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Journée arabe des droits de l’homme à Bouira : «mon droit s’arrête où commence celui des autres» ?

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Sous le slogan Liberté d’opinion et liberté d’expression, a été célébrée, avant-hier, à la cour de Bouira, la journée arabe des droits de l’homme. Le conférencier qui n’était autre que Laouani Khaled, conseiller à la cour de Bouira, expliquait, à cette occasion, devant un parterre de magistrats et de correspondants de presse, que la dite journée entrait dans le cadre de la convention des droits de l’homme, signée à Tunis en 2004 et devenue effective à partir de 2008.

Estimant que la liberté de penser comme la liberté de parole sont garanties par l’article 11 au lendemain de la Révolution française, il a, cependant, tenté une dichotomie pour dissocier la liberté d’opinion qui reste un
« acte intériorisé » et la liberté d’expression qui est un « acte extériorisé » au moyen d’un support. Cette expression peut être écrite ou parlée. Et si la liberté d’opinion demeurait, aux yeux de l’orateur, une chose qui est du domaine de la conscience et de la morale, la liberté d’expression, dont la diffusion vise une large audience, pose le problème de la responsabilité et de la censure. Cela dit, le conseiller de la cour a essayé de montrer qu’il existe d’autres libertés, comme la liberté de culte, et que la sagesse consiste en un équilibre parfait dans leur exercice, de manière à ne permettre aucun chevauchement ou empiètement de l’une sur l’autre. L’islam a permis à l’orateur de puiser dans les sourates, dans la vie du prophète et des califats maints exemples tendant à montrer que la liberté d’opinion et la liberté d’expression étaient garanties et encouragées déjà à cette époque-là. Alors que l’attentat contre le journal satirique de Charlie Hebdo, dont la conséquence avait été de lui éviter la banqueroute et de susciter de violentes réactions islamophobes dans l’Hexagone, lui paraissent injustifiés et disproportionnés, il citait d’autres formes d’intolérance provoquées par des œuvres d’art sous le couvert confortable de la liberté d’expression. Ainsi en était-il de ce film américain sorti en 1988 et qui montrait Jésus marié à Marie Madeleine qui lui donnait Sarah, au grand scandale des chrétiens français, lesquels, en signe de protestation avaient incendié la salle de cinéma où il a été projeté. Ainsi en était-il encore du livre de Selmane Roshdi paru en 97, intitulé Les versets sataniques, et qui avaient valu à son auteur des menaces de mort…L’émotionnel est l’irrationnel et la liberté d’opinion et d’expression doivent en tenir compte pour éviter toute confrontation. « Mon droit ( de penser et de m’exprimer librement) s’arrête où commence celui des autres, soulignait le conférencier. Au sujet de la liberté de la presse, si le jeune conseiller de la cour a cité à ce propos cette convention des droits de l’homme dont les pays arabes signataires fêtent chaque année la journée fixée le 16 mars, de même pour les autres institutions comme l’ONU, l’Unité africaine ou l’Union européenne, il a rappelé le fait qu’aux États-Unis, il n’y a pas de textes législatifs définissant et garantissant sa liberté. Tout au plus, a-t-il fait savoir, les journalistes avaient décidé de protéger leur propre profession en créant les règles qui la gèrent. Considérant, par ailleurs, que tout manquement à ces règles déontologiques et éthiques pourrait donner lieu à des poursuites, l’orateur a appelé le journaliste à faire preuve de plus de responsabilité dans son travail. Lorsque les institutions et les symboles de l’État sont touchés, la liberté d’expression devient alors un danger pour la société dont elle menacerait la cohésion et le fondement. Il existe donc des limites à la liberté d’expression et les outrepasser serait empiéter sur les autres a alors conclu l’orateur. Le débat a porté sur la possibilité d’une réflexion sur la liberté d’expression sur la nécessité de fournir une information complète et objective, sur le harcèlement des journalistes à travers les longs et fréquents procès qu’on leur fait, sur le droit de photographier etc. Comme l »ont fait remarquer le procureur général et la présidente de la cour qui ont présidé cette conférence, si on ne peut pas empêcher les dépôts de plainte qui sont, en démocratie, un droit, on peut en revanche faire confiance aux juges qui ont toujours faits preuve, eux, de compétence et de responsabilité.
Ali D.

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