Recevoir, en l’espace de deux jours, des visites russes et américaines de haut rang, ne peut être que l’apanage des grands. C’est un indicateur qui ne trompe pas sur le rôle de premier plan que joue Alger dans un monde bouleversé et en évolution rapide.
Le palais d’El-Mouradia n’a pas désempli durant la semaine dernière et son Locataire, le président Abdelmadjid Tebboune, n’a pas chômé. Outre les audiences relatives aux concertations avec la classe politique, des dirigeants de pays puissants, du poids des États-Unis d’Amérique et de la Fédération de Russie, ainsi que d’autres diplomates issus de pays amis et frères, comme la Tunisie, ont été reçus par le président de la République. Ainsi, la visite, en Algérie, de Dimitri Patrouchev, le vice Premier ministre russe, précédée par celle de Michael Langley, le Commandant en chef du commandement militaire américain pour l’Afrique (AFRICOM), en du Secrétaire général adjoint délégué pour les affaires politiques et la politique sécuritaire de l’OTAN, Javier Colomina, témoignent de la place de choix occupée par l’Algérie dans l’architecture diplomatique, voire géopolitique, mondiale en ces temps des grands bouleversements, des tensions sécuritaires et des conflits armés. A souligner que ces deux visites ont été entrecoupées par celle de Javier Colomina, Secrétaire général adjoint délégué pour les affaires politiques et la politique sécuritaire de l’Otan.
Autrement dit, en faisant les déplacements à Alger en ce moment précis, les dirigeants russes et américains témoignent du respect et la considération que vouent les deux membres permanents du Conseil de sécurité, par ailleurs deux pays pivots dans l’ordre (ou le désordre, selon la lecture) mondial actuel à l’Algérie qui a eu, durant tout le mois de janvier écoulé, à présider aux destinées de l’organe central de l’ONU et à diriger des réunions de haut niveau cruciales. A savoir, l’agression sioniste contre la Palestine dont le cessez-le-feu à Ghaza été négocié et conclut, la lutte anti-terroriste en Afrique, ainsi que la coopération entre l’ONU et la Ligue arabe, ont été les thèmes examinés sous la présidence algérienne. En venant à Alger, les dirigeants américains et russes savent qu’ils peuvent compter sur le leadership et la collaboration active du président Abdelmadjid Tebboune qui, en premier décideur de la politique étrangère algérienne, a eu sous sa responsabilité des dossiers clés comme les trois que nous venons d’évoquer.
Par ailleurs, la présidence du Conseil de sécurité a fait consolider, et même couronné, les efforts laborieux menés par notre mission diplomatique sur place depuis que l’Algérie y siège en tant que membre non-permanents.
Depuis janvier 2024, on ne compte pas combien de fois les diplomates algériens ont bravé le véto américain contre le cessez-le-feu à Ghaza. Pour autant, l’Algérie, acteur incontournable dans la paix et la sécurité dans la région et en Afrique, continue à forcer le respect des États-Unis de par ses positions de principe qui ne changent pas au gré du vent. La preuve, la nouvelle administration américaine ne compte pas moins poursuivre à coopérer avec l’Algérie au sein du Conseil de sécurité pour la paix dans tout le Moyen-Orient, notamment en Palestine, le Liban et la Syrie. En effet, contrairement aux allégations de parties à l’hostilité anti-algérienne innée, le nouveau secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a affiché sa disponibilité pour coopérer avec l’Algérie dans les domaines traditionnels, comme la lutte contre le terrorisme sur le plan sécuritaire et l’investissement dans les hydrocarbures et l’agriculture pour l’économie.
Des visites denses et soutenues
Pour le cas de la Russie, pays amis et stratégique, la visite de l’adjoint du Premier ministre témoigne de la volonté ferme de Moscou de réaliser le partenariat stratégique approfondi signé sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune et de Vladimir Poutine. Sur le terrain, la visite du responsable du Gouvernement russe à Alger a été couronnée par la signature d’une dizaine d’accords et de mémorandum d’entente entre les deux pays. C’est sans compter la coordination algéro-russe au sein du Conseil de sécurité qui était plusieurs fois décisive sur bien des dossiers comme celui du Moyen-Orient.
En dehors des locaux du palais d’El-Mouradia, le Général d’Armée Saïd Chengriha, ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire et le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, ont pris le relais, pour, à leur tour, échangé avec les convives algériens russes et américains. C’est ainsi que lors de l’audience que lui a accordé le chef d’état-major de l’ANP, Javier Colomina s’est félicité de « la ferme volonté affichée par la partie algérienne pour promouvoir la coopération militaire bilatérale », en saluant « les efforts et le rôle axial de l’Algérie dans le domaine du maintien de la sécurité et de la stabilité de la région.
Pour ce qui est de sa rencontre avec Attaf, Colomina n’a pas moins pensé que « l’Algérie est un acteur incontournable pour les questions de sécurité et de stabilité, notamment pour la lutte contre le terrorisme », précisant que la rencontre avait permis d’aborder « les enjeux sécuritaires auxquels nous sommes confrontés et les enjeux régionaux, en particulier dans la région du Sahel, qui nous préoccupe beaucoup ».
C’est dire deux puissances mondiales qui comptent sur le concourt et la coopération active de l’Algérie dans le nouvelle architecture géopolitique qui se dessine pour le monde de demain.
Farid Guellil
