Une course contre la montre entre la solution politique et l’intervention militaire semble engagée sur le théatre libyen et l’heure est à l’escalade entre les milices alors que la Mission de soutien de l’ONU en Libye (Unsmil) cherche à réunir les protagonistes de la crise pour l’ouverture d’un dialogue. L’escalade vers la «guerre totale» constitue un énorme obstacle à la reprise du dialogue politique, lancé le 29 septembre à Ghadamès (sud) sous l’égide de l’émissaire spécial de l’ONU en Libye, Bernardino Leon. Un dialogue politique que l’Algérie soutient fortement comme étant l’unique voie de salut pour la Libye. Mais les différents protagonistes, se montrent inflexibles. Fajr Libya exige la dissolution du parlement installé à Tobrouk en invoquant un arrêt de la Cour suprême invalidant les élections de juin. Le gouvernement de Tobrouk refuse de discuter avec Fajr Libya en invoquant la présence dans ses rangs du groupe Ansar Al-Charia, classé dans la liste des groupes terroristes. La Mission de soutien des Nations unies à la Libye a souligné que les combats, très violents à Benghazi, ont gagné en intensité dans l’ouest et le Sud, faisant près de 800 morts en deux mois dans tout le pays». «Les raids aériens contre Misrata et les combats dans le «croissant pétrolier» font peser la menace d’une « guerre totale « a estimé l’Unsmil. La Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL) a appelé «toutes les parties à œuvrer en faveur d’une désescalade du conflit et les invite à prendre des mesures courageuses afin d’enrayer ce cycle de la violence qui, s’il se poursuivait, conduirait le pays au chaos et à une guerre généralisée». Les différents protagonistes libyens ne vont pas dans le sens des concessions mutuelles. Dans ce contexte, l’appel à l’intervention militaire lancé à la mi-décembre par le groupe de 5 pays du Sahel est désormais fortement relayé par la France alors que l’Algérie reste fortement opposée à une telle entreprise. L’histoire semble ainsi se répéter. En 2011, dans une position défensive dans le contexte du «Printemps arabe», l’Algérie était hostile à l’intervention de l’Otan en Libye, alors que la France de Sarkozy était en pointe pour une action militaire. Début 2015, la même divergence d’appréciation sur ce qu’il faut faire en Libye s’exprime entre Alger et Paris. À la différence près que les conséquences catastrophiques de l’intervention occidentale en Libye permettent à l’Algérie de défendre sa vision de la solution politique avec plus de pugnacité.Le ministre français de la Défense, très «interventionniste», a adapté son discours de sorte que «l’intervention internationale» ne paraisse pas comme antinomique avec la «solution politique». «Une issue n’est pas possible sans intervention internationale en Libye (…) [Elle] est indispensable à la réconciliation de tous les Libyens, y compris kadhafistes « a-t-il déclaré.»Le rôle des institutions internationales consiste à aider et non pas à se substituer (dans les affaires internes des pays souverains). Par conséquent, nous ne pouvons accepter l’intervention militaire étrangère en aucune façon en Libye», a déclaré il y a encore peu le chef de la diplomatie algérienne. Malgré l’escalade de la violence en Libye et l’accroissement des pressions en faveur de l’intervention, l’Algérie maintient sa vision.»Notre pays poursuivra, en dépit de l’adversité, sa mission qui consiste à accompagner les forces vives libyennes ayant marqué leur disponibilité à œuvrer pour une solution politique», a déclaré le ministre chargé des Affaires maghribines et africaines, Abdelkader Messahel. L’enlèvement d’une vingtaine de coptes égyptiens à Syrte vient donner une touche «religieuse» à une guerre qui n’épargne plus aucune région, ni aucun secteur.
M. Bendib