Le prix du mouton à sacrifier passe d’abord par le sacrifice de bien de projets. Comme chaque année, il dépasse l’entendement et le même scénario se vérifie. La tournée que nous avons menée dans les différents souks improvisés dans la wilaya de Médéa, notamment à Berrouaghia et Sidi Naâmane, nous apprend que les prix varient suivant le poids et la qualité. La vente au poids à quelque 800/900DA/kg, attire certes une certaine clientèle. Mais faut-il encore se méfier, avertit un connaisseur, qui affirme que le mouton est parfois «gavé» d’avoine et de sel et ensuite d’eau, pour peser quelques kilos de plus et valoir une poignée de dinars en sus. Le prix élevé de l’ovin, cette année, tente de nous expliquer un maquignon bien au fait des affaires, est dû, bien sûr, à la sécheresse qui a sévi dans la région pendant plus de quatre mois, ainsi le danger permanent de la fièvre aphteuse. Son alimentation régulière est devenue difficile du fait de l’absence d’aires pastorales fournies, contraignant ainsi les éleveurs à se rabattre sur les denrées réservées normalement aux poussins, et au fourrage conditionnés cédés à un prix relativement élevé.Certains honnêtes revendeurs affichent, cependant, leur fierté de nourrir la nuit leurs bêtes avec du son, du foin et de l’orge, un menu de qualité pour leurs moutons qui ne sont abreuvés qu’au petit matin. à propos d’alimentation des bêtes, la botte de foin de 20/25kg, coûte 700 à 800DA, contre 600 à 650DA au prix de gros sans compter son transport. De petites bottes de foin de 2 à 3kg sont proposées entre 30 et 50DA pour «dépannage», le temps de transporter le mouton d’un point à un autre. Comme à chaque Aïd El-Adha, les moutons envahissent les villes…Serions-nous tous devenus des bergers? La question mérite d’être posée au vu de la réalité du jour qui donne à la cité un cachet de grande bergerie. Des communes ont réservé des endroits précis pour la revente des moutons mais certains pseudo maquignons et revendeurs occasionnels se sont carrément installés dans des locaux commerciaux ou dans les cours des cités résidentielles sans être nullement inquiétés par les autorités locales. Le citoyen, quant à lui, reste coincé entre sa foi, faire plaisir à ses enfants et sa maigre bourse qui ne cesse d’être sérieusement malmenée et saignée par trop d’événements heureux successifs…les vacances d’été, la rentrée scolaire, le Ramadhan, l’Aïd El-Fitr aujourd’hui l’Aïd El-Adha et qui ne saura digérer ni le mouton, ni les augmentations récentes du gaz butane, ni le transport et ni la dernière flambée de la mercuriale.
Zarouat M.