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DES DIVERGENCES NON SANS CONSÉQUENCES SUR LA SCÈNE LIBYENNE : Rome et Paris se disputent le rôle premier en Libye

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Après la déclaration de la ministre italienne de la défense, juillet dernier, suivie, depuis, de celles de son collègue de l’Intérieur et aussi du Premier ministre, sur le refus de Rome de toute «accélération du processus électoral» en Libye, allusion à la date du 10 décembre fixée, par la rencontre de Paris, fin mai dernier, sur le dossier libyen, l’annonce, par Rome, de la tenue d’une Conférence sur la Libye, septembre prochain, a été suivie de la réaction de la diplomatie française. Après avoir marqué, d’un ton critique, ses réactions à la position affichée de Rome, refusant l’adoption de la feuille de route de Paris, dans laquelle, le point le plus important, a trait à la tenue des élections en Libye, le 10 décembre prochain, le Quai d’Orsay, a indiqué, que la France «a pris note avec intérêt, de l’intention de l’Italie, d’organiser une conférence internationale» avant d’ajouter que celle-ci «fait suite à celle de Paris». Après avoir précisé auparavant, que Rome «est un partenaire (de la France :Ndlr)de premier plan sur le dossier libyen». Refusant, au regard de la situation en cours en Libye, sur la focalisation de la date des élections, fixée, lors de la rencontre de Paris, les responsables italiens n’ont cessé de souligner que «l’accélération du processus électoral n’apportera pas la stabilité en Libye» si elle n’est pas, a précisé la ministre de la défense d’Italie, «accompagnée d’une réconciliation globale», a-t-elle indiqué, juillet dernier. Lui emboîtant le pas, l’ambassadeur italien en Libye, Giuseppe Perrone, a déclaré, récemment, que son pays «ne reconnaît que le plan de route de l’ONU pour la Libye» réaffirmant ainsi, la posture de Rome, de faire fi, de la rencontre de Paris, sur le dossier libyen. Alors que les Libyens, principalement les acteurs de la scène politique dans ce pays, peinent à enregistrer des avancées notables, pour renouer avec la vie politico-institutionnelle, en l’absence, faut-il le noter également, d’avancées notables et pertinentes en matière de réconciliation inter-libyenne, le pays et son peuple risquent encore de demeurer les otages de la spirale chaotique, qui s’est emparée du pays, depuis 2011. Indiquant que Paris «est convaincue que seule une solution politique, sous l’égide des Nations unies, permettra de stabiliser durablement la Libye.» le Quai d’Orsay souligne que «cela passe par l’adoption d’une base constitutionnelle en vue de l’organisation d’élections présidentielles et législatives, dont le calendrier a été précisé et agréé par les principaux acteurs libyens lors de la conférence de Paris du 29 mai» précise-t-il, sur son site Internet. Auparavant, le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Matteo Salvani a critiqué, sans retenue, la politique du président français Emmanuel Macaron, en direction de la scène libyenne. Déclarant que la France «a provoqué des catastrophes à l’époque de Kadhafi» a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien italien, de centre-droit, Il Giornale, dans son édition, de lundi dernier. Rappelant, poursuit-il, «les pressions exercées par l’ancien président français Nicolas Sarkozy pour l’intervention de l’OTAN en 2011, en Libye» le ministre italien ajoute qu’«actuellement ils (les responsables français :Ndlr) essaient de suivre la même ligne, en fixant une date pour les élections sans impliquer personne d’autre» a-t-il souligné.
Si Rome n’avance pas de date précise, sur la tenue des élections en Libye, et n’intègre pas dans sa démarche et son approche politique, sur le dossier libyen, la date fixée lors de la réunion de Paris, les responsables italiens, affirment soutenir le plan de l’ONU et les efforts de son envoyé spécial pour la Libye, Ghassan Salamé, visant la tenue du scrutin dans ce pays, «avant la fin de l’année en cours» comme il est précisé dans les documents du Conseil de sécurité sur la Libye. Aux divergences minant le dialogue inter-libyen, à l’origine de l’absence, à ce jour, de signes effectifs du début de la fin de la situation chaotique qui sévit dans ce pays, les divergences et les tensions entre Paris et Rome, sur la question libyenne, ne sont pas sans conséquences, sur la scène libyenne, laquelle n’échappe pas aux retombées et aux impacts des rivalités entre ces deux pays de l’Union européenne outre d’autres pays, aussi, comme la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar.
La Libye, pays possédant la première réserve pétrolière en Afrique, est au cœur des turbulences des luttes et tensions entre les pays puissants, à leur tête les membres de l’Otan qui, au rythme des mutations en cours dans les rapports internationaux, avec l’émergence de nouvelles puissances, chacun de ses membres cherche et œuvre à consolider sa place sur l’échiquier mondial, notamment par le contrôle des ressources énergétiques et des voies d’approvisionnement en énergie.
Et c’est pour ce contrôle en question, faut-il le souligner, que l’opération de l’intervention de l’Otan en 2011, en Libye a été actionnée, en prétendant actionner une offensive militaire, pour sauver les libyens, qui depuis, sont plongés dans la spirale infernale de la violence, la mort et l’instabilité, lesquelles ont et profitent à l’activité des groupes terroristes et l’affaiblissement et l’absence de l’État, ouvre grande la porte aux appétits des puissants de ce monde, dont les ex-colonisateurs, de la région Nord-africaine.
Karima Bennour

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