Tout le monde s’accorde à le dire, notre système éducatif est malade, malade de ses hommes et femmes, malade de son entourage, malade de la législation.
Chacun affirme, en outre, que notre École n’a pas bénéficié de toute l’attention des hautes autorités puisque, de longues années durant, le corps enseignant était sous-payé, et n’y venaient, donc, que ceux qui n’ont pas trouvé ailleurs, ou qui avaient l’enseignement vraiment dans le sang. Mais, depuis quelques années, la vapeur a été renversée et nous constatons une meilleure prise en charge de l’éducation nationale par l’exigence d’un niveau d’instruction élevé pour les enseignants, en plus d’une formation continue qui leur est dispensée, même si elle est encore insuffisante. Le traitement des enseignants a aussi été relevé d’une manière conséquente et de nombreuses réformes ont été introduites. Nous voyons, aussi, la réalisation de centaines établissements scolaires, la réhabilitation de nombreux autres et la réouverture d’autres qui avaient été fermés durant la Décennie noire. Tout ceci devait conduire à hausser le niveau d’instruction des Algériens et faire sortir l’École du marasme dans lequel elle a toujours vécu. Malheureusement, un maillon important de la chaîne s’est avéré inopérant et nos enfants, ceux du primaire justement, en ont pâti. En effet, les écoles primaires, les plus nombreuses dans le système éducatif, sont toujours gérées, du moins pour la partie entretien et gardiennage, par les APC. Pour ce faire, des subventions conséquentes sont dégagées, aussi bien par les wilayas que par le ministère de l’Éducation, et celui de l’Intérieur. Cela fait des sommes presque suffisantes pour faire bénéficier les enfants de toutes les commodités, mais loin s’en faut. Un tour dans les écoles est assez édifiant et, à part quelques établissements situés en zones ‘spéciales’, il manque tout, dans les écoles primaires. Les cours sont pour la plupart recouvertes de goudron ou en terre battue, rares sont celles qui ont été refaites avec des dalles, et, souvent, les enfants tombent et se blessent, assez sérieusement. Les portes ferment mal, ou pas du tout, les fenêtres sont sales et, soit elles ne ferment pas, soit elles ne peuvent être ouvertes, les estrades sont rapiécées et les bureaux des enseignants datent de l’ère préhistorique. Il y a eu des opérations de rénovation de mobilier, depuis quelques années, mais, il reste encore des écoles qui n’en ont pas bénéficié suffisamment, alors que d’autres, selon les déclarations de leurs directeurs, ont reçu trop de tables, trop de chaises, trop d’armoires et ne savent plus où les mettre. Quant à la peinture, il faut dire qu’elle a connu des jours meilleurs et même si l’on venait à la refaire, c’est le moins-disant et le plus mauvais qui est choisi, pourvu qu’on voit un peu de peinture récente, et c’est tout. Il y a bien des appareils de chauffage, central ou à mazout, mais beaucoup ne fonctionnent pas, pour une raison ou une autre, alors que l’eau courante est absente de la plus grande partie des écoles primaires. Les outils pédagogiques ne sont pas toujours disponibles et les enseignants doivent se démener pour se les débrouiller, et les tableaux détériorés sont rarement remplacés. D’ailleurs, et en parlant de tableaux, il faut rappeler que la grande majorité des établissements scolaires utilisent maintenant le tableau blanc et les enseignants écrivent avec des ‘stylos’, ce qui est une bonne chose, puisqu’ils ont dit, définitivement, adieu à la craie, à la poussière et à ses désagréments, mais, là aussi, la disponibilité est plutôt en dents de scie. L’autre grand problème, dont souffrent les écoles primaires est celui du gardiennage et du nettoyage des salles de cours. En effet, souvent, les gardiens recrutés par les APC sont de simples agents, dont une grande majorité handicapés, sous-payés et n’obéissant à aucune règle connue. Ils refusent certains travaux, comme l’entretien des maigres espaces verts qui se trouvent dans quelques écoles, et abandonnent leur poste de travail à la moindre occasion. En outre, très rares sont les écoles qui ont un gardien de nuit, ce qui entraîne des dégradations multiples, n’était-ce le sacrifice de certains directeurs d’écoles qui restent assez tard dans leurs établissements pour les garder. C’est le même topo pour les femmes de ménage affectées par les APC pour le nettoyage des classes et qui, souvent, se contentent de balayer la poussière qui retombe sur les bancs des élèves, et les incommode toute la journée. L’utilisation de l’eau pour laver le parterre des classes est une mesure tout à fait exceptionnelle, et n’est exécutée que rarement, à certaines occasions. Pourtant, il n’y a pas longtemps, il a été décidé la création d’entités interministérielles (Intérieur et Éducation) au niveau des daïras, pour gérer le budget des écoles primaires mais, à ce jour, il n’y a rien !
Hadj Mansour