La ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, Houda-Imane Feraoun, a estimé que l’Afrique devrait garantir sa participation, d’une même voix, à la promulgation des lois sur la gouvernance de l’internet dans le but de la mise en place de bases solides pour des lois internationales encadrant le monde virtuel.
S’exprimant hier à l’ouverture de la conférence africaine sur la gouvernance de l’internet (CAGI) la ministre a expliqué qu’il s’agit, pour elle, de faire participer, impérativement, tous les peuples de la planète, y compris ceux qui n’ont pas encore accès à l’Internet, à la définition des fondements de la gouvernance du réseau à travers des dispositifs transparents, démocratiques et participatifs. Il s’agit aussi de limiter l’usage de l’Internet aux seules fins pacifiques, tout en inscrivant ce principe dans un document contraignant et exécutoire, approuvé par tous les Etats, a-t-elle suggéré. Feraoun a ajouté que cette rencontre constitue une excellente opportunité pour débattre et définir une position commune quant aux nouvelles questions relatives à la gouvernance d’internet. Elle a rappelé que les gouvernements africains ont déployé d’énormes efforts entre 2000 et 2016 où le nombre d’internautes a progressé de plus de 70% passant d’environ 4,5 millions d’internautes en 2000 à plus de 340 millions d’internautes actuellement. Elle a indiqué que la population d’Afrique compte plus de 1,2 milliard d’habitants, dont moins de 25 % sont connectés à internet, voire moins de 3% dans certains pays africains, alors que ce taux dépasse 74% en Europe et 90% en Amérique du Nord. La ministre a déploré, à cette occasion que l’internet constitue un grand marché où certaines personnes gagnent de l’argent, au détriment de nos économies, citant à titre d’exemple, la publicité numérique qui a généré environ 200 milliards de dollars en 2016, tout en s’interrogeant combien sont investis pour le développement de la connectivité en Afrique. Contrairement à ce que nous espérions, la généralisation de l’internet a eu comme conséquences un contrôle collectif, l’utilisation abusive des données personnelles notamment comme outil de contrôle social et politique, le monopole, la marchandisation et le marchandage de la connaissance, a-t-elle dit. La généralisation de l’internet a eu aussi comme conséquence la prédominance d’une catégorie de fournisseurs de services en ligne, qui ne tiennent pas compte du préjudice causé aux économies nationales des Etats, en empêchant le retour sur les investissements consentis pour le déploiement des infrastructures, a-t-elle ajouté. La ministre a par ailleurs affirmé que l’Afrique ne peut remédier à cette situation qu’à travers des modifications profondes aux procédures actuelles de gouvernance de l’Internet. Pour elle, la gouvernance de l’Internet doit être fondée sur le principe de garantie de l’accès au réseau pour tous. Or, ce principe, a-t-elle dit, ne peut servir les droits de l’homme et la justice sociale que s’il permet le partage du pouvoir et consacre la souveraineté des peuples et des Etats, conformément aux principes adoptés par les Nations unies et pour lesquels milite toute l’humanité. La mise en place d’un cadre efficient afin de concrétiser ces objectifs est le plus grand défi à relever aujourd’hui concernant la gouvernance mondiale de l’Internet, a-t-elle fait valoir. Revenant sur la conférence relative à la gouvernance de l’internet, Feraoun a indiqué que cette rencontre sera l’occasion de discuter afin de rapprocher les points de vue africains et adopter une vision commune. Elle a exprimé son espoir de voir cet évènement continental couronné par l’adoption des principes indéfectibles constituant un fondement pour l’émergence d’une gouvernance de l’Internet à même de garantir des avancées dans le domaine des droits de l’homme et de la justice sociale aux niveaux national et international.
Ania Nch-Nb