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Le Pr Bengounia, chef de service épidémiologique et de médecine préventive, au Chu Mustapha Bacha, Alger : «Le choléra n’est pas tombé du ciel»

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C’est par la déclaration « le choléra n’est pas tombé du ciel » que le Professeur Abdelouahab Bengounia a, d’emblée, entamé hier, sa communication, au Forum du « Courrier d’Algérie », consacré à la question de savoir :

«Pourquoi le choléra en Algérie, en 2018 ? » et de souligner que c’est en l’absence « de stratégie et de politique de santé et de prévention » que le retour de l’épidémie du choléra a été rendu possible, en l’absence de maîtrise de la bactérie, qui se manifeste, généralement dans l’eau.
Si l’épidémie de choléra a causé, à ce jour (hier :Ndlr) la mort, de deux personnes et 57 cas hospitalisés confirmés des 161 malades, de Bouira, Blida, Tipasa et Alger, admis, aux hôpitaux, c’est la conséquence directe, selon le chercheur en Sciences médicales, «d’absence de stratégie,  de politique de santé et de prévention» outre d’élaboration de plans et programmes, à mettre et à actionner, dans ce genre de situation, selon le Professeur Abdelouahab Bengounia.
Pour le responsable du service épidémiologique au Chu Mustapha Pacha, à Alger, d’autres facteurs encore importants ont contribué fortement pour qu’aujourd’hui, la maladie du choléra affecte, des citoyens, dans quatre villes du pays, dont la capitale, c’est dû aussi, à l’absence de «rigueur  et de  fonctionnement normal et effectif » du système de santé, en Algérie. Pour celui qui, à travers son parcours professionnel et son profil de chercheur, emmagasine une riche expérience outre des leçons tirées, des files d’années d’exercice dans le milieu de la santé, dont celui du monde épidémiologique, qualifie «de drame» l’épidémie de choléra qui frappe des villes d’Algérie, et dira, que «je ne pouvais penser que notre pays puisse un jour atteindre ce stade».
Et c’est en «l’absence de la maîtrise» du microbe de  la bactérie, qui se manifeste, généralement dans l’eau, qu’«aujourd’hui nous sommes dans cette situation», avait-il indiqué, avant de déplorer «la régression» qui a frappé le secteur de la Santé, dont notamment la formation universitaire de nos médecins outre son fonctionnement. Soulignant avec insistance que la santé publique «est une question de sécurité nationale» c’est pourquoi, il n’hésite pas à lancer que « la santé publique est tellement une question importante, qu’elle ne doit pas être laissée qu’aux médecins» a-t-il insisté. Observateur attentif sur ce qui touche de près ou de loin le monde de la santé, l’invité du Forum, appelant à œuvrer «sérieusement  à l’amélioration de la qualité et des conditions de la formation «de nos médecins», le Professeur, Abdelouahab Bengounia déplore le fait qu’à ce jour  «les Chu sont gérés par un personnel, sans rangs magistraux» suite , ajoute-t-il au « renvoi» des professeurs chefs de services, à la retraite, notamment, depuis le 31 octobre 2013.
Refusant de voir que notre pays soit confronté, de nos jours, à une épidémie de choléra, il dira, par ailleurs, qu’en dépit des efforts déployés, notamment en matière d’enveloppes financières dégagées, depuis des années pour rehausser le secteur de la Santé et le service des soins, celui qui a publié dans des revues spécialisées de renommée internationale, insiste sur «la nécessité de renforcer l’éducation sanitaire au sein de la société» au regard de la «régression» qui a affecté le cadre de vie, en général, dans notre pays. S’appuyant sur des données et une analyse des statistiques d’organismes nationaux publics, il donne à titre d’exemple, la courbe indiquant la hausse alarmante du nombre de nouveaux cas de cancer, de 39 000 malades, en 2009  à 50 000 nouveaux cas enregistrés en 2014, d’où la décision de la mise en œuvre du plan anti-cancer dont a la charge son collègue, le Pr Messaoud Zitouni, pour la prise en charge des patients outre d’inverser, à la baisse, la tendance de la courbe précitée. Pour l’observateur attentif et acteur du monde de la santé et la prévention, le rôle de l’État et de ses institutions doit « être plus renforcé » si ce n’est « reprendre le dessus » seule voie à même de renouer avec « le sens des responsabilités » et d’en finir avec «le sentiment d’impunité ». Et c’est tout au long de son intervention et ses réponses aux questions des journalistes que le conférencier a apporté des éclairages, par des données et une analyse, pour répondre à la question, pourquoi le choléra, en Algérie, en 2018 ?, pointant du doigt, les raisons et les causes, précitées, à l’origine de l’épidémie de choléra.
Karima Bennour

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