Pour rejoindre les puissances nucléaires de l’époque, à savoir les États Unis, l’URSS (actuellement Russie) et l’Angleterre, la France a fait exploser le 13 février 1960 sa première bombe atomique en Algérie qui était en pleine guerre pour son indépendance. Nom de code « Gerboise bleue », le premier essai nucléaire français a eu lieu plus précisément à Reggane, dans le Sud algérien, il y a aujourd’hui 64 ans. La bombe était 4 fois plus puissante que celle larguée par les américains sur Hiroshima. Il y a eu seize autres essais nucléaires français dans notre pays avec des victimes. Malgré les affirmations qui se voulaient rassurantes des autorités françaises qui avancent que des précautions ont été prises au préalable. On peut penser que la colonisation n’était pas à une barbarie près infligée aux Algériens depuis 1830. Les enfumades, les déportations, la torture, les « crevettes bigeard », les millions de mines anti personnelles, etc. Sauf que la radioactivité dégagée par ces essais nucléaires persiste sur le long terme avec des conséquences sanitaires affectant plusieurs générations. Il y a également des conséquences environnementales difficiles à résorber.
Le rapport établi par Benjamin Stora sur « la réconciliation des mémoires » et remis au président français Emmanuel Macron effleure à peine le sujet. Par contre on peut citer à titre d’exemple et pour éloigner tout doute d’un quelconque parti pris ou exagération, le reportage publié en mai 2022 par le magazine « La Chronique » d’Amnesty International, Les témoignages des victimes des essais nucléaires français en Algérie y sont bouleversants. Que demande l’Algérie à la France ? Dans un entretien accordé en décembre 2022 au quotidien français Le Figaro, le président Abdelmadjid Tebboune « a demandé que la France nettoie les sites de ces essais, vers Reggane et Tamanrasset, où la pollution est énorme ». Il a également « souhaité qu’elle (la France NDLR) prenne en charge les soins médicaux dont ont besoin les personnes sur place ». Exigences raisonnables s’il en est. Surtout dans un contexte de relations « exemplaires » entre les deux pays. Pourtant et 64 ans après, la France n’a fait aucun geste dans ce dossier. Il serait regrettable que la France persiste dans sa fuite en avant et donne à cette question la même réponse que pour le déminage et les conséquences sanitaires des 8 millions de mines anti personnelles laissées par la France en Algérie sur des km le long des lignes Challe et Morice. C’est notre armée qui a déminé la totalité de ces mines tandis que près de 8.000 survivants attendent d’être indemnisés par la France. Sur ce point non plus, le rapport Stora, ne s’attarde pas. Les victimes de la radioactivité de Reggane, In Ekker, Tamanrasset ainsi que les estropiés de nos régions frontalières Est et Ouest, restent des cicatrices ouvertes dans nos mémoires !
Zouhir Mebarki