Pour Mohcine Belabbas, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), l’appel du général-major Gaïd Salah pour l’application de l’article 102 de la Constitution, est «une tentative de prolonger la vie du régime actuel». Ou encore, «l’Armée a violé la Constitution en s’ingérant dans les ordres politique du pays», a affirmé Belabbas hier, lors d’une conférence de presse animée au siège de son parti à Alger. Le président du RCD a précisé, à la même occasion, que la Constitution Algérienne interdit l’ingérence de l’Armée dans les ordres politiques. Autrement dit, «l’Armée est censée s’occuper de la sécurité du pays, elle n’a aucun pouvoir sur les affaire politiques», estime Belabbas en réaction à l’appel de Gaïd Salah allant dans le sens de proclamer la vacance du poste de président de la République par voie constitutionnelle.
Pour le chef du RCD, l’application de l’article 102 est une solution pour le pouvoir, afin de mettre en place et désigner les mêmes personnalités qu’a connue l’Algérie bien avant 1999. Et, encore une fois, le président du RCD a réaffirmé que le peuple était précis et clair dans ses revendications: «On ne veut pas des mêmes têtes, le peuple veut un vrai changement», a-t-il suggéré en précisant que «le changement ne pourra pas se produire avec les personnalités proposées par le pouvoir». Au deuxième volet de son intervention, le président du RCD donne lecture de la feuille de route proposée par son parti en prévision de la période de transition, qui demeure irrévocable, aujourd’hui, pour une sortie de crise politique.
En ce sens, Belabbas propose, dans un premier lieu, la démission du président Bouteflika, la révocation de son gouvernement, ainsi que la dissolution du Parlement national sous ses deux chambres et du Conseil constitutionnel, comme préalables, notamment à l’entame du processus de transition. Puis, poursuit le RCD, il y a lieu de créer une «Haute instance de transition» gérée par « trois acteurs qui seront élus par le peuple pour les rendre plus crédibles». Selon le président du RCD, «la solution c’est de mettre en place cet organisme composé de magistrats, enseignants universitaires et syndicats autonomes», parmi ceux qui ont joué «un rôle principal dans le mouvement populaire pacifique entamé à travers tout le pays le 22 février dernier.»
«Dissolution» du Parlement et du Conseil constitutionnel
En insistant sur le fait que «les partis politiques ne devront pas faire partie de cet organisme», Belabbas explique que cette instance triangulaire aura la charge de la fonction présidentielle, dont la mission consisterait à piloter la période de transition en menant des consultations parmi les partis politiques, les syndicats autonomes et les personnalités, le tout dans un délai «raisonnable».
Belabbas a appelé ensuite à la création d’une «Instance nationale indépendante de l’organisation des élections indépendante», présidée par une «personnalité intègre», la composition d’un «Gouvernement de salut national» à partir de compétences nationales non-partisanes et lequel aura comme mission la gestion des affaires courantes du pays.
Quant au Gouvernement, il serait présidé, explique Belabbas, par une personnalité choisie par la Haute instance dans un processus de transition qui «ne durera pas plus de six mois ». Tout en se montrant optimiste, le président du RCD affirme qu’«avant la fin du mois d’octobre prochain, des élections présidentielles seront établies». Et comme préalables à cette période de transition, le successeur à Saïd Sadi appelle à l’obligation de «dissoudre le Parlement avec ses deux chambres, le Gouvernement en place et le Conseil constitutionnel».
Sarah Oubraham