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Colombie : 10 morts, 65 blessés dans un attentat à Bogota

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Un attentat à la voiture piégée a fait 10 morts et 65 blessés jeudi à Bogota, soit le plus meurtrier en près de seize ans dans la capitale d’une Colombie peinant à mettre fin à plus d’un demi-siècle de guerre interne.

L’attaque, qui a visé l’école de la police nationale, a été qualifiée de «misérable acte terroriste» par le président de droite Ivan Duque, qui a durci la lutte antidrogue et contre la rébellion de l’ELN (l’Armée de libération nationale).
L’auteur présumé de l’attentat a été identifié comme José Aldemar Rojas Rodriguez. Il est entré à 09h30 (14h30 GMT) dans l’enceinte de l’Ecole des officiers Général Francisco de Paula Santander, dans le sud de Bogota, au volant d’une camionnette grise chargée de 80 kilos de pentolite, un puissant explosif, selon le procureur général Nestor Humberto Martinez.
Tout semble indiquer qu’il a été tué dans l’attentat. Mais les autorités ne l’ont pas confirmé. Elles n’ont pas précisé non plus s’il était lié à l’un des groupes armés illégaux qui opèrent encore en Colombie, notamment dans le trafic de drogue depuis la paix signée avec l’ex-guérilla Farc en 2016.
Selon le dernier bilan communiqué par le ministère de la Défense, l’explosion, survenue à l’issue d’une cérémonie de promotion de jeunes officiers, a fait dix morts et 65 blessés. Il n’a pas été précisé combien de policiers figuraient parmi les victimes.

«Acte terroriste démentiel»
Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière qu’ait subi Bogota depuis un attentat, également à la voiture piégée et commis alors par les Farc, qui avait fait 36 morts, des dizaines de blessés le 7 février 2003, au Nogal, un club social très exclusif du nord de Bogota. «Cet acte terroriste démentiel ne restera pas impuni», a assuré jeudi le président Duque. Dénonçant «une attaque contre toute la société», «pas seulement contre nos policiers», il a appelé «les Colombiens à s’unir contre les violents». Au pouvoir depuis août, ce président de droite a amplifié la lutte contre la drogue dans un pays qui reste le premier producteur mondial de cocaïne et durci les conditions de reprise des négociations de paix avec la guérilla de l’ELN. M. Duque a dit avoir «donné l’ordre aux forces militaires et à la police nationale de déployer tous leurs moyens afin d’identifier, en coordination avec le Parquet général, les responsables de ce lâche attentat». Le procureur a précisé que le véhicule utilisé avait passé un contrôle technique en juillet dernier dans l’Arauca, un département frontalier du Venezuela, où l’ELN est présente. Les premières images diffusées par les médias montraient la carcasse d’un véhicule en flammes. Puis les accès au secteur ont été fermés et un important dispositif de sécurité déployé dans le sud de la capitale, a constaté l’AFP.
Une employée du service de santé de Forces militaires a précisé à la radio que la voiture piégée était entrée «soudainement» dans l’école, «percutant presque les policiers et tout de suite il y a eu l’explosion». Une commerçante ouvrait sa boutique de confection quand la vitrine a volé en éclats. «Lorsque nous avons regardé vers l’école, le ciel était gris de fumée. Les gens courraient, les sirènes… C’était horrible, horrible, on aurait dit la fin du monde», a déclaré à l’AFP cette femme de 62 ans, Rosalba Jimenez.

Troisième attentat en deux ans
Il y a presqu’un an, le 29 janvier 2018, la police avait été la cible d’un attentat à la voiture piégée à Barranquilla, sur la côte caraïbe (nord). Six policiers avaient été tués et 40 blessés. L’attaque avait été revendiquée par l’ELN. En 2017, Bogota, qui compte huit millions d’habitants, avait été le théâtre de deux autres attaques meurtrières. L’une en juin dans un centre commercial avait fait trois morts, dont une jeune Française, et plusieurs blessés. Les autorités l’avait attribuée à un groupuscule de gauche, le Mouvement révolutionnaire du peuple (MRP). Précédemment, en février, un policier avait été tué et plusieurs autres personnes blessées dans un attentat contre les forces de l’ordre dans le quartier de la Macarena, revendiqué par l’ELN. Avec environ 1.800 combattants, l’ELN est considérée comme la dernière guérilla du pays, depuis le désarmement et la transformation en parti politique des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) à la suite de l’accord signé en 2016 avec le précédent gouvernement. M. Duque exige que l’ELN libère ses otages, dont le nombre est évalué à 17, et cesse ses activités criminelles avant une reprise des négociations, entamées en 2017 mais suspendues depuis août. Les rebelles estiment qu’il s’agit de «conditions unilatérales inacceptables». Bien que l’intensité du conflit ait diminué depuis l’accord avec les Farc, la Colombie reste affectée par une guerre fratricide, qui au fil des décennies a impliqué guérillas, paramilitaires et forces de l’ordre, faisant plus de huit millions de victimes entre morts, disparus et déplacés.

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