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Mois du patrimoine : vieux Mila, une ville-musée à protéger en urgence

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À l’intérieur du périmètre du vieux Mila, des habitants s’affairent, qui à réparer la toiture de sa vieille maison, qui à reconstruire un enclos, des pratiques pourtant interdites par la loi s’agissant d’un tissu urbain vieux de plus de 14 siècles, classé secteur sauvegardé de surcroît. «Chacun fait ce qu’il veut de son bien dans ce quartier, personne ne respecte les mesures de sauvegarde et nul n’est inquiété… », regrette Samir, jeune photographe amateur, amoureux de sa ville natale et qui s’acharne à constituer une banque de photos des vestiges à la valeur historique et archéologique inestimable que recèle la vieille cité. Accéder au vieux Mila par le rempart de la ville et son grand arc en pierre de taille, reviendrait à faire un bond dans le passé pour pénétrer une cité où se superposent des pages d’histoire, témoins du passage des civilisations -romaine, byzantine, arabo-musulmane et ottomane- qui s’y sont succédé. Les voies dallées et l’architecture des maisons en grosses pierres taillées dans la montagne forment une Casbah atypique entourée d’une muraille de plus d’un millénaire où se côtoient les vestiges de la cité romaine et les constructions byzantines. À l’entrée de cette Casbah, de petits commerçants accueillent les rares visiteurs dans l’ancien marché, «Errahba», situé dans la partie basse de la cité où s’élèvent encore des constructions anciennes relativement bien conservées. Ici, le regard est vite accroché par une vasque. Il s’agit de « Aïn Lebled », ainsi que les autochtones l’appellent, la seule fontaine en Algérie remontant à l’époque romaine dont l’eau coule toujours, même si elle est depuis peu fermée pour cause de restauration. Construite au IIIe siècle par l’empereur Hadrien, « Aïn Lebled » était partie intégrante du forum de Milev la romaine sur les ruines de laquelle la Casbah de Mila a été bâtie. Par ses vestiges multiples, elle déroule l’histoire de la présence dans cette région d’Algérie de plusieurs civilisations: architecture de l’époque romaine (fontaines et tuiles), byzantine (muraille et pierres de taille), musulmane (sabat et demeures ottomanes). De l’époque byzantine, Mila conserve un pan de mur d’enceinte de plus de 1200 mètres de long, piqué de nombreuses ouvertures visibles à ce jour, alors que quelques statues de l’époque vandale (Ve siècle) ornent le jardin public de la ville. Sur les hauteurs de la Casbah, les dégradations et modifications « modernes » subies par la cité sont des plus criards: des maisons anciennes transformées quand elles ne sont pas détournées de leur fonction pour servir d’enclos à bestiaux, d’autres, effondrées, et leur emplacement devenu réceptacle des détritus qui s’amoncellent. Secteur sauvegardé depuis novembre 2009, ce quartier a pourtant bénéficié d’une enveloppe de 200 millions de dinars pour sa restauration, une opération qui peine à démarrer « faute de soumissionnaires aux appels d’offres pour le moment », justifie un responsable de l’Office de gestion et d’exploitation des bien culturels (Ogebc) rencontré sur les lieux.

Vestiges extra-muros à l’abandon
Connue d’abord pour ses carrières de pierre de la période romaine dont elle a longtemps tiré sa renommée, et ses constructions typiques dans la région, la ville de Mila -où la fabrication de briques et tuiles de terre est encore florissante- possèdent des fours à briques datant de cette époque.
Situés à quelques mètres de l’entrée du vieux Mila, ils sont aujourd’hui complètement abandonnés. En contrebas de la route, deux vieux fours romains parfaitement conservés sont envahis par la végétation et les détritus. En l’absence d’un dispositif de protection, les bacs à argile en brique subissent le même sort. Aux abords du vieux quartier de Mila, il n’est pas rare de trouver des fragments de poterie en terre cuite ou crue éparpillés sur des terrains vagues, des chantiers de construction ou encore dans des jardins publics. Selon plusieurs témoignages, des pièces de monnaie numides et romaines, « en grande quantité », auraient été trouvées sur ce site.
Conscients de la valeur du patrimoine dans la réappropriation de l’histoire et de l’identité algérienne, quelques rares habitants de la région mettent un point d’honneur à remettre aux autorités publics les objets trouvés, essentiellement romains et byzantins.
Une modeste moisson de vestiges exposés aujourd’hui dans un petit musée à ciel ouvert protégé par l’ancien rempart byzantin au coeur du vieux Mila, emplacement même de l’ancienne Milev, une cité à l’identité et la culture plurielles qui attend seulement de restituer sa part de l’histoire multimillénaire de l’Algérie.

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