La commémoration du double anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures (24 février 1971) et de la création de l’UGTA (24 février 1956) se déroule cette année dans un contexte très particulier. En effet, le climat social et politique est en effervescence, caractérisé qu’il est par la contestation anti-gaz de schiste à In-Saleh, la montée au créneau de l’opposition qui réclame une période de transition, l’initiative avortée de la Conférence du consensus national, prônée par le FFS, les remous que connaît le secteur de l’Éducation et une mercuriale des prix à vous donner le tournis. Une soixantaine d’années après sa création, la Centrale syndicale s’avère aujourd’hui, n’être devenue qu’une organisation de masse, totalement inféodée au pouvoir en place, et la situation de la grande majorité des travailleurs se révèle des plus aléatoires. En face, le monde du travail vit au rythme de l’émergence d’une multitude de syndicats autonomes très actifs sur le terrain des luttes ouvrières et qui nagent à contre-courant des positions conciliantes d’Abdelmadjid Sidi-Saïd. Récemment, un responsable au sein de l’UGTA a réaffirmé solennellement la mobilisation des travailleurs algériens pour protéger les entreprises, promouvoir la production nationale et faire face à la chute des prix du pétrole. Intervenant, publiquement, le secrétaire national chargé des relations extérieures au sein de l’UGTA, Ahmed Guettiche, a notamment déclaré que l’UGTA était «mobilisée pour préserver les acquis, protéger les entreprises et promouvoir la production nationale pour faire face aux retombées de la chute des prix du pétrole». «La promotion et le développement des secteurs de l’agriculture, du tourisme et des industries manufacturières est une nécessité pressante pour relancer l’économie nationale et trouver des alternatives aux recettes des hydrocarbures», a souligné ce responsable, ajoutant que l’Algérie «a les moyens matériels et humains pour construire une économie nationale diversifiée à même de répondre aux besoins de consommation des citoyens». De même, Ahmed Guettiche a évoqué les différents acquis arrachés par le monde du travail, à savoir l’abrogation de l’article 87 bis, la promulgation de près de 60 statuts particuliers de la Fonction publique, et la consécration de 3% de la fiscalité pétrolière aux retraités, ainsi que la revalorisation des pensions de retraite. Mais il a reconnu tacitement que la présente commémoration intervenait dans «une conjoncture particulière qui exige l’unité des rangs face aux défis qui en découlent, notamment la chute des prix du pétrole et des conflits en Afrique». Le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd en l’occurrence, lui a emboîté le pas. Connu pour son rôle de timonier et de soutien inconditionnel du Président Bouteflika, le patron des travailleurs s’est évertué, tout au long de son intervention, à démontrer que la situation des travailleurs algériens n’était pas si pénible qu’elle est, allant jusqu’à faire étalage des «acquis» arrachés.
Mohamed Djamel