Plus de 300 gendarmes et une centaine de sapeurs-pompiers sont mobilisés pour tenter de retrouver les restes des 150 victimes de l’accident. Une gigantesque et périlleuse opération de recherche a repris, hier, pour tenter de retrouver en pleine montagne les restes des 150 victimes de l’accident d’un Airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings qui s’est écrasé mardi dans le sud des Alpes, pour des raisons inexpliquées. Le président François Hollande aux côtés de la chancelière allemande Angela Merkel et du Premier ministre espagnol Mariano Rajoy étaient attendus hier vers 14 heures sur le lieu de la catastrophe, où plus de 300 gendarmes et une centaine de sapeurs-pompiers sont mobilisés. L’Allemagne et l’Espagne sont les pays les plus touchés en nombre de victimes par cette catastrophe aérienne.
La recherche s’annonce complexe étant donné la dispersion des débris de l’avion sur près de 4 hectares à flanc de montagne, dans une zone très difficile d’accès, située entre Digne et Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence), où l’appareil s’est comme pulvérisé. « Les plus grands morceaux de corps que nous avons repérés ne sont pas plus grands» qu’un attaché-case, a déclaré mardi soir un enquêteur de la gendarmerie, revenu du site du crash. Parmi les innombrables débris, aucun gros tronçon de fuselage n’a été vu. «Seul le train d’atterrissage a pu être identifié», a ajouté un de ses collègues.
Hélitreuillage
L’avion, un Airbus A320 d’une filiale à bas coût de la compagnie allemande Lufthansa, portait le numéro de vol 4U9525. Il s’est écrasé dans une zone où les sommets culminent à 3 000 mètres, alors qu’il effectuait une liaison entre Barcelone (Espagne) et Düsseldorf (Allemagne) avec 144 passagers à bord et six membres d’équipage. Outre l’hélitreuillage des restes des victimes, les équipes devront aussi tenter de localiser la deuxième boîte noire de l’appareil. La première, retrouvée mardi, doit être analysée par le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) chargé des investigations techniques. Ce crash, la pire catastrophe aérienne sur le territoire français depuis plus de 30 ans, a déclenché une émotion considérable en Europe et au-delà. En Espagne, trois jours de deuil national ont été décrétés, après l’annulation par le roi Felipe VI de sa visite d’État en France mardi. Le président américain Barack Obama a présenté ses condoléances à l’Allemagne et à l’Espagne, tout en offrant l’aide de son pays. Parmi les victimes figurent 67 Allemands, dont deux bébés, 16 adolescents d’Haltern (nord-ouest de l’Allemagne) qui étaient en échange scolaire avec des lycéens espagnols, ainsi que deux chanteurs de l’opéra de Düsseldorf, Oleg Bryjak et Maria Radner.
PC opérationnel
La liste des passagers comportait aussi «45 passagers portant des noms de famille espagnols» a indiqué la vice-présidente du gouvernement espagnol Soraya Sainz de Santamaria. Selon les informations recueillies par les bureaux dans le monde, il y aurait également au moins une victime belge, un Danois, deux Australiens, deux Colombiens et deux Argentins. Londres, Mexico et Tokyo ont évoqué la présence probable à bord de ressortissants britanniques, de deux Mexicains et deux Japonais. Le président Hollande a, pour sa part, parlé de la possibilité «sans doute» de victimes «turques», tandis que les médias marocains faisaient état de la présence d’un couple marocain à bord de l’avion. Une chapelle ardente et un PC opérationnel ont été installés à Seyne-les-Alpes, où des familles de victimes sont attendues mercredi, et où se recueilleront François Hollande, Angela Merkel et Mariano Rajoy, avant une visite des dispositifs de secours.
Huit minutes de chute
La nuit a été très calme à la Maison des jeunes de la commune transformée en lieu de recueillement, alors seulement fréquenté par une poignée de journalistes japonais et chinois, a constaté un journaliste. Les vols d’hélicoptères avec des équipes de secours doivent reprendre à la levée du jour, qui pointait vers 6 heures, avec cinq appareils pour acheminer en priorité une trentaine d’enquêteurs et de médecins légistes, a indiqué le lieutenant-colonel Jean-Marc Ménichini, de la gendarmerie, selon lequel l’identification des victimes est prévue «en milieu hospitalier». Le procureur de Marseille, Brice Robin, a annoncé mardi l’ouverture d’une enquête pour homicide involontaire par la gendarmerie. Une cellule d’urgence médico-psychologique a été activée à l’hôpital de Digne-les-Bains mardi, une autre le sera à Seyne-les-Alpes à partir de 9 heures. Des interprètes espagnols et allemands seront sur place. Les causes de l’accident restent pour l’instant inconnues. L’équipage n’ayant pas émis de mayday (appel de détresse), c’est le contrôle aérien qui a pris l’initiative de déclarer l’avion en détresse, car il n’avait plus aucun contact avec l’équipage. La chute de l’appareil a duré huit minutes, selon Germanwings.
Spéculation
L’avion, qui avait 25 ans d’âge, avait subi une grosse révision à l’été 2013. «À ce stade, nous considérons qu’il s’agit d’un accident et tout autre chose relèverait de la spéculation», a déclaré Heike Birlenbach, vice-présidente de Lufthansa, en conférence de presse à Barcelone. Mardi soir, Germanwings a annoncé, dans un bref communiqué, que certains de ses vols avaient été annulés, car certains équipages n’ont pas voulu embarquer. «Nous avons de la compréhension» pour ces réactions, a indiqué un dirigeant de la compagnie, Thomas Winkelmann. Le 1er septembre 1953, un appareil qui effectuait une liaison Paris-Saigon s’était déjà écrasé dans la même région, à 16 kilomètres de Barcelonnette. Un seul accident mortel a endeuillé jusqu’à présent le transport aérien à bas coût en Europe : celui d’un Boeing 737 de la compagnie chypriote Hélios, le 14 août 2005 (121 morts), à la suite d’une panne d’oxygène qui avait asphyxié les membres d’équipage et tous les passagers.