Accueil MONDE Migrants : Forte mobilisation pour soutenir l’«Aquarius»

Migrants : Forte mobilisation pour soutenir l’«Aquarius»

0

Des milliers de personnes se sont rassemblées à Paris, Madrid, Berlin ou encore Palerme pour dénoncer l’immobilisation forcée du bateau humanitaire. Des vagues « orange » ont déferlé dans plusieurs villes européennes.

Vêtus aux couleurs de l’Aquarius, des milliers de personnes se sont rassemblées samedi 6 octobre dans une soixantaine de villes de France, mais aussi à Bruxelles, Berlin, Madrid et Palerme, pour dénoncer la situation du navire humanitaire. Privé d’immatriculation, il est bloqué à quai. Ainsi, il ne peut plus venir en aide aux migrants qui traversent la Méditerranée. Ils réclament « un pavillon pour l’Aquarius », veulent « sauver le sauvetage en mer » et dénoncer « l’inaction criminelle » des gouvernements européens, à l’appel de l’association SOS Méditerranée.
Dernier navire humanitaire présent en Méditerranée centrale, l’Aquarius est bloqué à quai à Marseille, faute d’immatriculation. Après Gibraltar en août dernier, les autorités maritimes panaméennes ont annoncé qu’elles allaient lui retirer son pavillon pour « non-respect » des « procédures juridiques internationales » concernant le sauvetage de migrants en mer. La mobilisation a été la plus forte à Marseille, siège de l’association SOS Méditerranée, avec entre 3 500, selon la police, et 10 000, selon les organisateurs, personnes réunies sur le Vieux-Port, au lendemain d’une opération coup de poing d’une vingtaine de militants identitaires qui ont envahi les locaux de l’ONG et déployé une banderole l’accusant d’être « complice du trafic d’êtres humains ».
À Paris, entre un millier (police) et 10 000 (organisateurs) se sont rassemblées place de la République. Ils étaient également environ 2 000 à Montpellier et 1 100 à Toulouse, selon les organisateurs, entre 400 (police) et 700 (organisateurs) à Saint-Étienne, et plus de 600 à Rennes, 250 à Bordeaux et Lille, 200 à 300 à Biarritz, 150 à Lyon, selon des journalistes et correspondants de l’Agence France-Presse, ainsi qu’une centaine à Calais, bravant une interdiction de la mairie. Au total, l’association avance le chiffre de 40 000 à 50 000 manifestants en France.

« Ce n’est pas nous les pirates »
Face à « l’impasse » dans laquelle se trouve l’Aquarius et « la volonté des États européens de criminaliser le travail des ONG en Méditerranée », « l’objectif est de faire appel aux citoyens et montrer que SOS Méditerranée tire sa légitimité de la société civile », a résumé à Paris la porte-parole de l’association, Sophie Rahal. Depuis février 2016, 29 500 migrants ont été sauvés grâce à l’Aquarius, selon l’association. Mais « la situation est plus critique que jamais », a rappelé le président de SOS Méditerranée, Francis Vallat, à Paris : « Alors que les flux n’ont jamais été aussi bas depuis des années, le nombre de morts augmente inexorablement. Nous sommes passés de 1 mort sur 42 migrants (en mer) l’année dernière à 1 mort sur 18 migrants » cet été.
« Tout ça parce que les navires d’État sont insuffisants et qu’il n’y a plus de navires d’ONG. (…) Si nous laissons couler les migrants, nous laissons couler notre âme et nos valeurs », a-t-il lancé. « Ce n’est pas nous les pirates », « Silence, on se noie », « devoir d’assistance bafoué, naufrage de l’humanité », ont notamment clamé les manifestants. « Le discours de soutien et d’accueil est très peu médiatisé, alors que le discours de rejet est très mis en avant. Par ce genre d’occasion, on peut montrer qu’il y a des gens qui soutiennent l’accueil et ne veulent pas laisser des gens désespérés mourir », raconte Aurélie Klein, ingénieure, venue avec sa fille manifester à Bordeaux. Une pétition de soutien aux opérations de sauvetage en Méditerranée a réuni plus de 200 000 signatures, selon l’ONG.
« L’Aquarius fait un devoir humanitaire, l’Aquarius ne provoque pas la migration », souligne Pierre Chaintrier, 64 ans, venu au rassemblement parisien pour « forcer le gouvernement français à donner un pavillon à l’Aquarius et soutenir pour une autre politique en Europe pour les migrants ». À Marseille, le leader de La France insoumise et député local Jean-Luc Mélenchon a affirmé que « l’Aquarius doit avoir un pavillon et un pavillon français ». Pour Patricia Lara, à Madrid, « les réfugiés et l’immigration sont l’un des grands défis que l’UE doit résoudre » : « Et cela ne pourra pas se faire de façon individuelle », chaque pays de son côté.

Article précédentTlemcen : Le 16e prix littéraire Mohamed Dib sera décerné jeudi
Article suivantCoupe arabe des clubs : Les trois clubs algérois seront mis à rude épreuve