Le Maroc et l’Espagne sont rattrapés par leur complicité dans le meurtre, de sang-froid, le 24 juin dernier, aux portes de l’enclave espagnole de Melilla, de dizaines de migrants sans défense.
Ces derniers qui ont, depuis les faits tenté de fuir leurs responsabilités, sont aujourd’hui pointés du doigt, aussi bien par une délégation de parlementaires européens que par des organisations non gouvernementales de défense des droits de l’Homme.
Mardi, et usant de la politique de la fuite en avant, les autorités marocaines ont empêché une délégation de parlementaires européens d’entrer dans la ville de Nador pour enquêter sur la tragédie ayant conduit à la mort de dizaines de migrants d’origine africaine, brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla depuis le Maroc, a indiqué dans un post publié sur sa page facebook, l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH),section Nador.
Cette ONG a indiqué qu’elle devait « recevoir mardi une délégation de parlementaires européens, d’avocats et de militants des droits de l’Homme venue enquêter sur le drame du vendredi noir, le 24 juin dernier, qui a fait des dizaines de morts et de disparus », relevant que « les autorités marocaines les ont informé de l’interdiction, sans donner de raisons ».
Cela renseigne sur la gêne que vit aujourd’hui le gouvernement Akhennouch qui a été rattrapé par la réalité de son crime abject qui pourrait lui valoir des poursuites au niveau des instances judiciaires internationales pour crime contre l’humanité et crime raciste.
Les mêmes charges sont retenues contre le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez qui est en train de payer son alignement aux thèses de Rabat concernant le règlement du conflit du Sahara occidental et la gestion, ultra sécuritaire, de la question migratoire.
Plus tôt dans la journée de mardi, la délégation du groupe de gauche du Parlement européen, dirigée par l’eurodéputé Miguel Urban, s’était rendue à Melilla où elle a appelé à la démission ou à la révocation du ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska pour la co-responsabilité de l’Espagne « dans le meurtre de plus de quarante personnes et la disparition de 70 autres », lors des évènements du 24 juin, indique l’agence Europa Press. Après avoir visité le Centre de séjour temporaire pour immigrés (CETI) en compagnie, entre autres, de ses collègues Cornelia Erst et Fernando Barrena de la délégation du groupe de gauche, M. Urban a déclaré que lors de ces événements, qui se sont produits du côté marocain après que des centaines de Subsahariens ont tenté d’entrer à Melilla en sautant par-dessus la clôture, « il y a différentes responsabilités ».
Un crime « prémédité »
À ce titre, il a cité « la responsabilité pénale des forces de sécurité marocaines comme la gendarmerie et le gouvernement marocain lui-même », soulignant qu’il y a aussi « une co-responsabilité du gouvernement espagnol, qui est même allé jusqu’à parler de « bonne action coordonnée avec la police marocaine! », dans une lettre adressée aux autorités marocaines après ce crime odieux. S’adressant aux journalistes, l’eurodéputé a déclaré: « Nous parlons de l’assassinat d’au moins quarante personnes et de la disparition de soixante-dix autres, il s’agit d’un acte criminel qui doit rendre des comptes car, sinon, la loi de l’anarchie et la loi de l’impunité prévaudront, précisément sur le territoire européen, et cela ne peut être autorisé ». À cause de ces faits, l’eurodéputé a souligné que « Grande-Marlaska ne peut plus continuer comme ministre un jour de plus : soit il démissionne, soit il est licencié », relevant que ce dernier doit d’abord clarifier devant le Parlement européen ce qui s’est réellement passé le 24 juin. L’Eurodéputé a qualifié de véritable honte de permettre de subventionner le Maroc avec des fonds européens », ainsi que de faire des « concessions politiques » sur la question du Sahara occidental « pour que ce pays puisse continuer à agir comme une police des frontières ». C’est un nouveau camouflet asséné au Maroc qui pourrait voir de nombreux accords de coopération signés avec l’Union européenne, gelés car englobant dans leur zone d’intérêt des territoires sahraouis tout comme il pourrait payer pour ses crimes contre l’humanité commis sur des migrants subsahariens dont le seul tort est de vouloir se rendre à Ceuta et Mellila, des territoires sous autorité d’un membre de l’UE, à savoir l’Espagne. De nombreuses vidéos et images avaient circulé, sur les réseaux sociaux, au lendemain du 24 juin, montrant des dizaines de migrants au sol, quasiment inertes. Certaines montraient également les forces de sécurité marocaines en train de les tabasser. Des séquences vidéo prises par l’AMDH montraient un agent de sécurité marocain frappant au sol des hommes visiblement blessés et un autre agent jetant un corps inerte sur plusieurs personnes. Selon des organisations de défense des droits humains au Maroc et ailleurs, le nombre de victimes lors de la répression sanglante d’environ 2000 migrants africains dépasse de loin les 23 morts annoncés par les autorités marocaines.
Les faits abominables ont suscité des réactions de condamnation à travers le monde et de nombreux pays et organisations internationales ont exigé l’ouverture d’une enquête internationale indépendante, afin de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé et sanctionner les auteurs, note-t-on.
Slimane B.