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«L’émigration dans la révolution algérienne, parcours et témoignages» : Un récit de Djillali Leghima

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Dans son livre «L’émigration dans la Révolution algérienne, parcours et témoignages», Djillali Leghima revient sur son parcours de militant et son engagement dans les différentes structures du mouvement national de la fin des années 1940 jusqu’à l’indépendance de l’Algérie. Paru aux éditions «Chihab» à l’occasion du 24e Salon international du livre d’Alger (Sila), cet ouvrage de 226 pages a été écrit par «devoir de témoigner et de transmettre», devant guider chaque acteur de cette période soucieux de «participer à l’écriture de l’histoire de la Révolution algérienne qui n’est pas achevée», jusitifie l’auteur. Né en 1931, Djillali Leghima remonte aux premières années de son enfance dans le village de Souamaâ en Kabylie. Il revient sur sa scolarité, les conditions de vie très difficiles des Algériens pendant la Seconde Guerre mondiale ainsi que sur ses premiers contacts avec des militants du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) en 1947, l’année de la tournée de Messali Hadj dans la région. Immigré en France en 1951, l’auteur passera onze ans dans ce pays où il se retrouvera ouvrier, affilié à la Confédération générale du travail (CGT, syndicat). De ces années de dur labeur, il dressera, d’abord, un tableau des conditions de vie et de travail des Algériens en France.
Sur l’engagement politique des émigrés, l’auteur s’arrête sur un épisode douloureux pour évoquer le massacre du 14 juillet 1953: six manifestants parmi les travailleurs algériens qui arboraient le drapeau algérien et scandaient des slogans hostiles au colonialisme, trouvèrent la mort en ce jour censé célébrer la libération de la France du nazisme. Après être longuement revenu sur le crise du MTLD à l’été 1954, Djillali Leghima fait état de deux tentatives de rapprochement, en juillet 1954, entre le Fln et Messali Hadj, à l’initiative de Mohamed Boudiaf et Mustapha Ben Boulaid (deux membres du Groupe de 22), ainsi que de Abbane Ramdane au printemps 1955. Ces intiatives essuieront un refus catégorique de Messali qui «n’avait pas confiance en ces jeunes, pourtant messalistes et militants du PPA/MTLD», souligne l’auteur. Outre les rivalités et violences entre le FLN et le MNA (Mouvement national algérien), l’ouvrage évoque la logistique mise en place pour organiser la fédération de France du FLN ainsi que la collecte, la sécurisation et l’acheminement de l’argent provenant des cotisations des travailleurs algériens en France en guise de participation à l’effort de guerre.
Djillali Leghima rapporte également le bilan «déplorable» des affrontements entre les militants des deux organisations qui auront fait «4500 morts et environs 900 blessés», selon les chiffres qu’il avance.
Un compte rendu détaillé des actions de l’Organisation spéciale du FLN (Os), chargée d’ouvrir un nouveau front de la guerre sur le sol français fait aussi état d’une centaine d’opérations de sabotage et d’attaques armées menées entre le 25 août et le 30 septembre 1958. L’auteur n’omet pas d’évoquer le soutien «précieux» apporté à la cause algérienne par des Français appartenant généralement au «monde médiatique et intellectuel, et qui rassemble chrétiens de gauche, communistes, trotskistes et syndicalistes». L’arrestation en février 1960, puis le procès d’une vingtaine de membres de ce réseau, provoquera la publication de «droit à l’insoumission», un manifeste signé par 121 intellectuels parmi les noms les plus prestigieux de l’élite intellectuelle française.
Autre détail d’importance, l’ouvrage situe le nombre de militants à 150 000 hommes et femmes structurés au sein de la fédération de France du FLN. En plus d’avoir fourni un «apport financier appréciable» et constitué une véritable force de frappe, la wilaya VII, appelée communément Fédération du FLN, devait payer un lourd tribut à la Révolution avec plus de 3000 morts et quelque 30.000 militants jetés dans les prisons et autres centres d’internement.

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