Plusieurs milliards de DA sont dans la nature du fait du non-recouvrement des cotisations sociales, a avancé hier à Alger le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El-Ghazi, sans trop vouloir indiquer avec des chiffres précis son appréciation sur la question.
S’exprimant lors d’un point de presse tenu en marge d’un regroupement national réunissant les directeurs d’agences, cadres et responsables des structures des assurances sociales, le ministre a encore martelé que 2015 sera l’année du recouvrement des cotisations dues par les employeurs publics et privés aux différentes caisses de sécurité sociale.
Au cours d’une occasion précédente, le ministre avait déjà eu à s’exprimer sur la question, déclarant que des instructions fermes ont été signifiées aux responsables de la Cnas (Caisse nationale d’assurances sociales) et de la Casnos (Caisse de sécurité sociale des non-salariés) pour activer l’opération de recouvrement. La plupart des employeurs ne versent malheureusement pas leurs cotisations aux caisses de sécurité sociales, avait reconnu à contrecœur le ministre.
Côté statistiques, et sur sa lancée, El-Ghazi a estimé que 12 millions de cartes chiffa ont été distribuées jusqu’à l’heure actuelle permettant à quelque 36 millions d’ayants droit de bénéficier de ses dispositions. Lui rendant la parade, le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, était présent à l’évènement, et il s’est longuement arrêté sur les acquis de l’Algérie en matière de protection sociale, allant même jusqu’à affirmer que le pays peut se targuer de constituer à modèle de bonne conduite à l’international. En effet, Sidi -Saïd a même porté au firmament «le système de protection des assurances, algérien le plus performant à l’échelle du pourtour méditerranéen et à l’échelle de l’Europe».
Et s’il fait un point d’honneur à saluer les efforts déployés dans l’anonymat par les éléments des caisses d’assurances, Abdelmadjid Sidi-Saïd n’en n’a pas moins dit «qu’il restait à perfectionner ce système, afin de lui redonner plus d’efficacité».
De même, il a dit que la récupération des cotisations sociales qui échappent encore à la Caisse et aux syndicats constitue un challenge à relever. C’est ainsi que le patron de la Centrale syndicale a assuré qu’un accord a été conclu avec les organisations patronales pour le recouvrement des cotisations de la Sécurité sociale. Poursuivant son intervention, Sidi-Saïd a annoncé de même que l’UGTA veillera, en concertation avec les patrons algériens, à ce qu’il y est plus de représentations syndicales au niveau des entreprises privées qui en sont dépourvues. Cependant, il a été évasif à propos du timing de concrétisation de cet objectif, se contenant d’affirmer que cela «se fera les prochains jours, lors des mois prochains». Prenant la parole à son tour, le ministre du Travail a axé son intervention, en exhortant les cadres de son secteur à débattre des contraintes et des problèmes auxquels ils font face, lors de l’exécution de leurs missions.
Il s’est également épanché sur l’amélioration des prestations et du service public, ainsi que la promotion de la communication, notamment celle utilisant le canal des réseaux sociaux.
«Je ne tolère aucun dépassement ni agissement contraire à la bonne pratique et au respect des assurés sociaux», a-t-il dit sur un ton menaçant tout en enjoignant aux participants à s’intégrer dans le cadre de concertation et de dialogue. Sur un autre registre, et invité à donner plus amples explications sur la politique de rationalisation des dépenses telle que prôné avec insistance par les pouvoirs publics, le ministre a dit sur un ton mi-amusé mi-agacé : «À titre d’exemple, il n’est pas question que des méchouis soient proposés aux participants de séminaires tel que celui organisé aujourd’hui». Les directeurs d’agences, cadres et responsables de structures relevant des assurances sociales ont été réunis dans le cadre d’un regroupement national de deux jours, se déroulant au niveau du Centre familial de la Cnas de Ben -Aknoun à Alger. Parmi les axes proposés aux débats, figurent la maîtrise des dépenses, y compris celles relatives aux dépenses pour les médicaments, la modernisation du contrôle médical, l’amélioration continue du service public et bien évidemment le recouvrement des cotisations de Sécurité sociale.
Mohamed Djamel