Le gouvernement grec revendique une somme de 1,2 milliard d’euros qu’il estime avoir versée en trop au Fonds européen de stabilité financière (FESF), le principal créancier du pays.
Des responsables du FESF ont confirmé cette revendication mardi 24 mars et fait savoir qu’ils en étudiaient la pertinence, sur demande du président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.
Un «Euroworking group», le groupe de travail préparatoire aux Eurogroupes (réunions des ministres des Finances de la zone euro), devait se tenir par téléphone mercredi 25 mars, et examiner cette demande.
D’où viennent ces 1,2 milliard d’euros ? Suite à l’accord de l’Eurogroupe du 20 février, sur l’extension de quatre mois du plan d’aide internationale à la Grèce (en tout 240 milliards d’euros dont il ne reste que 7 milliards de prêts à verser), le gouvernement grec a, comme convenu, rendu au FESF 10,9 milliards d’euros d’obligations émises par le Fonds entre 2012 et 2014.
Ces obligations n’avaient pas été utilisées : elles étaient destinées à recapitaliser les banques grecques qui n’en ont finalement pas eu besoin. Mais ces derniers jours, le gouvernement de la gauche radicale grecque, qui cherche désespérément de l’argent, a estimé qu’il en avait rendu plus que nécessaire au FESF.
Un ballon d’oxygène
« Cette demande n’est pas aberrante, en principe, elle est recevable « estimait, mardi, une source européenne. Mais pour que ces 1,2 milliard d’euros soient effectivement reversés aux Grecs, une décision du directoire du FESF est nécessaire (y siègent les directeurs du Trésor des 19 pays de la zone euro). Voire, mais cela reste à préciser dans les heures qui viennent, il faudrait aussi un assentiment de certains parlements nationaux comme ceux de la Finlande, ou de l’Allemagne.
L’argent n’arriverait donc, au mieux, dans les caisses grecques que dans quelques jours. Par ailleurs, cette somme resterait dédiée à la recapitalisation des banques : elle n’est pas censée être utilisée par Athènes pour payer ses factures. A moins, ce qui est envisageable théoriquement, que l’État grec demande aux banques de lui racheter des obligations souveraines contre du «cash»…
La somme de 1,2 milliard, si Athènes réussit à la récupérer, serait un ballon d’oxygène bienvenu qui rendrait moins urgente la conclusion d’un accord en Eurogroupe. Elle pourrait en effet permettre au gouvernement Tsipras, qui cherche désespérément des fonds, de « passer « le mois d’avril en évitant un défaut de paiement, aux conséquences politiques et économiques désastreuses. Athènes pourrait se trouver à court d’argent dès le mois d’avril.
Certains parlent du 8, d’autres du 20, personne ne sait vraiment à ce stade, selon plusieurs sources européennes haut placées. Le pays doit encore assurer un remboursement de 420 millions d’euros au FMI le 8 avril. Il faut aussi trouver, plus immédiatement, 1,5 milliards d’euros pour payer les salaires des fonctionnaires fin mars…
Cependant, selon une information reprise par l’agence Reuters, mardi 24 mars, la Banque centrale européenne (BCE) a demandé aux banques grecques de ne pas augmenter leur exposition à la dette souveraine du pays, y compris en bons du Trésor. Cette démarche, si elle est confirmée, montre que la BCE accroît la pression sur le gouvernement grec pour qu’il conclue un accord définitif avec ses principaux créanciers (Commission européenne – au travers du FESF, BCE, FMI).
Selon une source proche du dossier: cet avertissement est en ligne avec les décisions déjà prises concernant la Grece en matière de politique monétaire. La BCE et la Banque de Grece ont déjà fait savoir que les banques grecques ne devaient pas augmenter davantage leur exposition a la dette d’Etat grecque pour des raisons prudentielles. Après une période de très fortes tensions, mi-mars, les discussions ont repris à Athènes entre les représentants des créanciers du pays et les experts du gouvernement Tsipras.
Ce dernier doit soumettre une liste de réformes «crédibles», «faisables», dans les jours qui viennent. Au plus tard lundi 31 mars a fait savoir Athènes, mardi. Tant que cette liste n’aura pas été validée en Eurogroupe, la Grèce ne pourra pas bénéficier des 7,2 milliards d’euros de prêts encore à verser dans le cadre du deuxième plan d’aide, qui se termine fin juin.