Articulé sur la commande publique, principalement durant les 20 dernières années, en produisant des « effets pervers plus que de richesses », le modèle économique actuel ne devrait plus être suivi, suggère le professeur en économie Mohamed-Cherif Belmihoub.
S’exprimant hier sur les ondes de la Radio nationale chaîne III, Belmihoub a souligné que l’un des défis majeurs qui attendent le Président fraichement élu, est la relance économique, car « notre modèle économique est arrivé à bout et ne peut plus continuer à fonctionner ». Jugeant que les diagnostics par rapport à cette situation ont été bien faits, il a relevé néanmoins que les politiques de sortie de crise ont fait défaut, en raison, a-t-il expliqué, des rigidités institutionnelles, politiques et sociales qui ne permettent pas de mettre en place des réformes assez solides.
Par conséquent, a poursuivi l’invité de la radio, le président de la République doit affronter cette situation, en canalisant les énergies disponibles. Selon lui, le redressement, donc, de la machine économique ne pourrait être mené à bien qu’à travers la reconstruction de la confiance entre l’état et les opérateurs économiques, mais aussi par le biais d’une gouvernance participative basée sur la concertation et affranchie de « l’autoritarisme ». Pour ce faire, le professeur Belmihoub a estimé qu’il faut projeter l’institution d’une administration économique puissante et à repenser fondamentalement la politique industrielle, le tout précédé par une réforme de la gouvernance politique, en d’autres termes, celle du partage du pouvoir et des contre-pouvoirs.
à propos de l’objectif de booster la production en recourant à la réduction de la facture d’importation, Belmihoub pense qu’en allant vers des restrictions « tous azimuts », l’on risque d’impacter négativement notre système productif. « Il faut avoir le courage de ne pas toucher aux intrants de l’industrie dont une partie peut toutefois être produite localement mais qui prendra cependant un certain temps », a-t-il proposé.
Par ailleurs, le même intervenant a proposé de relancer les prérogatives du Conseil national économique et social (CNES), qui est selon lui « une tribune de discussion et d’aide à la décision », de même que celle de la Cour des comptes, ayant mission d’évaluer les politiques publiques et dont il relève qu’elle n’a pas joué son rôle de contrôle de la gestion de la dépense publique. « Ces institutions sont restées creuses ces dernières années alors qu’elles pouvaient jouer un rôle fondamental de contrôle des dépenses publiques et l’évaluation des politiques publiques qui est une composante importante de la gouvernance publique», a-t-il expliqué dans ce sens. Belmihoub a, d’autre part, relevé l’existence d’une «faille» dans le système d’information économique qui, d’après lui, amène des opérateurs à prendre des décisions sur la base de conjectures et d’hypothèses «non fondées», d’où la nécessité, selon lui, de le réorganiser afin d’en faire un instrument efficace, rationnel et pertinent.
Ania Nait Chalal