Accueil ACTUALITÉ LES ÉNERGIES RENOUVELABLES EN ALGÉRIE : Très en-deçà des attentes

LES ÉNERGIES RENOUVELABLES EN ALGÉRIE : Très en-deçà des attentes

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Le Salon de l’électricité et des énergies renouvelables, dans sa troisième édition, enregistre, selon les organisateurs, la participation d’une centaine d’opérateurs dans les domaines de l’électricité et des énergies. Pour ce qui est des visites, autant parler d’un désintérêt presque total du public : uniquement quelques curieux et des jeunes en quête d’emploi parcourent les allées du Salon qui se tient, pour rappel, au Palais des expositions. Pourtant l’édition précédente qui a bénéficié d’une large couverture médiatique, s’évertuent à rappeler les organisateurs, a vu la participation de plus de 120 exposants et de 10 000 visiteurs, dont 80% de professionnels. La représentante d’une entreprise privée spécialisée dans la fourniture et la pause d’équipements électriques parlera, sous le couvert de l’anonymat, du climat politique « tendu » qui fait que beaucoup de projets connaissent un ralentissement considérable quand d’autres sont carrément à l’arrêt. « Même pour les projets que nous avons réalisés au profit d’une grande entreprise nationale (la Sonelgaz, ndlr), nous tardons à encaisser nos dus, ce qui pénalise considérablement l’entreprise». Par ailleurs, hormis les activités classiques (câblage, transformateurs, onduleurs…) rares les participants qui sont dans le photovoltaïque et moins encore dans l’éolien. Cependant, les quelques opérateurs ont bien voulu garder le moral et continuer à préférer l’optimisme à l’abattement. C’est le cas de M. Tekouk Amran, général manager de Lagua qui se dit « fleuron de le technologie photovoltaïque intégré ». M. Tekouk, après avoir fait l’inventaire des ressources naturelles dont dispose le pays, s’étalera longuement sur les droits de douanes sur les équipements photovoltaïques qui sont, selon lui, très élevés. « Le tout est importé. Les autorités doivent penser à réduire les taxes à l’importation en vue d’encourager ce secteur qui est très stratégique», plaide-t-il tout en insistant sur le fait que l’entreprise algérienne, notamment privée, est plutôt dans l’importation et l’installation que dans la production. Le représentant de Cipal, une entreprise spécialisée dans l’extrusion de différents types de profilées en aluminium destinés pour les toitures industrielles, individuelles, bases de vie, centrales photovoltaïques et système d’irrigation et pompage, dira, lui, qu’ils n’ont pu décrocher aucun marché en Algérie. Pourtant, ils ont pu réaliser des projets dans cinq pays africains différents. Bizarre, quand on y pense !

Une législation à revoir
M. Mustapha Maïz Hadj Ahmed, représentant de Dimel Solaire, une entreprise algérienne qui commercialise, entre autres, des produits allemands, insistera sur l’impératif passage au solaire, « surtout dans les zones isolées, à l’instar du Sahara et des Hauts- Plateaux ». Pompage de l’eau, éclairage public qui coûte très cher aux communes, alimentation des établissements scolaires et autres en solaire…. sont autant d’applications que le représentant de Dimel Solaire citera. Mais pour que cela soit possible, il faudra, dit-il, « améliorer le cadre juridique en vue de permettre à tout le monde (grandes entreprises, institutions, simple citoyen…), non seulement de bénéficier de cette forme d’énergie, mais aussi de participer à sa production et – pourquoi pas ? – à sa commercialisation ». En plus de l’aspect technique (maîtrise de la technologie, entretien…) et d’un cadre juridique pouvant répondre aux exigences et aux attentes, « Il faudra aussi, plaide M. Maïz, que les autorités pensent à faire adopter un système de subvention à même de simplifier cette participation à tout le monde, notamment les agriculteurs à qui les énergies renouvelables devraient être les plus profitables ». « Les réflexions sont en cours », dira encore M. Maïz qui assure que le privé est bel et bien sollicité pour apporter son concours et son expertise. À la bonne heure !

Uniquement 1,8% du programme est réalisé
Rappelons que le Salon de l’électricité et des énergies renouvelables est organisé, pour cette troisième édition, sous le thème : l’économie d’énergie. « À l’heure où la protection de l’environnement et l’économie d’énergie deviennent des enjeux planétaires. Le SEER, ont écrit les organisateurs, est l’occasion pour réunir les professionnels du secteur, afin d’échanger et de proposer des solutions novatrices dans les domaines de l’électricité et des énergies renouvelables, et cela à l’aide de workshops et de conférences avec des spécialistes du domaine ». Et dans le même document, on peut lire tout le retard accusé par l’Algérie en matière des énergies renouvelables auxquelles on a consacré, depuis une dizaine d’années, un programme des plus ambitieux. Or, selon un bilan présenté récemment par le commissaire aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique, Noureddine Yassa, les réalisations des capacités en Algérie entre 2010 et 2019 sont évaluées à environ 390 MW, soit 1,8% des 22 000 MW de la capacité totale à déployer à l’horizon de 2030. Ce premier bilan comprend notamment, détaille M. Yassa, 25 MW en solaire thermique de la centrale hybride solaire-gaz sise à Hassi R’mel d’une capacité totale de 150 MW, réalisée par Neal en 2011. 21 centrales solaires photovoltaïques ont été aussi réalisées entre 2014 et 2017 dans le Sud et les Hauts- Plateaux, d’une capacité totale de 343 MW. Le Bilan inclut également une centrale pilote multi-technologies de 1,1 MW déployée en 2014 à Ghardaïa, une ferme éolienne de 10,2 MW Installée à Kabertène (Adrar) en 2014, réalisée par SKTM/Sonelgaz et la centrale solaire photovoltaïque de 10 MW mise en service en 2018 à Ouargla par Sonatrach. Par ailleurs, plusieurs conventions ont été signées, l’année passée, avec cinq société nationales en vue de la réalisation de neuf centrales de production d’électricité photovoltaïque d’une puissance de 50 MW au profit des régions du grand Sud, ce qui permettra à l’Algérie d’économiser annuellement 206 000 tonnes de gasoil en moyenne avec un gain estimé à 14 millions de dollars par an, pour ces neuf projets seulement.

Hamid F.

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