Ni la menace de répression, ni les faux-fuyants des dirigeants et ni encore moins les mesures cache-misère du régime marocain n’ont réussi à contenir la colère des citoyens, qui avait crié, hier, dans la rue, leur ras-le-bol contre la vie chère. Le Makhzen est dans la tourmente.
En effet, à l’appel d’organisations de la société civile et de partis de gauche fédérés au sein du « Front social marocain », des manifestations ont été organisées, hier, dans les rues de plusieurs villes marocaines, notamment dans la capitale Rabat, Casablanca, Tanger et Marrakech. Les protestataires ont brandi des pancartes et entonné des slogans qui résument le mot d’ordre « Le combat continue contre la cherté de la vie et l’oppression sociale ! » et, par la même, « Dénoncer comme jamais la politique de la sourde oreille adoptée par le Makhzen de plus en plus arrogant et méprisant ! », indique, quelques jours plutôt, un communiqué des initiateurs de cette action de protestation. À Casablanca, plus d’une soixantaine de personnes ont manifesté leur « ras-le-bol » contre la cherté de la vie, à la place Sraghna dans un quartier populaire de la mégapole, ont rapporté des médias. « Je n’en peux plus, la vie est devenue pénible à cause de la hausse des prix », a confié Fouad, 21 ans, qui a pris part à la manifestation. « Je sens que je n’ai plus d’avenir », ajoute ce jeune apprenti tailleur. « Nous dénonçons la politique du gouvernement qui avait promis d’être un gouvernement de l’+Etat social+ mais qui s’avère être celui des disparités sociales », a déclaré à l’AFP Abdelkader Amri, membre du bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail (CDT, gauche). Des groupes de manifestants se sont également rassemblés à Rabat, Tanger ou Marrakech. « La hausse des prix est une honte », « notre pays est agricole mais les légumes y sont chers » ont scandé quelque soixante protestataires réunis devant le parlement, à la capitale. Ces manifestations interviennent dans un contexte de forte poussée inflationniste mettant le gouvernement sous le feu des critiques des syndicats, de l’opposition parlementaire et des médias locaux. Le taux d’inflation a atteint 9,4% au premier trimestre de 2023 contre 4% à la même période l’an dernier, selon le Haut-commissariat au Plan (HCP).
Cette inflation est accentuée par la montée en flèche des prix des produits alimentaires (+18,2%) en plein mois sacré du Ramadhan, lors duquel le niveau de consommation augmente habituellement. Parallèlement, la Banque centrale du Maroc (BAM) a relevé, le 21 mars, son taux directeur de 50 points de base, à 3%, afin d’enrayer la hausse des prix qui affecte les ménages modestes et vulnérables. C’est la troisième fois que la BAM augmente son taux directeur depuis septembre 2022.
Farid Guellil