«Derrière les chiffres et les pourcentages de migration que nous énumérons souvent, il y a d’innombrables personnes, chacune avec sa propre histoire, ses projets, ses rêves, son avenir », a déclaré le président Sergio Mattarella qui a plaidé vendredi, pour l’augmentation des quotas de l’immigration légale pour mieux lutter contre la traite des êtres humains. Intervenant lors d’une conférence à Rimini organisée par le groupe catholique « Communion et Libération », il a affirmé que, « les phénomènes migratoires doivent être abordés pour ce qu’ils sont : des mouvements mondiaux, qui ne peuvent être effacés par des murs ou des barrières ».
Contrairement au discours musclé du courant de droite en Europe, contre la migration du Sud vers l’Europe, le président de l’Italie (sous un gouvernement d’extrême droite pourtant), fait exception. Il préconise un traitement plus humain du phénomène par un retour à une migration légale et utile qui pourrait ouvrir des perspectives pour les populations du sud du bassin méditerranéen. Au lieu de dresser des frontières, il veut ouvrir les portes de l’Europe pour réguler les flux et mieux lutter contre le trafic des êtres humains qui a connu son essor depuis la crise en Libye, la guerre en Syrie ou la violence dans la région du Sahel ou encore la famine et l’insécurité dans certains pays de l’Afrique subsaharienne. Il faut rappeler dans ce cadre que l’ile du sud italien Lampedusa est devenue un vaste camp de rétention où s’entassent des milliers de migrants et leur flux ne cesse de grandir. L’Italie qui ne veut plus jouer au chien de garde de l’Europe a demandé à l’UE, d’ouvrir un large débat pour trouver une solution au phénomène migratoire qui ne saurait être contenu par des barrières ou des barrages. Il y a quelques mois, le Premier ministre, Giorgia Meloni, a indiqué que malgré les efforts du gouvernement de droite de réprimer l’immigration clandestine, et restreindre les navires de sauvetage caritatifs affrétés par certaines ONG, le flux de migrants ne cesse de grandir. Mattarella a préconisé la mise en place de quotas réguliers, durables et suffisamment élevés de migrants comme moyen d’éradiquer le trafic cruel d’êtres humains », car « la perspective et l’espoir de venir sans coûts ni souffrances inhumaines convaincraient les migrants d’attendre leur tour, a-t-il ajouté. Il faut rappeler dans ce contexte que les traversées de l’Afrique du Nord vers l’Italie ont plus que doublé d’une année sur l’autre pour atteindre environ 106 000 cette année. Cette situation qui inquiète le gouvernement de droite qui fait face à une crise que vit le pays a poussé Giorgia Meloni, quelques mois après son investiture à s’attaquer à la politique de certains pays membres de l’UE qui ont ruiné l’Afrique, pillé ses richesses et poussé des millions de personnes à ne voir leur salut qu’au–delà de la mer Méditerranée au péril de leur vie et ouvert la voie devant les organisations criminelles spécialisées dans le trafic des êtres humains. Mattarella a conclu son intervention en affirmant : « je conserve dans mon bureau le dessin d’un adolescent victime d’un naufrage de migrants qui était parti avec un bulletin scolaire cousu dans sa veste, indiquant qu’il voulait venir en Europe pour étudier. Ce dessin me rappelle que derrière les chiffres et les pourcentages de migration que nous énumérons souvent, il y a d’innombrables personnes, chacune avec sa propre histoire, ses projets, ses rêves, et son avenir». C’est dire que la politique du tout sécuritaire et de la fermeture des frontières de l’espace européen devant les vagues de migrants a montré aujourd’hui toutes ses limites et surtout son coût élevé, et c’est ce qui pousse certains membres de l’Union à envisager d’inscrire le sujet de l’immigration légale comme point dans l’ordre du jour du prochain sommet des chefs d’États prévu en 2024.
Slimane B.
