Les premières conclusions de l’enquête sur le crash du vol « AH 5017 » d’Air Algérie, survenu le 24 juillet dernier, au nord du Mali, viennent d’être rendues publiques par le BEA (Bureau d’enquêtes et d’analyses de l’aviation civile française) sur son site web. Le rapport indique qu’une défaillance technique liée au « givrage des capteurs de pression » situés près des moteurs de l’avion, était à l’origine de cet accident. Les enquêteurs racontent le périple de l’avion. Cet accident a couté la vie à 116 personnes de 16 nationalités différentes, dont 110 passagers et 6 membres de l’équipage de la compagnie espagnole Swiftair. D’autre part, les enquêteurs précisent que ce personnel naviguant «n’a vraisemblablement pas activé le système de protection contre le givrage des moteurs au cours de la montée et de la croisière». Selon eux, cette manœuvre aurait provoqué le déglaçage de ces capteurs à leur contact avec l’air chaud, ont-ils noté dans leur document. Cette conclusion, donc, n’écarte pas la piste du facteur humain, soupçonné d’après le rapport établi, d’être derrière cet accident, comme résultent ces premières investigations. Pour rappel, cet aéronef de type « McDonnell Douglas 83 » exploité par Swiftair depuis 18 ans, et affrété par la compagnie nationale pour son vol régulier, de nuit, « Ouagadougou (Burkina Faso) – Alger », s’est écrasé dans la région de Gossi (Mali). Les analystes du BEA et de la commission d’enquête de la République du Mali, ont établi ce rapport partiel à partir des travaux d’analyse des paramètres du vol de l’accident, en attendant le bilan définitif de l’enquête, attendu pour la fin décembre 2015. Dans le même document, les enquêteurs ont expliqué à partir de l’analyse des données de la boite noire de l’avion notamment, comment le crash s’est produit et qu’elles en étaient les raisons de ce péril. En effet, selon ces enquêteurs, à partir du décollage de l’avion à 01h15 jusqu’à sa montée pour atteindre l’altitude de croisière, tout s’était déroulé dans les normes. Ils indiquent, néanmoins, que durant la traversée du ciel, les membres de l’équipage ont effectué « plusieurs altérations de cap » en vue de mettre l’appareil hors d’une zone de turbulence qu’ils auraient évité. Techniquement, les enquêteurs retracent le périple du vol en précisant ceci : « Le pilote automatique et l’auto-manette sont engagés. L’avion atteint l’altitude de croisière de 31 000 ft, soit environ 9 500 m. Le pilote automatique passe alors en mode de maintien d’altitude et l’auto-manette en mode de maintien de vitesse (Mach)», ont-ils expliqué. Ce n’est que deux minutes après que les premiers incidents sont enregistrés. Les capteurs de pressions en étant givrés, ont transmis des « fausses » informations à l’auto-manette qui a limité la poussée délivrée par le réacteur droit de l’appareil, puis de celui de gauche, 55 secondes après, avancent les enquêteurs. Cet incident a engendré le ralentissement de l’avion qui a perdu sa vitesse à cause de l’insuffisance de la poussée. À ce moment là, le pilote automatique réagit pour tenter de maintenir l’altitude en augmentant l’«assiette de l’avion », malgré cette condition difficilement contrôlable, explique-t-on dans ce rapport. Cette « erreur», précisent les analystes de l’organisme enquêteur, a induit la diminution de la vitesse de l’avion de 90 kt en seulement près de 6 minutes de temps. Cet état de fait a provoqué le « décrochage de l’appareil», suite à quoi, le pilote automatique est déconnecté 20 secondes peu après, ont-ils fait savoir. Toujours selon les résultats des données analysées de l’avion, le document rendu public, signé par le BEA et la commission d’investigation malienne, indique que l’appareil a enregistré une descente brusque en opérant une inclinaison de 140 degrés avant de piquer jusqu’ à 80, ont-ils expliqué, tout en pointant du doigt, encore une fois, les membres de pilotage. «Il n’y a pas eu de manœuvre de récupération du décrochage réalisée par l’équipage», ont-Ils conclu dans les conclusions partielles de cette enquête. Si selon l’enquête l’acte terroriste est écarté, il n’en demeure pas moins, que le doute reste de mise concernant les membres de l’équipage de la compagnie espagnole Swiftair, tant les raisons de leur « faillite » ne sont pas encore déterminées.
Air Algérie dans une «zone de turbulence»
À la fin du document, l’organisme enquêteur a rappelé qu’au moins deux incidents de même nature se sont produits en juin 2002 et juin 2014, sans conséquences graves. Enfin, un certain nombre de mesures dites « correctrices » devraient être publiées à la fin de l’enquête, décembre 2015. Ces recommandations tiendront compte des résultats des investigations menées et qui devraient déterminer la nature des causes ayant provoqué cet incident. Ce crash, faut-il le rappeler, n’a pas été sans conséquences sur l’image de la compagnie nationale, après une suite d’autres incidents plus au moins saillants, ayant émaillé ses activités et ses services, d’autant qu’ils sont survenus au cours des vols effectués, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Son P-DG, Mohamed Salah Boultif, interviendra, aujourd’hui, au forum du quotidien « Liberté » pour aborder l’essentiel de l’actualité en rapport avec la compagnie aérienne nationale.
Farid Guellil