La question de la tenue «prochaine» du congrès du Front de libération nationale qui s’annonce d’ores et déjà « controversé » continue de susciter les remous parmi les différentes parties adverses, en conflit, depuis l’intronisation de l’actuel secrétaire général, Amar Saâdani, à la tête de ce parti. Le feuilleton se poursuit sur un fond de crise autour de ce qui peut s’apparenter pour les plus anodins, à des modalités d’organisation, mais dont les enjeux en toile de fond, renseignent sur les velléités des belligérants de prendre les règnes du parti majoritaire au pouvoir. En effet, entre une direction politique qui s’attelle à organiser le congrès du parti par le moyen d’une commission nationale, composée de membres du comité central (CC), et une opposition qui réclame au préalable la tenue d’une session de ce même CC, le malaise est bien là. Amar Saadani multiplie les sorties à travers le territoire national pour mobiliser les instances locales du parti autour de ce rendez-vous. Désavoué par ses adversaires politiques depuis son élection comme secrétaire général, et même avant d’ailleurs, Saâdani a déclaré, avant-hier, depuis Aïn Oulmène (Sétif) que le congrès de son parti sera « préparé par les militants de base activant dans les structures locales, que sont les mouhafadhas et les kasmas, et non pas par le CC», a-t-il assuré. Le patron du FLN a voulu marquer «son» territoire et allant défier ses opposants au sein même du fief de Abderrahmane Belayat, membre du CC et chef de file du mouvement des redresseurs. Lors de son meeting, Saâdani a été chahuté par les militants représentants ce mouvement, qui s’étaient mobilisés pour se démarquer de l’actuelle direction du FLN. Belayat campe toujours sur sa position initiale en considérant Saâdani «d’indu-occupant», comme l’a-t-il indiqué, hier, au « Courrier d’Algérie » au cours d’une conversation téléphonique qu’il nous a accordé.
Pour lui, les statuts du parti sont clairs, «le congrès relève du ressort du comité central, seul habilité à préparer et à fixer la date de la tenue de l’instance suprême du parti», a-t-il répondu à son adversaire. En effet, le mouvement dirigé par Belayat est prêt à en découdre avec l’actuelle direction du vieux parti qui compte se redéployer à travers le terrain afin de mener la bataille du bas de l’échelle vers le haut, contrairement à ses vis-à-vis, les redresseurs, qui eux, s’appuient sur une procédure plus élaborée depuis le sommet de la hiérarchie. Le chef des redresseurs compte d’ailleurs sur toutes les voies de recours légales, pour battre en brèche l’action de Saâdani. En effet, devant le refus de l’actuelle direction de réunir le comité central, les redresseurs ont introduit une demande d’autorisation auprès du ministère de l’Intérieur, il y a trois semaines de cela, mais jusque- là, « aucune réponse ne nous a été formulée», a révélé Belayat, avant de préciser encore qu’il ne compte pas s’arrêter là, puisqu’il prévoit dans le cas ou il n’y aurait pas de réponses, saisir le Premier ministre, puis le chef de l’État, en sa qualité de président du FLN, a ajouté notre interlocuteur au bout du fil. L’autre bataille rangée déclarée entre les adversaires est menée au sein de la base militante, dont le procédé mené par l’actuelle direction est décrié par les partisans de Belayat. Ce dernier estime que ce moyen est «anti-statutaire et illégal». En effet, Saâadani, à défaut de rallier le maximum de membres du CC à ses côtés, compte sur les responsables locaux afin d’adhérer les militants de base à sa cause. Belayat l’accuse « d’avoir transgressé les lois du parti, en désignant ainsi, nombre de responsables à la tête des mouhafadhas, alors que les statuts stipulent qu’ils sont élus parmi les membres de cette instance locale », renchérit notre interlocuteur.
«Cette procédure est un miroir aux alouettes», a fait remarquer l’adversaire de Saâdani, qui ajoute également qu’il compte recourir aux instances juridiques pour «annuler» cette procédure. En commentant les derniers propos de l’actuel patron du FLN ayant déclaré que c’est la base militante qui va préparer le congrès, Belayat répond : «Oui, mais… il faudra que ça émane du comité central qui est comptable devant le congrès», a-t-il conclu ses propos. Pour sa part, l’actuel chargé de communication du FLN, Said Bouhadja, a indiqué, hier, depuis la wilaya de Sétif, où il était en compagnie de Saâdani qui venait de clore son deuxième meeting populaire dans cette wilaya, que le congrès sera tenu « prochainement », comme pour rassurer que tout va bien au sein de la maison FLN. Pour fermer la porte devant ses adversaires, il tient à déclarer qu’«on ne parle plus de comité central. On a installé la commission nationale devant préparer et organiser le congrès», a-t-il tranché pour fermer la porte à toute spéculation à ce sujet, en s’adressant notamment, sans les citer, les redresseurs. Enfin, il tient aussi à affirmer que la direction du FLN veille à ce que le congrès soit rassembleur.
Farid Guellil