Accueil ACTUALITÉ Devant l’entêtement d’Ouyahia : les frondeurs du RND passent aux menaces

Devant l’entêtement d’Ouyahia : les frondeurs du RND passent aux menaces

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Le bras de fer entre le RND d’Ahmed Ouyahia et ses opposants au sein du groupe, qui réclament l’ajournement du congrès, est définitivement engagé. Ceci, dans la mesure où chacune des deux parties soit campée sur sa position. Au demeurant, les relations se corsent davantage entre les protagonistes, lorsque les protestataires passent à la vitesse supérieure.

En effet, ils comptent saborder le grand rendez-vous du parti par la saisine du ministère de l’Intérieur. C’est du moins, là, un passage à l’acte, décidé par les adversaires de l’actuel secrétaire général par intérim du parti, lors d’une troisième réunion tenue avant-hier soir. Visiblement, la réaction d’Ouyahia qui a réfuté, catégoriquement, toute idée de recaler son conclave, lorsque, encore, il qualifie les frondeurs d’un «groupuscule minoritaire» qui «veut imposer un diktat irrecevable», n’a pas été du goût de ces cadres désobéissants. De ce fait, dans un communiqué rendu public dans la soirée d’avant-hier, et signé par une trentaine de membres issus des instances dirigeantes, que sont le conseil national et le secrétariat national, et d’autres ex-parlementaires du parti, ce groupe s’est dit indigné et outré par les propos du patron du RND. Les dissidents se sont aussi emportés contre le porte-parole du parti, Seddik Chiheb, qui n’avait pas non plus été, par des propos, tendre avec eux. Ce dernier avait récusé l’argumentaire mis en avant par les protestataires dans leur requête appelant au report du tout proche congrès électif. Tout en excluant toute intention, de leur part, visant à lancer un mouvement de redressement, les dissidents disent ne pas non plus vouloir s’attaquer à quiconque, allusion au chef du RND et son proche collaborateur. Mais, leur mission, entendent-ils, consiste à soutenir les voix discordantes de la base militante. À croire ce groupe, nombreux sont les militants des structures locales qui dénoncent «l’injustice, la marginalisation et l’exclusion». Et pour cause, selon les reproches de ses opposants à la direction politique du parti, les délégués au prochain congrès «sont désignés au lieu qu’ils soient élus», ont-ils rappelé dans leur document. À vrai dire, si tel serait le cas, les contestataires appréhendent un énième scénario pouvant se produire lors du congrès à venir. Ils craignent que le SG du parti ne soit coopté sous couvert d’une élection «jouée à l’avance», laissent entendre les adversaires d’Ouyahia. Cela étant dit, en fin janvier dernier, soit lors de la tenue de la quatrième session du conseil national du parti, Ouyahia avait annoncé que l’accession aux commandes du RND sera ouverte à tous les militants, ce qui est en soi une première en la matière. Du coup, le refus d’Ouyahia de céder devant leur demande, mais surtout de les avoir traités d’un «groupuscule et d’une minorité» apporte en quelque sorte de l’eau au moulin de ses adversaires. Lesquels, à travers leur réponse, en effet, estiment que de tels propos ne sont qu’«une forme d’exclusion, de violence et de non-respect de l’avis contraire», ont-ils dénoncé. Ainsi, pour les membres dissidents, ces pratiques ne font qu’«épuiser le parti et hypothèque son avenir». À croire les mêmes accusations, à moins d’un moins donc qui nous sépare du rendez-vous, la direction politique a donné instruction et a émis comme mot d’ordre, la reconduction d’Ouyahia à la tête du parti. Ce qui est pour les opposants des «pratiques archaïques qui ne consolident pas le parti, ni à sa pérennité», pensent-ils. Contrairement à ce que dit Chiheb ayant traité la demande de recaler le congrès d’«irresponsable», les frondeurs considèrent qu’il n’est pas trop tard pour bien faire. Selon eux, le délai est largement suffisant pour que les deux parties en conflit puissent aplanir les différends et régler les problèmes qui se posent au niveau de toutes les structures du parti. Cependant, il semblerait que le maintien des échéances inhérentes à l’organisation du conclave du parti, ait poussé les mécontents cadres, dont les chefs de file ne sont autres que Nouria Hafsi et Tayeb Zitouni, de revoir leur copie et d’aller jusqu’à exercer une sorte de chantage pour mettre davantage de pression sur Ouyahia. D’ores et déjà, ils mettent en garde contre toutes les conséquences des pratiques en cours, dont la responsabilité incombe, selon eux, à l’actuel directeur de cabinet auprès du président de la République. «Une fuite en avant», ont-ils qualifié la décision du chef de la deuxième force politique. Au-delà de ce constat, les adversaires coléreux menacent de recourir à d’autres actions plus conséquentes. Il s’agira de concocter un dossier regroupant toutes les preuves nécessaires à même d’acculer l’homme fort du RND. Vraisemblablement, il sera question de réunir toutes les pièces justificatives en mesure de convaincre, juridiquement, le ministère de l’Intérieur, en rapport notamment avec les griefs retenus contre Ouyahia, et sa direction politique. Car, ce groupe de protestataires affirme de ses intentions de déposer ce dossier accablant, demain jeudi, auprès des services du département de Noureddine Bedoui. Pour ce qui est de reproches, les plaignants accusent la hiérarchie du parti d’avoir transgressé les statuts et les pratiques démocratiques. Ceci, eu égard aux préparatifs «entachés d’irrégularités» du prochain congrès notamment. Pis, les mêmes frondeurs accusent Ouyahia d’avoir violé les textes du parti. Selon eux, leur ennemi juré s’est maintes fois absenté, lors des réunions du conseil national, notamment, depuis sa démission forcée à la tête du RND, en janvier 2013. Pour eux, celui-ci justifiait ses défections par procurations. Ce qui n’est pas statutaire, selon leurs explications, dès lors, ont-ils indiqué que l’on pourrait recourir à ce moyen que si l’intéressé se retrouve en dehors du territoire national. De quoi, notamment, mettre le mentor du parti devant le pied du mur, et le pousser, peut-être, à céder devant la pression.
Farid Guelli

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