio et qu’ils vont y retourner bientôt. Mais avec des titres originaux, cette fois. La récré est terminée, les gars !

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