La scène culturelle algérienne commémore cette semaine le 26e anniversaire de la disparition de celui qui est considéré comme pionnier du roman algérienne en langue arabe, Abdelhamid Benhedouga (1925-1996), dont l’œuvre littéraire dépeint les principales mutations de la société algérienne aux premières années de l’indépendance. Abdelhamid Benhedouga a toujours œuvré pour mettre en lumière les mutations sociales et culturelles qu’a connues l’Algérie indépendante à travers des écrits traitant essentiellement de l’humain et de son rapport à l’espace et au temps dans des romans comme « Le vent du sud », publié en 1971, ouvrant la voie aux autres romanciers algériens écrivant en langue arabe. Natif de Bordj Bou Arerridj en 1925, l’auteur s’est naturellement orienté vers le roman, une forme d’écriture toute désignée pour exprimer les maux sociaux refoulés ou le quotidien difficile des Algériens, inspiré par son environnement rural très affecté par la barbarie coloniale. Ayant fait ses classes à Constantine à l’institut El Ketania proche du Parti populaire algérien (PPA), Abdelham id Benhedouga était très proche des militants de ce parti puis de ceux du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Après un séjour et une formation professionnelle en France, au plus proche des ouvriers algériens, il va poursuivre ses études à Tunis à l’institut Zeitouna et dans une école de théâtre. Militant dans le milieu estudiantin à Tunis, Abdelhamid Benhedouga a été arrêté par les autorités coloniales à Tunis en 1952. De retour en Algérie, il va enseigner à Constantine avant de regagner Tunis en 1958, où il va produire des émission culturelles et littéraires à la radio, et écrire et traduire des pièces radiophoniques. Si l’œuvre de Benhedouga mettait en lumière les souffrances du peuple et les séquelles de l’occupation française, ses personnages et héros de fiction étaient souvent « rebelles », révoltés et imprégnés d’idées novatrices et surtout opposés à l’ordre colonial établi. Ses débuts dans l’écriture remontent à 1952 avec la poésie qui ne l’a pas privé d’accéder à la notoriété par le roman avec notamment « Rih el djanoub » (Le vent du Sud), son premier roman considéré comme précurseur de la littérature d’expression arabophone en Algérie et marque le début d’une transformation majeure dans le récit algérien. Adapté en téléfilm en 1975 par le réalisateur Slim Riad, auquel participent de grands comédiens algériens, « Le vent du Sud » qui a connu un large succès comme roman a inspiré une œuvre cinématographique de référence pour le cinéma algérien. Benhadouga a publié également « Nihayat el ams » (La fin d’hier, 1975), « Banae as-soubh » (1980) et « El-djaziya wa el darawich » (1983), autre roman à grand succès, en plus de « ghadan yaoum djadid » (1997). Prolifique, Benhedouga a publié de nombreuses nouvelles notamment » Dhilal djazaira (Ombres algériennes), son premier recueil de nouvelles sorti en 1961et « al achiâa essabaa » (1961) en plus des poèmes avec « El arawah shaghira » (Ames vacantes, 1967) et un ouvrage sur les proverbes algériens sorti en 1992. Il a aussi écrit et traduit des pièces de théâtre en plus de la traduction de nombreuses œuvres littéraires universelles et un essai de l’avocat français Jacques Vergès qui défendu notamment la militante et moujahida Djamila Bouhired. Traduites dans plusieurs langues, les œuvres de Benhedouga ont suscité l’intérêt des universitaires et académiciens et fait l’objet de nombreux colloques et rencontres qui ont revisité le parcours de cet auteur à la riche carrière littéraire. En 2016, le prix »Katara » du roman arabe a mis à l’honneur l’œuvre de Benhedouga, consacré « personnalité de l’année ». Benhedouga a occupé plusieurs postes de responsabilité notamment comme directeur de l’Entreprise nationale du livre avant d’être nommé en 1990 président du Conseil national de la culture. En 2017, il est décoré, à titre posthume, de la médaille de l’ordre du mérite national au rang de « Djadir ».
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