Donald Trump a célébré, jeudi, l’histoire des Américains pour qui «rien n’est impossible», dans un discours rendant hommage à l’armée et appelant au rassemblement, face aux critiques qui lui reprochaient de s’être invité au cœur la fête nationale traditionnellement apolitique.
«Notre nation est plus forte aujourd’hui que jamais auparavant», a déclaré le président américain sous les applaudissements de milliers de spectateurs, dans un discours entrecoupé de musiques militaires et du spectaculaire survol d’avions de guerre. L’imposant Air Force One, le Boeing 747 des présidents américains, a survolé le cœur historique de Washington pour annoncer l’ouverture de la cérémonie qui a duré moins d’une heure. Et la patrouille d’acrobaties aériennes Blue Angels a clôturé ce spectacle d’une ampleur inédite, qui a offert notamment la vision rare de la silhouette fine du chasseur furtif B-2. «USA, USA», s’est mis à scander le public lorsque le milliardaire républicain est arrivé, accompagné de son épouse, Melania Trump, aux pieds de marches du Lincoln Memorial, monument à la gloire du 16e président américain. C’est depuis ces mêmes marches que Martin Luther King délivra en 1963 son discours historique «I have a dream» en faveur de l’égalité pour les Noirs. «Aujourd’hui, nous nous rassemblons comme un seul pays pour cet hommage très spécial à l’Amérique», a déclaré Donald Trump, avant d’énumérer les découvertes et avancées médicales, spatiales, technologiques et industrielles faites par des Américains. «Nous serons de retour sur la Lune sous peu et un jour prochain, nous planterons le drapeau américain sur Mars», a promis Donald Trump. Sous le feu des critiques pour s’être invité dans la grande fête du 4 juillet et lui avoir donné une dimension politique et militaire, Donald Trump a proclamé: «Pour les Américains, rien n’est impossible». En présence de son vice-président Mike Pence, de membres de son administration, du Congrès et des représentants de toutes les branches de l’armée, Donald Trump a rendu hommage aux militaires, à la police, aux sauveteurs et volontaires du 11-Septembre, mais aussi à de nombreuses personnalités civiles, dont le mouvement des suffragettes et plusieurs grandes figures noires américaines, dont Martin Luther King. Il a toutefois parsemé son discours de références plus polémiques, dont un hommage à la police de l’immigration ICE, régulièrement stigmatisée pour son traitement des clandestins venus d’Amérique latine. Il a aussi cité «Betsy Ross», nom désignant une ancienne version du drapeau des Etats-Unis qui a été dénoncée récemment par certains pour qui elle rappelle l’époque de l’esclavage.
«Satisfaire son ego»
Le 4 juillet marque le Jour de l’indépendance, Independence Day, lorsqu’en 1776 treize colonies britanniques fondèrent les Etats-Unis d’Amérique. Des milliers de personnes se rassemblent chaque année dans une ambiance bon enfant sur les immenses pelouses du National Mall, grande esplanade de Washington, bordée de musées et monuments officiels. Mais cette fois-ci, beaucoup portaient des casquettes, T-shirts et pancartes au nom de Donald Trump. Ils avaient patienté de longues heures malgré la chaleur étouffante et les orages d’été. Devant la Maison Blanche, Dee Ranson, 55 ans, défendait le choix de son président de prendre la parole: «Cela montre du courage et un enthousiasme patriotique. Il n’a pas peur», s’est félicité cette habitante de Floride. Mais en chamboulant l’ordonnancement des festivités, le président s’est attiré les foudres des démocrates, qui craignaient un «meeting de campagne partisan». Cet évènement a été «conçu plus pour satisfaire son ego que pour célébrer les idéaux américains», a dénoncé le candidat à la Maison Blanche Joe Biden, favori dans les sondages parmi les démocrates.
«Démonstration de force»
C’est après avoir été impressionné par le défilé du 14 juillet 2017 sur les Champs Elysées à Paris que le milliardaire républicain a voulu ajouter une dimension militaire aux célébrations dans son pays. «C’est une démonstration de pouvoir et de force qui n’est pas nécessaire», regrettait April Smith, une résidente de Caroline du Nord, des étoiles aux couleurs du drapeau américain peintes sur les joues. Ce «n’est pas la manière américaine» de rendre hommage à l’armée, a également estimé la maire démocrate de Washington, Muriel Bowser. L’organisation de gauche Code Pink a manifesté son opposition en déployant –au sol– le «Baby Trump», personnage gonflable représentant un bébé colérique à l’effigie du président américain. Le budget de l’événement est également dénoncé par les démocrates. Mais selon Donald Trump, le coût sera mineur. «Ce sont nos avions, nous avons les pilotes, l’aéroport est juste à côté, on a juste besoin de carburant. Les chars et tout le reste sont à nous», a-t-il dit.