Au lendemain de la destruction de l’avion russe, le ministère de la Défense annonce qu’un des pilotes a été secouru lors d’une opération spéciale. Le second pilote de l’avion russe Su-24 abattu mardi par la Turquie a été secouru après une opération spéciale menée conjointement par les forces syriennes et russes, a annoncé mercredi le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. « L’opération a été un succès. Le pilote a été rapatrié sur notre base » de Hmeimim en Syrie, a déclaré M. Choïgou, cité par les agences russes, remerciant « tous (ses) hommes qui ont pris d’énormes risques toute la nuit » pour sauver le pilote.
Selon le ministre russe, l’opération de sauvetage, menée conjointement par les forces spéciales russes et syriennes, « a duré 12 heures » et a été déclarée terminée à 3 h 40, heure de Moscou (0 h 40 GMT). L’autre pilote du Su-24 a été tué alors qu’il descendait en parachute après s’être éjecté, avait annoncé mardi l’état-major russe, ajoutant qu’un soldat participant aux opérations de sauvetage avait été tué après qu’un hélicoptère Mi-8 avait été endommagé par des tirs.
« Des conséquences sérieuses » (Poutine)
Mardi, tout au long de la journée, le ton est monté entre Ankara et Moscou après le crash d’un avion de combat russe abattu par l’aviation turque à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a annoncé qu’il annulait sa visite officielle en Turquie. « Nous avons pris la décision d’annuler la rencontre prévue demain (mercredi) à Istanbul avec le ministre turc des Affaires étrangères », a déclaré Sergueï Lavrov, selon des propos retransmis à la télévision, en arguant de la « menace terroriste croissante » en Turquie. La décision de la Turquie d’abattre un avion de combat russe aura des « conséquences sérieuses » sur les relations entre Moscou et Ankara, a prévenu mardi le président russe Vladimir Poutine. « Bien sûr, nous allons analyser tout ce qui s’est passé. Et les événements tragiques d’aujourd’hui vont avoir des conséquences sérieuses sur les relations russo-turques », a-t-il déclaré lors d’une rencontre à Sotchi (sud de la Russie) avec le roi Abdallah II de Jordanie. L’attaché militaire turc à Moscou a été convoqué par le ministère russe de la Défense. Moscou nie avoir violé l’espace aérien turc, contrairement aux affirmations d’Ankara.
Les pilotes turcs avaient averti l’avion russe 10 fois avant de l’abattre
Selon les Turcs, l’avion, un Sukhoi 24, aurait violé l’espace aérien turc près de sa frontière avec la Syrie. La Turquie a le « devoir » de défendre sa frontière, a estimé, pour sa part, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu. L’armée américaine a appuyé les déclarations des militaires turcs qui affirment avoir mis en garde le bombardier russe à 10 reprises avant de l’abattre mardi près de la frontière syrienne. « Nous étions en mesure d’entendre tout ce qui se passait, ces [communications] étaient sur des canaux ouverts », a déclaré le colonel américain Steve Warren. « Je confirme cela », a répondu ce porte-parole militaire américain interrogé sur les dix avertissements que la Turquie affirme avoir donnés à l’avion russe accusé d’avoir violé son espace aérien. Ahmet Davutoglu s’est entretenu avec son chef d’état-major, le général Hulusi Akar, et son ministre des Affaires étrangères Feridun Sinirlioglu et a décidé de saisir l’Otan, dont la Turquie est membre, et l’ONU, ont annoncé ses services. « Un avion russe Su-24 a été abattu conformément aux règles d’engagement après avoir violé l’espace aérien turc malgré les avertissements », ont indiqué des sources à la présidence turque.
« Aujourd’hui, sur le territoire syrien, à cause de tirs présumés venus du sol, un avion Su-24 appartenant aux forces aériennes russes déployées en Syrie s’est écrasé », a pour sa part déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué, ajoutant qu’il « se trouvait exclusivement dans l’espace aérien syrien » et que le sort des deux pilotes restait « à définir».
De multiples incidents
Depuis le début de l’intervention militaire russe aux côtés du régime du président Bachar el-Assad fin septembre, les incidents de frontière se sont multipliés entre Ankara et Moscou. Le 3 octobre dernier, des chasseurs turcs avaient intercepté un avion militaire russe engagé en Syrie qui avait violé leur espace aérien et l’avaient forcé à faire demi-tour. Moscou avait alors mis en cause les « mauvaises conditions météo ». La tension entre les deux pays s’est encore accrue ces derniers jours, après une série de bombardements russes qui ont, selon Ankara, visé des villages de la minorité turcophone de Syrie. La Turquie a convoqué vendredi l’ambassadeur russe pour le mettre en garde contre les « sérieuses conséquences » de cette opération.