Selon des « sources commerciales », relayées par les médias, l’Algérie a exclu la France d’un appel d’offres lancé par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), pour l’importation de blé, les entreprises françaises n’ayant pas reçu d’invitation à y participer alors que les autres entreprises participantes sont tenues de ne pas proposer de blé français.
Cette information n’a pas été commentée par les sources algériennes compétentes, mais elle est rendue plausible par les commentateurs qui l’imputent aux tensions diplomatiques accrues et persistantes entre Alger et Paris depuis quelques années, en particulier celle due au soutien accordé par la France à la thèse marocaine sur le Sahara occidental, qui avait entraîné la décision de l’Algérie de retirer son ambassadeur à Paris. L’Algérie passe pour être l’un des plus gros acheteurs de blé au monde et la France a été, pendant de nombreuses années, de loin son principal fournisseur. Depuis quelque temps, on parle avec insistance de la part prise par le blé russe dans les importations algériennes en substitution au blé français. Le président de l’Union céréalière russe a expliqué que le blé français était plus cher d’environ 20 dollars par tonne que le blé russe. Au début de cette année, un rapport du Centre fédéral pour les exportations agroalimentaires du ministère russe de l’Agriculture, cité par le site russe d’information, Sputnik, avait relevé qu’en 2023, l’Algérie a reçu 2,5 millions de tonnes de blé russe, soit +91% par rapport à 2022 et que les exportations d’orge vers l’Algérie ont repris en novembre 2023 après une pause de 2 ans et demi. La même source avait estimé que les exportations agroalimentaires russes vers l’Algérie pourraient dépasser 1,5 milliard de dollars. Ce qui caractérise la démarche de l’Algérie en matière d’importation de céréales est surtout la volonté exprimée par les autorités algériennes aux plus hauts niveaux de réduire, voire cesser, à terme, les importations de blé. C’est le défi affiché pour la campagne des labours-semailles de la nouvelle saison agricole consistant à faire de 2025 la dernière année d’importation du blé dur et de 2026 la dernière année d’importation de l’orge, en application des engagements du président Abdelmadjid Tebboune. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, l’a confirmé récemment à Sétif, alors qu’il présidait le coup d’envoi de la campagne des labours-semailles, révélant qu’une surface agricole globale de 3,069 millions hectares a été réservée à la culture des céréales au titre de la saison agricole 2024-2025. Des contrats d’engagement ont été passés entre l’administration centrale du ministère de tutelle et l’ensemble des acteurs au niveau local. Dans les détails, 1,069 million hectares seront consacrés au blé dur et 1,017 million hectares à l’orge avec la fourniture de 4,2 millions quintaux de semences certifiées, une quantité qui répond à la demande de l’actuelle campagne des labours-semailles, selon le ministre. À cette occasion, Youcef Cherfa a souligné que des superficies considérables ont été dédiées à la céréaliculture dans les wilayas du Sud du pays par des investisseurs algériens ou en partenariat avec des étrangers pour assurer la concrétisation de l’engagement du président de la République d’augmenter les surfaces irriguées de 1 million hectares qui s’ajouteront aux 1,6 million hectares irrigués à l’échelle nationale. Le ministre a insisté sur la nécessité d’accorder toutes les facilités et d’assurer l’accompagnement technique nécessaire aux céréaliculteurs et de respecter l’itinéraire technique pour améliorer le rendement à l’hectare, assurant que toutes les dispositions ont été mises en place pour garantir le succès de la campagne des labours-semailles et atteindre les objectifs tracés, notamment celui d’assurer l’autosuffisance en blé dur et en orge.
M. R.
L’OAIC réagit
L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a réagi, dans un communiqué rendu public ce jeudi, aux informations rapportées notamment par l’agence britannique Reuters au sujet de l’exclusion des entreprises françaises d’un appel d’offres pour l’importation de blé, dont la raison serait liée aux dernières tensions diplomatiques entre Alger et Paris. Dans un communiqué, diffusé sur sa page Facebook, l’OAIC a apporté des précisions en écrivant : « Suite aux informations diffusées par certains médias européens concernant l’exclusion présumée de certains fournisseurs de notre short liste ». « Tous les fournisseurs de céréales figurant sur notre short liste sont considérés comme des partenaires stratégiques. Indépendamment de l’origine du produit, ils sont traités de manière équitable dans toutes les consultations lancées au cours de l’année 2024 », pouvait-on y lire. L’OAIC a ajouté qu’ « En ce qui concerne la consultation restreinte lancée par l’OAIC le 6 octobre 2024, nous précisons qu’elle a été régie par des critères techniques spécifiques, en fonction des besoins industriels particuliers à cette période ». « Nous informons également nos partenaires habituels européens que, selon les besoins du marché national, des consultations seront régulièrement lancées. Les fournisseurs partenaires répondant aux exigences techniques et commerciales seront invités à y participer », précise encore l’Office algérien. Enfin, l’OAIC réitère « son engagement à maintenir une collaboration transparente et équitable avec l’ensemble de ses partenaires européens habituels ».
R. N.