La perspective de manquer de gaz en hiver est, actuellement, la plus grande des angoisses en Allemagne. C’est le pire qui peut se produire si l’Union européenne, dans son escalade aveugle anti-russe, déclare un embargo total sur le gaz en provenance de Russie ou si la Russie, elle-même, décide de fermer le robinet qui approvisionne l’Allemagne. On comprend l’angoisse des Allemands, quand on sait que 50% des logements dans ce pays se chauffent au gaz.
Dans un entretien accordé au journal allemand Der Spiegel, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a appelé l’Europe à d’abord investir en Algérie afin de développer conjointement de nouveaux champs gaziers. «Nous pouvons augmenter considérablement la production de gaz naturel en peu de temps. Environ la moitié de nos réserves de gaz n’ont pas encore été exploitées», a-t-il fait remarquer. Plus directement, « si l’Allemagne veut nous acheter du gaz, alors développez de nouveaux gisements avec nous », a-t-il fait savoir. Quant au gaz de schiste, Mohamed Arkab a laissé entendre que ce n’était pas le moment. «Pour l’instant, nous travaillons toujours sur du gaz conventionnel, 50 % de nos réserves sont intactes », a-t-il souligné. Les dirigeants allemands ont porté leur regard partout à la recherche d’une source d’approvisionnement, de préférence immédiat, en gaz naturel. Il y a un mois, le 22 mai, pour son tout premier déplacement en Afrique depuis décembre 2021, date de son entrée en fonction, le chancelier de la République allemande, Olaf Scholz, était à Dakar (Sénégal) dans le cadre d’une tournée africaine (22 au 24 mai) comprenant également le Niger et l’Afrique du Sud. Au Sénégal, il a entamé des discussions en ce qui concerne le gaz. Le président sénégalais, Macky Sall s’est déclaré prêt « à travailler dans une perspective d’alimenter le marché européen en GNL ». Il a demandé au chancelier Scholz d’accompagner le Sénégal pour le développement de ces ressources de gaz, pour la production de GNL à partir de l’Afrique vers l’Europe.
Le Qatar, qui est l’un des trois plus gros exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL) et qui prévoit d’augmenter sa production de 50% d’ici à 2027, est également courtisé par l’Allemagne. La construction, lancée en 2019, de deux terminaux GNL dans le cadre d’un accord énergétique de long-terme entre le Qatar et l’Allemagne, a été accélérée. L’Allemagne compte aussi sur les États-Unis, le Canada et la Norvège dans sa démarche de sortie de la dépendance du gaz russe. Gros handicap : l’Allemagne n’est pas suffisamment dotée en structures dédiées au GNL.
De son côté, l’Algérie se prépare à renforcer sa position de fournisseur de gaz aux pays européens, qu’il s’agisse du gaz algérien ou du gaz nigérian. Ce lundi, les ministres de l’Énergie d’Algérie, du Niger et du Nigéria ont convenu, lors d’une réunion tripartite sur le projet de Gazoduc Transsaharien (TSGP) à Abudja (Nigeria), de la pose « des premiers jalons » de ce projet, à travers l’entame des études techniques, en prévision de sa concrétisation dans « les plus brefs délais ». C’est le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, qui l’a affirmé dans une déclaration à la presse à l’issue d’une réunion l’ayant regroupé avec le ministre d’État nigérian des Ressources pétrolières, Timipre Sylva et le ministre nigérien de l’Énergie et des Énergies renouvelables, Mahamane Sani Mahamadou.
Au plus tard fin juillet, les trois ministres se réuniront à nouveau en Algérie, a fait savoir Mohamed Arkab. Il s’agit de faire avancer ce projet de gazoduc transsaharien reliant les trois pays au continent européen sur une distance de plus de 4 000 km. Le ministre algérien a expliqué que « la relance du projet enregistré dans le cadre de la mise en œuvre du programme NEPAD intervient dans un contexte géopolitique et énergétique marqué par une forte demande sur le gaz et le pétrole, d’une part, et la stagnation de l’offre, d’autre part, à cause de la réduction des investissements, notamment en matière de prospection gazière et pétrolière depuis 2015 ».
M’hamed Rebah