Les vice-ministres des Affaires étrangères et les représentants spéciaux du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), réunis, jeudi dernier à Cape Town en Afrique du Sud, ont asséné une véritable gifle au Maroc en appelant la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour faire aboutir le droit international en matière de question de décolonisation inscrite dans l’agenda des Nations unies.
La déclaration finale de la rencontre qui prépare l’ordre du jour du prochain sommet du groupe prévu au mois d’août prochain en Afrique du Sud, a insisté sur la nécessité de tout mettre en œuvre pour relancer le processus de règlement du conflit du Sahara occidental tout en appelant à encourager les efforts de Staffan de Mistura, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour parvenir à l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental. Cela constitue un véritable désaveu des visées marocaines qui tentaient de faire la promotion de leur « plan de large autonomie » des territoires sahraouis dans le cadre de la « souveraineté marocaine ». C’est un plan qui porte en lui-même les raisons de son échec puisqu’il va à l’encontre des décisions de la communauté internationale et du droit international. Et pour acculer encore plus le Maroc, les états-Unis ont souligné, dernièrement, leur plein soutien aux efforts des Nations unies pour faire avancer le processus politique au Sahara occidental, a indiqué un communiqué du département d’état au terme de la rencontre entre la secrétaire d’état adjointe, Wendy Sherman, et l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura. C’est donc plus qu’une gifle à l’occupant marocain et ses soutiens dont l’Espagne et l’entité sioniste qui voient ainsi ses thèses sérieusement ébranlées par la déclaration finale de la rencontre des Brics en Afrique du Sud et par le communiqué du département d’état aux affaires étrangères des États-Unis. Il faudra s’attendre, dans les prochains jours à un retour à la Une du dossier en vue de faire appliquer le droit international et mener à son terme le processus de décolonisation inscrit dans l’agenda des Nations unies.
La Déclaration de Cape Town devrait faire réfléchir le gouvernement de Pedro Sanchez qui s’est hasardé dans l’entreprise aventureuse d’abandonner la traditionnelle position de neutralité de son pays, l’Espagne, ancienne puissance coloniale du Sahara occidental, pour soutenir l’illégal plan marocain. C’est une véritable fuite des responsabilités historiques de son pays qui avait cédé, en 1975, les territoires qu’il occupait aux paris marocains qui avaient déferlé dans une marche qui leur avait permis d’envahir le Sahara occidental. Le document adopté au terme de la réunion des Brics a appelé au « respect du droit interaction, et du processus lancé par le Conseil de sécurité de l’ONU via la Mission des nations unies pour le référendum au Sahara occidental Minurso depuis 1991″. Le document, insiste également sur une « solution légale, conforme au droit international et mutuellement acceptable » par les deux parties en conflit le Front Polisario et le Maroc, garantissant et devant passer par le respect et l’application du droit du peuple sahraoui à la tenue d’un référendum d’autodétermination, note-t-on.
Cesser l’ordre colonial mondial
Il y a lieu de rappeler que le groupe des Brics constitue une volonté d’affranchissement du joug de l’ordre mondial dominé par les États-Unis et le monde occidental. Doté d’une puissance politique et économique non négligeable, il milite pour la mise en place d’un ordre mondial plus juste libéré de l’uni-polarité installée contre la volonté des peuples par les pays riches, depuis l’effondrement de l’Union soviétique et les deux guerres du Golfe. Actuellement, les membres de ce groupe sont en train de réfléchir à la mise en place d’un nouveau système de paiement des transactions commerciales internationales avec des monnaies autres que le Dollar. Cette « dédolarisaton » qui va permettre à plusieurs pays d’échapper au diktat de la Banque mondiale et du FMI est soutenue par les efforts de Pékin et Moscou pour lancer un système de paiement transfrontalier comme alternative au système SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Télécommunication), dirigé par les États-Unis. Le groupe des Brics envisage également la création d’une nouvelle monnaie de réserve mondiale basée sur le panier des devises de ses membres. L’objectif est d’échapper à la suprématie du dollar et des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI), dominés par les États-Unis. Il y a quelques jours, l’Arabie saoudite et la Chine ont conclu un marché de livraison de brut de pétrole payé par le Yuhan, ce qui constitue une première mondiale. À noter que l’Afrique du Sud assure la présidence des Brics depuis le 1er janvier 2023, succédant à la Chine et que plusieurs pays, dont l’Algérie et l’Arabie saoudite, sont des candidats déclarés lors du prochain sommet du club.
Slimane B.