Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, s’est finalement exprimé sur l’évolution de la situation dans notre pays avec une très grande prudence.
Ainsi le chef de la diplomatie française, qui vient de se rendre au Maroc pour une visite officielle qui, on s’en doute un peu, n’a pas été consacrée uniquement aux relations bilatérales entre Rabat et Paris, a indiqué hier que la France est «attentive» à ce que «l’esprit de responsabilité et de dignité qui prévaut en Algérie depuis le début des manifestations puisse continuer à s’exprimer librement ».
«Le seul souhait de la France, c’est que les Algériens puissent trouver ensemble les chemins d’une transition démocratique», a affirmé Le Drian dans un entretien accordé au magazine Le Point. «C’est ce que nous souhaitons pour l’Algérie et c’est ce que nous espérons, compte tenu des liens profonds qui nous rattachent à ce pays», a indiqué le chef de la diplomatie française. « Nous sommes confiants dans l’esprit de responsabilité et de dignité qui prévaut depuis le début des manifestations et qui suscite l’admiration », a déclaré en outre Jean-Yves Le Drian. «La solution, c’est le dialogue démocratique. Dans ces moments historiques, nous continuerons d’être attentifs à l’Algérie et aux aspirations des Algériens, dans le respect et l’amitié qui président à nos relations », a ajouté le Mae français.
Cette déclaration, qui se veut d’une très grande neutralité, l’est-elle vraiment dans la mesure où le ministre français qui, jusque-là, se montrait d’une très grande prudence, encourage le dialogue auquel appelle le Chef de l’État, mais parle aussi de « transition démocratique » ? Mais au plus haut niveau de l’État, à aucun moment on n’évoque une période de transition et on reste attaché à la démarche constitutionnelle qui doit conduire à l’élection présidentielle. On estime en effet que seul un Chef d’État élu aura la légitimité incontestable pour conduire les reformes exigées par le peuple algérien lors de ces manifestations massives chaque vendredi.
Pour revenir aux déclarations du chef de la diplomatie française et à l’interprétation que doit en faire Alger, d’autant et en dépit de leur bienveillance elles constituent indéniablement un message aux autorités algériennes. Le suivi de la situation Algérie est une priorité pour Paris où l’on pèse le moindre mot ou et analyse sur l’évolution d’un pays avec lequel la France a des relations très denses et où vit une importante communauté nationale.
L’ambassadeur de France à Alger vient d’ailleurs d’intervenir devant le sénat français sur l’Algérie et curieusement aucun communiqué n’a marqué cette information.
Le Sénat français a dû bloquer, cette semaine, la publication du contenu de l’audition qui a eu lieu mercredi dernier avec l’ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, sur le site officiel de la deuxième chambre du Parlement français. L’audition a eu lieu devant la Commission des affaires étrangères et de la défense et des forces armées, comme l’indique le site officiel du Sénat français qui ne mentionne pas, toutefois, ni l’objet ni le contenu de cette audition.
La déclaration du Mae français lève donc quelque peu le voile sur la position de Paris à l’égard de l’évolution d’une situation en Algérie qu’elle surveille comme le lait sur le feu.
Mokhtar Bendib