Dans sa réaction à l’adoption, vendredi, par le Conseil de sécurité du texte de résolution 2602, prorogeant d’un an le mandat de la mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), l’Algérie a exprimé, « son profond regret quant à l’approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte » qui manque cruellement, poursuit le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger «de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil » précise, dimanche, le département ministériel de Ramtane Lamamra.
Pour l’Algérie, la teneur de la résolution 2602 (2021) étant «partial » et l’approche adoptée dans son élaboration étant «fondamentalement déséquilibrée » et manquant « cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil » a annoncé son non soutien à la-dite résolution. Indiquant que « toute démarche qui ignore le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui », dans le conflit qui l’oppose au Maroc sur le Sahara occidental, question de décolonisation inscrite à l’ONU et l’UA, « sera contre-productive, injuste, dangereuse », et ne fera, poursuit la même source « qu’ajouter un surcroît de tension et d’instabilité dans la région». Indiquant que « l’Algérie, qui exprime sa pleine compréhension des constats et conclusions de la partie sahraouie, ne soutiendra pas cette résolution partiale » qui a pour effet, est-il souligné « de conforter les prétentions exorbitantes de l’État occupant (Maroc, ndlr) dont elle encourage l’intransigeance et les manœuvres visant à entraver et à pervertir le processus de décolonisation du Sahara occidental ». Faisant savoir que « par principe et par solidarité avec le peuple frère du Sahara occidental » la même source indique par conséquent que « l’Algérie attend du nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général qu’il inscrive strictement son mandat dans la mise en œuvre de la Résolution 690 (1991) portant le Plan de Règlement accepté par les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario » et adopté, rappelle le ministère des AE, « unanimement par le Conseil de sécurité » est-il précisé. Escomptant que la communauté internationale « ne ménagera aucun effort pour amener le Royaume du Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD), en leur qualité d’États membres de l’Union africaine (UA), à mettre en œuvre la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’UA » adoptée le 9 mars dernier, lors de sa réunion au niveau des chefs d’État et de gouvernement, par laquelle il est « demandé au Maroc et la RASD d’engager des pourparlers directs et francs, sans aucune condition préalable et conformément à l’article 4 de l’Acte constitutif de l’UA ».
Le Lobbying pro-marocain frappe la crédibilité et le rôle de l’ONU et son conseil de sécurité
Il est à rappeler qu’avant l’adoption de la résolution 2602, texte rédigée par les États-Unis, des jours auparavant, le lobbying pro-marocain, principalement israélien, au sein de l’institution onusienne, notamment au sein du Conseil de sécurité, dont la France en est un de ses acteurs, ont manœuvré pour non seulement le non élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental, comme en jouissent les autres missions de l’Onu déployées dans des régions à travers le monde, mais ouvert une brèche en introduisant des notions et des concepts dans la résolution 2602, en contradiction flagrante des textes de la Charte de l’ONU et des fondements pour tout règlement d’une question de décolonisation inscrite à l’ONU et l’UA. Si dans un des rapports sur le Sahara occidental, l’ex- Sg de l’ONU, Kofi Annan, a introduit, en 2008, timidement, faut-il le noter la notion « de realpolitik », en vue de la reprise de cette approche, dans une des résolutions de l’ONU sur le Sahara occidental, laquelle a été reprise dans celle que vient d’adopter le Conseil de sécurité, dans le sillage des efforts de certains de ses membres qui ont opéré un forcing pour tracer une autre voie à la solution juste et durable, selon la légalité internationale. Il est indiqué, dans la-dite résolution, que le Conseil de sécurité « approuve la recommandation du rapport du 14 avril 2008 (S/2008/251) selon laquelle le réalisme et l’esprit de compromis » sont essentiels, selon la résolution, « pour faire progresser les négociations », soit une invitation à tourner le dos à la Légalité internationale, adoptant ainsi la posture de l’occupant marocain, depuis son refus de respecter ses engagements pris dans le cadre du cessez-le-feu 1991, avec le Front Polisario sous l’égide de l’ONU, pour la tenue du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. À la lecture de la résolution 2602, il ressort faut-il le noter, que c’est pour la première fois qu’un document onusien relatif à la question de décolonisation du Sahara occidental ouvre clairement une brèche pour dévier le processus et la démarche à promouvoir le règlement du conflit entre le Front Polisario et le Maroc, de la ligne de la légalité internationale. Une posture qui n’est pas seulement une invitation à la violation du Droit international mais à un soutien d’un système politique d’occupation, en opposition fondamentale à tous les droits du peuple sahraoui, dont celui de décider de son destin.
Karima Bennour