La tendance baissière des importations des véhicules,entamée dès 2013, s’est encore confirmée durant le premier semestre de 2015. La baisse a concerné aussi bien la facture que le nombre de véhicules importés. Les importations de véhicules ont chuté de 27, 86% % au cours du premier semestre de l’année en cours. Une baisse spectaculaire qui confirme les prévisions pessimistes faites dès l’année dernière pour ce marché, qui n’a cessé de progresser depuis des années et qui semble avoir atteint ses limites. Selon le Centre national de l’informatique et des statistiques (Cnis) des Douanes algériennes, la facture des importations des véhicules a reculé, à près de 2,13 milliards de dollars (mds usd) durant le 1er semestre 2015 contre 2,95 mds usd sur la même période de 2014, soit une baisse de l’ordre de 820 millions de dollars (-27,86%). Par ailleurs, s’agissant du nombre de voitures importées durant ces six premiers mois de l’année 2015, il s’est établi à 180 088 véhicules contre 230 677 unités sur la même période de comparaison de 2014 (-22%), précisent les données du Cnis. De surcroît, le Cnis a fait savoir que les marques européennes, notamment françaises et allemandes, ont continué à occuper la tête de la liste des importations des véhicules, suivies des marques japonaises et sud-coréennes, soit la même tendance relevée en 2014. Cette baisse des importations des véhicules intervient, suite aux décisions prises par le gouvernement pour assainir le marché de l’automobile qui s’est caractérisé, ces dernières années, par de profonds dysfonctionnements et pratiques illégales relevés par le ministère du Commerce dans une récente étude. Parmi ces irrégularités figurent certaines pratiques financières utilisées par les concessionnaires visant à transférer plus de capitaux vers l’étranger, augmenter les charges et équilibrer leur comptabilité aux moyens de techniques de plus en plus utilisées pour échapper au contrôle financier et fiscal du pays, a révélé cette étude. D’autant plus que cette filière mobilise des ressources financières importantes en devises, qui risquent, à moyen terme, d’exercer une pression sur l’équilibre de la balance des paiements du pays, si des mesures d’encadrement de régulation de contrôle et de réduction de la demande, ne sont pas prises dans un contexte de forte baisse des cours de pétrole, a prévenu cette enquête qui a noté qu’en l’absence d’instrument de régulation et d’analyse prospective, le pays s’est transformé en un « vaste espace de stockage ».
Durant les dix dernières années, l’Algérie a importé entre 350 000 et 400 000 véhicules, en moyenne annuelle, pour une facture estimée à plus de 5 milliards de dollars annuellement. « Notre pays est devenu une très grande aire de stockage de voitures. Aucun pays au monde ne fait ça », avait déploré, l’ex ministre du Commerce, M. Benyounès. Le ministre avait déclaré « la guerre » aux concessionnaires automobiles. Parmi les mesures prises pour assainir le marché et rationaliser l’importation des véhicules, un nouveau cahier des charges a été élaboré par le ministère de l’Industrie et des mines, régissant les conditions et modalités d’exercice de l’activité des concessionnaires. Ce dispositif sera renforcé par l’entrée en vigueur, dès 2016, des licences d’importation qui concerneront, entre autres, les véhicules dont les importations devraient être plafonnées à 400 000 véhicules/an. En outre, pour pallier au manque d’anticipation observé sur le marché, le rapport du ministère du Commerce a recommandé de prendre des mesures impliquant plusieurs départements ministériels ayant la charge de la sécurité routière, du développement du réseau après vente, de l’élaboration des normes de pollution et consommation d’énergies, des conditions d’éligibilité, de la gestion des ressources financières externes et des transferts de capitaux et du contrôle de l’importation et des déclarations fiscales de chaque concessionnaire. Ainsi, grâce à ces mesures, le marché automobile connaîtra, les spécialistes prévoient que cette tendance baissière devrait s’accentuer davantage durant les prochains trimestres.
En 2014, les importations des véhicules se sont chiffrées à 6,34 mds usd (439 637 unités) contre un chiffre record de 7,33 mds usd (554 263 unités) en 2013).
Lamia Boufassa