Il est vrai que pour un royaume dont la majorité des recettes proviennent du tourisme, si l’on excepte la culture et le trafic de drogue, une pareille « poussée de fièvre » sonne au-dessus du ciel chérifien comme une véritable catastrophe nationale.
Il est vrai que le mois écoulé a été particulièrement catastrophique pour le Maroc alors qu’avec les températures estivales, c’est toute la planète qui était en droit d’espérer de sensibles tendances baissières, et même de très pratiques débuts de déconfinement. Or, si cela a en effet été le cas pratiquement partout, le royaume chérifien est allé à contre sens de cette tendance globale. Que l’on en juge : les chiffres officiels fournis par le ministère marocain de la santé font état de pas moins de 25 000 nouveaux cas de coronavirus rien que depuis le début du mois d’août passé. Or, ce chiffre bien assez important et inquiétant sans cela, a pratiquement été doublé par deux, bien avant la fin de ce même mois. Cela avait fait du Maroc le quatrième pays le plus contaminé en Afrique, très loin devant des pays très pauvres et manquant cruellement de moyens, techniques, matériels et humains. Face à ce constat le roi Mohamed VI, avait même recouru à son armée, déployée dans plusieurs grandes villes du royaume, pour tenter d’imposer plus de rigueur et de tenue à ses sujets. Des mesures coercitives, particulièrement drastiques avaient même été imposées par le roi marocain, sans doute inquiet et impatienté, avaient été prises en guise de tacites punitions à l’encontre de ces « villes rebelles ». Étaient concernées la capitale économique du royaume, Casablanca, mais aussi sa principale poule aux œufs d’or, son joyau touristique de Marrakech. Au finish, il faut croire que toutes ces mesures drastiques auront été aussi cruelles que vaines. Preuve en est la dernière, et étonnante annonce faite ce jeudi par le ministère marocain de la santé de ne plus communiquer ses chiffres liés à cette pandémie. Même s’il l’a fait en tentant de grimer ses intentions en mettant en avant une prétendue redéfinition des cas pathologiques détectés, cette grossière mystification n’a trompé personne. Le but final poursuivi est de mentir sur ses chiffres, voire de les censurer. Il est vrai, se disant, que dans un pays où la censure est érigée en pratique coutumière, un pareil recours ultime ne saurait étonner des observateurs avertis, qui suivent de près les pérégrinations ubuesques d’un roi (presque) toujours à côté de ses babouches. Un pareil changement de cap dans la « com » n’a pas de quoi étonner. En revanche, Mohamed VI, sans doute miné par le désespoir, vient littéralement de se tirer une balle dans la jambe à cause de cette mesure tout aussi radicale qu’attendue. Nul besoin de s’étonner, dès lors, voir que les sujets marocains ont, dans la foulée, été exclus des personnes à voyager plus ou moins librement dans l’espace européen, à condition d’être détenteurs des documents administratifs requis, et de se conformer aux mesures sanitaires de mise. En revanche, Rabat n’a plus aucune chance de sauver une saison estivale catastrophique avec toutes les conséquences sociales, économiques et sécuritaires que cela implique. Le trône de Mohamed VI est désormais au bord de l’effondrement…
Mohamed Abdoun