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Crédit à la consommation : les banques publiques font la moue

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Pensé, par les pouvoirs publics, comme un des moyens les plus efficients pour encourager la production nationale : il ne concerne, en effet, que les produits fabriqués localement, le crédit à la consommation ne semble pas intéresser, étrange paradoxe, les banques publiques. « Étrange paradoxe », parce que les banques privées, elles, ne sont pas faites priées pour s’engager pleinement dans cette opération qui suscite l’engouement d’un nombre appréciable de citoyens algériens. Surtout parmi ceux qui se recrutent dans ce qui est appelé la classe moyenne. Ne lésinant pas sur les moyens publicitaires pour attirer le plus grand nombre possible de personnes intéressées par ce dispositif qui leur permet de concilier leur désir légitime d’acquérir rapidement des produits qui pourraient agrémenter leur quotidien et leur souci de gérer au mieux leurs ressources financières, les banques privées leur ont, en effet, grand ouvert leurs portes. Et ce, dans le mois qui a suivi l’annonce, en décembre 2015, par les pouvoirs publics, de la relance officielle du crédit à la consommation ; une relance qui avait été décidée, pour r appel, par les participants à la 16ème Tripartite qui s’est tenue, en février 2014, à Alger. Bien leur a pris puisque selon un banquier privé dont la banque s’est engagée dans l’octroi de crédit à la consommation dès le mois de février dernier, celle-ci a très rapidement reçu « plus de 5000 demandes d’informations pour plus de 2,2 milliards de DA ». Un résultat que, à l’évidence, ont également atteint, ou sont proches d’atteindre, les autres institutions bancaires de même statut. Et ce, comme le laisse supposer leur forte implication dans ce dispositif. Une implication proportionnelle au fort engouement constaté du public pour ce dispositif, qui a déjà permis d’établir une « cartographie » des besoins de ce dernier. En clair, des produits dont il souhaite l’acquisition par le biais du crédit à la consommation. Selon le banquier précité, « 93% des demandes de crédit » enregistrées au niveau de sa banque « concernent les produits BBM et 7%, l’automobile ». En termes plus prosaïques, les produits BBM (Blanc, Brun, Mobilier) désignent, pour le premier terme, le blanc, « les produits électroménagers destinés à la cuisine (cuisinières, réfrigérateurs, fours…) et à la salle de bain (machines à laver) ; et pour le second (le brun), ceux « électroménagers dits de loisirs » tels, entre autres, les téléviseurs et les ordinateurs; le troisième (le mobilier) étant assez explicite. Faut-il dire qu’un tel engouement du public pour le crédit à la consommation et ce, malgré le taux d’intérêt élevé – « 10% », nous a-t-on dit- appliqué par les banques privées – dans celles publiques, il oscille entre 6 et 8% – et la forte implication des premières pour le satisfaire, constituent une aubaine pour les producteurs nationaux qui se trouvent ainsi quelque peu débarrassé du souci récurrent de l’écoulement de leur production.
Et une satisfaction pour les pouvoirs publics qui y voient dans l’un et l’autre une confirmation indéniable de la justesse et de la pertinence de leur décision de relancer le crédit à la consommation au bénéfice des seuls produits fabriqués localement. Une satisfaction quelque peu tempérée, toutefois, par l’attitude pour le moins frileuse adoptée, jusque-là, du moins, par les banques publiques à l’égard de ce dispositif voulu, par eux, comme un encouragement certain à la production nationale. Et ce, d’autant plus que le principal argument – celui de « l’installation de la Centrale des risques des entreprises et des ménages (CREM) – avancé par ces dernières pour justifier une telle frilosité, a été récemment battu en brèche par le président de l’Association des banques et des établissements financiers (ABEF) : Boualem Djebbar, c’est son nom, a, en effet, déclaré à la presse que « cette Centrale (était) opérationnelle depuis des mois ». Et que les autres arguments (avancés) manquent de consistance : pour justifier leur inertie, les banques publiques n’hésitent pas à avancer des arguments aussi spécieux que peuvent l’être « la non fixation (par les pouvoirs publics) de la procédure à suivre pour l’attribution du crédit à la consommation » et la non réception « de directives quant à la prise en charge des dossiers de crédits (à la consommation) ».
Le caractère spécieux de tels arguments est davantage mis en exergue par les explications données par le président de l’ABEF sur la frilosité constatée des banques publiques : « Certaines banques ne jugent pas opportun de lancer ce crédit et attendent de voir le comportement des consommateurs », a-t-il, en effet, déclaré. Non sans tenter d’adoucir quelque peu ses critiques en déclarant que « le lancement d’un tel crédit n’est pas obligatoire (pour ces banques) mais dépend de leurs choix stratégiques… » Toute la question est de savoir su cette explication sera du goût des pouvoirs publics…
Mourad Bendris

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