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De la responsabilité du confinement et de ses avantages en temps de corona

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Par Ali El Hadj Tahar

La pandémie du Coronavirus met plus de 3 milliards d’êtres humains en confinement. Jamais l’humanité n’a vécu pareille mesure touchant tous les peuples, tous les pays, tous les sexes, tous les âges en même temps. Jamais auparavant l’humanité n’a été obligée d’arrêter de fabriquer, d’usiner. Alors que les guerres rendent les usines et les producteurs plus effrénés et les humains plus dynamiques, ce virus vient figer la vie, l’arrêter presque. Les conséquences de cet arrêt se mesurent déjà sur le plan écologique et environnemental : l’Everest est visible depuis plus de 200 kilomètres, l’air devient plus respirable et cette pluie bénie qui s’abat sur l’Algérie est peut-être un effet de la diminution de la pollution.
Nos rues vides, à Alger ou ailleurs, ressemblent à des peintures de l’Italien Giorgio de Chirico (1888-1978). La dimension métaphysique de la peinture de Chirico est un renvoi à la mort, à la peur du vide et la terreur du néant d’avant et d’après l’être. Étranges paysages urbains que les peintures de de Chirico, avec des places vides, comme figées dans le temps, suspendues dans un moment où la vie ne serait pas encore venue, un moment qui suit peut-être un anéantissement. Ces lieux vides sont pourtant communs aux gens de ma génération qui ont connu des villes moins trépidantes de vie, où les voitures ne passaient que toutes les heures car le nombre d’habitants de l’époque était très faible… Beaucoup n’ont jamais éprouvé pareils moments de silence, et se croient jetés dans un film de fiction. Ces moments de séparation ou de solitude sont durs pour certains.
Le confinement peut être pénible pour les plus stressés, les moins casaniers d’entre nous, mais enrichissant pour d’autres. L’humain n’est-il pas censé enrichir chaque moment de sa vie ? En tout cas, cette restriction est un test de civisme et de respect de l’autorité en tant qu’entité responsable de notre sécurité et de notre santé. C’est aussi un test des capacités de self-controle de chacun de nous. Les artistes, les créateurs, les savants, les ermites, les sportifs, les pratiquants de yoga, de méditation transcendantale, de sophrologie et d’autres pratiques de contrôle de soi et de lutte contre le stress et l’anxiété, savent que l’impatience est génératrice de perturbations psychologiques, et que se maîtriser, c’est maîtriser le temps, en avoir une autre conscience.
La pandémie actuelle est un défi pour tous, l’occasion de montrer la maîtrise de soi, comme le fait un artiste ou un yogin ou un prieur. Beaucoup ont déjà saisi cette occasion pour reconstruire leur vie, faire leur introspection, avoir une vie intérieure plus intense, se cultiver, apprendre, se connaître, connaître et apprécier les membres de leur famille. Ceci devrait être d’autant plus facile que dans tous les moments de sa vie, l’Homme sait se maîtriser et le fait quotidiennement, souvent dans des activités pénibles qui lui donnent du pain en retour. L’on ne se plaint pas quand on reste toute la journée dans son bureau, son usine, sa boutique, son champ… Chaque travail a ses contraintes, beaucoup plus dures qu’un confinement qui est chômé payé pour beaucoup de gens chez nous. Dans beaucoup de pays, par contre, ce confinement est terrible pour des centaines de millions de personnes qui se retrouvent brusquement au chômage.
Le temps imparti à ce confinement sera vite révolu, et ce qui doit compter c’est l’effort de solidarité de chacun pour combattre la pandémie. Pour ceux qui n’y sont pas habitués, cette « privation de liberté » ou cette « claustration » doit être vécue comme une toute petite épreuve, comparé à ce que vivent les prisonniers palestiniens ou sahraouis, par exemple, ou ce qu’endurent les malades ou les handicapés qui ne peuvent même pas voir la lumière du jour. Vivre aussi ce moment comme un devoir qui permet de sauver des vies en même temps qu’à la planète de respirer, de recevoir moins de pollution, de bruit, de saletés. Vivons-le parce que nous sommes obligés, mais aussi parce que nous le devons à la terre et à ceux qui n’ont pas notre liberté, ni nos moyens…
A. E. T.

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