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ALORS QU’UN QUART DE LA POPULATION DES PAYS RICHES EST VACCINÉ : Les règles du marché mondial retardent la vaccination dans les pays à faible revenu

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Au cours des sept derniers jours, le nombre de cas signalés en Afrique a augmenté de plus de 50% et celui des décès signalés de 32% et la majorité des pays africains ont vacciné moins de 1 % de leur population et de l’autre côté de la Méditerranée, près de 20 % de la population européenne a été complètement vaccinée.

Alors que les États-Unis ont immunisé 41,5 % de leur population, le Pérou , pays qui détient le triste record du plus haut taux de mortalité, en a vacciné dix fois moins, soit à peine 3,98 % des Péruviens. Selon l’organisation mondiale de la Santé (OMS) en moyenne, dans les pays à haut revenu, une personne sur quatre a été vaccinée, comparativement à 1 sur 500 dans les pays à faible revenu. Si ces disparités ne surprennent pas, après le triste constat de la non éradication de la pauvreté dans la sphère sud du monde, en raison des guerres, de la non répartition équitable des richesses pour ne citer qu’elles, l’approvisionnement en vaccin des pays pauvres et en voie de développement a fini par tomber dans les filets de la loi du marché, la concurrence et de la règle de la priorité, jusqu’au stockage de quantités importantes, dépassant les besoins locaux, pour certains pays et régions. Pour la directrice du Département de médecine sociale et préventive à l’École de santé publique de l’université de Montréal, Christina Zarowsky «  Il y a une grande inégalité dans la disponibilité des vaccins entre les pays plus riches et les plus pauvres » voire même a-t-elle constaté « parmi les pays les plus riches ». L’incapacité au niveau mondial à partager « équitablement » les vaccins contre la Covid19 est la résultante du monopole des pays riches «sur la production et la commercialisation » des vaccins, selon les règles du marché mondial, alors que le monde fait face à une pandémie sanitaire, à l’origine du décès de plus de 3 millions de personnes dans le monde. Une privation de nombreux pays d’accéder aux vaccins, pour des raisons liées à la course économique entre pays riches, a et continue d’alimenter la pandémie et de contribuer fortement à la propagation du virus, à l’instar du non-respect des mesures barrières et de prévention contre le virus. Une pandémie à deux vitesses qui même dans les pays riches, a frappé de plein fouet les catégories pauvres et vulnérables. Le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, indiquant dernièrement que les objectifs mondiaux initiaux sont de vacciner «au moins 10% de la population de chaque pays d’ici septembre et au moins 40% d’ici la fin de l’année » révèlent que la majorité des doses de vaccin « sont aujourd’hui administrées dans les pays riches ». Si l’apparition et la propagation du Coronavirus Covid 19 ont plongé le monde, début l’an 2020 , dans une situation inédite, sans faire une distinction entre les pays riches et pauvres, avec l’attente de tous de la trouvaille du vaccin, la découverte du remède et sa mise sur le marché a mis la vaccination sur une vitesse à deux rythmes, le plus soutenu pour les pays riches. Ces derniers ne manquant pas d’afficher des attentions pour corriger la double face de l’engagement mondial de lutter contre la pandémie, peinent à se libérer des règles économiques et du marché mondial, outre le lobbying des laboratoires producteurs du vaccin, dont le gain est la question centrale voire la plus essentielle.

Le Bureau de l’OMS en Afrique : « la 3e vague des cas de Covid-19 s’amplifie et s’accélère sur le continent»
Se contentant d’exprimer le souhait que «  les vaccins soient donnés maintenant pour sauver des vies», il est à déplorer à ce jour, l’absence d’appels à la tenue d’une réunion de Sécurité sur la question, au regard des ravages causés par le virus, à travers le monde et l’opération de vaccination qui n’est pas équitables, causant davantage de morts à travers le monde. Ne s’agit-t-il pas de question en lien avec la sécurité ? N’est-il pas venu le temps de tenir ce genre de réunion par l’ONU, en vue d’adoption de résolutions en vue de rendre l’accessibilité au vaccins pour tous, par la mise à l’arrêt de la domination de l’intérêt financier des labos et des pays riches comme c’est le cas, pour la pollution et les changements climatiques, d’autant plus que des experts avertissent que le monde verra d’autres pandémies « plus mortelles » à l’avenir. Avec la majorité des doses de vaccin qui sont aujourd’hui administrées dans les pays riches outre les commandes importantes pour les prochains mois, des pays et des populations entières sont invités diplomatiquement à attendre leur tour, alors que le virus fait des ravages, dans d’autres pays. Le responsable des situations d’urgence à l’OMS, le Dr Michael Ryan, a exprimé, à ce propos, sa vive préoccupation face à l’expansion croissante des cas de Covid-19 en Afrique, avec en plus la diffusion de variants plus contagieux et un taux de vaccination dangereusement bas dans le continent. Selon les données collectées par l’OMS, il y a eu en Afrique 116 500 infections nouvelles lors de la semaine arrêtée au 13 juin, soit 25 500 de plus que la semaine précédente. Dans certains pays, les infections ont doublé et elles s’affichent en hausse de plus de 50% dans d’autres. La troisième vague des cas de Covid-19 «s’amplifie et s’accélère» en Afrique avec les variants, avait déjà alerté jeudi dernier, le bureau de l’Organisation mondiale de la Santé sur notre continent, en réclamant « une augmentation de l’approvisionnement en vaccins ». Le Dr Matshidiso Moeti, directrice de l’OMS pour l’Afrique et son collègue Dr Ryan ont tous deux souligné que le continent « est beaucoup plus vulnérable » parce qu’il a reçu, explique-t-elle «  si peu de vaccins anti-Covid, quand l’Europe ou les Etats-Unis ont des taux de vaccination qui leur permettent de revenir à une vie relativement normale avec une baisse spectaculaire des infections et des décès ».  Au moment ou certains pays riches envisagent déjà le déploiement des rappels pour leur population, la grande majorité des habitants des pays en développement, et même les agents de santé en première ligne, « n’ont toujours pas reçu leur première injection » dans les pays pauvres. Les pays à faible revenu sont les moins bien lotis, puisqu’ils n’ont reçu que moins de 1% des vaccins administrés jusqu’à présent. On assiste face à une crise sanitaire mondiale à de plus en plus au développement d’une pandémie à deux vitesses, l’accès aux vaccins étant réservé aux pays les plus riches, tandis que les plus pauvres sont laissés à la traîne, non sans conséquences gravissimes immédiates et à long terme, dont notamment l’échec des objectifs de développement fixés par l’ONU et la pandémie en cours a et continue de creuser les écarts économiques.
Karima Bennour

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